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Je suis dans une grande inquiétude de la situation dans les Ehpad. Aucune épidémie n’a une létalité aussi fortement dépendante de l’âge. Elle culmine bien sûr dans les établissements d’accueil du grand âge et dans les services de gériatrie dont on oublie trop souvent de parler.
Si le covid_19 entre dans ces milieux, tel le loup dans la bergerie, il provoque de manière certaine des dégâts majeurs. 

Tout y concourt : l’âge moyen très avancé (87,5 ans au plan national), la vie collective et le nombre insuffisant des équipes de soin et de soutien. Le contact entre ces soignants et les grands âgés est très intense, en particulier à l’occasion des toilettes. La protection, c’est à dire le port de masques, de combinaisons complètes et de charlottes n’est pas toujours réalisable du fait du manque de matériel, ce qui est en voie d’amélioration, cependant bien tardive. 

Autre élément d’inquiétude, et pas le moindre : les difficultés du confinement, spécialement quand il s’agit de malades d’Alzheimer dont on sait qu’ils ont une large propension à déambuler dans l’établissement. Je viens d’interroger le Ministère de la santé sur l’application des consignes d’isolement individuel pour ces patients. Pour ma part, je crois qu’il n’est envisageable que de confiner les unités Alzheimer en elles-mêmes, éventuellement après les avoir fractionnées si elles correspondent à un nombre important de malades. Le Conseil National d’Ethique a été interrogé et le Ministre ne donnera de directives précises qu’après avoir reçu son avis.

J’ai proposé dans les différents médias qui m’ont interrogée, que chaque fois que possible, les familles prennent au domicile « leur » grand âgé, après que celui-ci a été testé négatif et en l’absence de signes de maladie dans la famille. Cette solution pourrait être la meilleure parce qu’elle soustrait le grand âgé au chaudron de contamination que peut constituer un Ehpad et soulage le personnel, déjà rudement mis à l’épreuve. On comprend facilement cependant qu’elle dépend des capacités du domicile et de l’état cognitif et physique du grand âgé.

Les statistiques de mortalité dans les Ehpad tardent à être rendues publiques, ce qui augmente encore mon inquiétude. Il est difficile en effet de mesurer en temps réel le nombre de morts au domicile, ça l’est un peu moins dans les établissements spécialisés qui ont l’habitude de communiquer leurs données aux agences régionales de santé. 

Dans tous les cas, cette crise aigüe une fois passée, amènera à s’interroger sur le modèle des Ehpad et de manière plus générale sur l’accompagnement du très grand âge par nos sociétés.

Comments 2 commentaires

  1. 04/04/2020 at 18:48 Mine de rien

    De la lenteur d’idéation digne d’une personne très âgée, d’Edouard PHILIPPE et des actuels gouvernants en général:

    https://www.google.fr/amp/www.leparisien.fr/amp/societe/sante/chloroquine-ne-perdons-plus-de-temps-l-appel-de-personnalites-medicales-03-04-2020-8293677.php

    No comment

  2. 16/04/2020 at 16:32 Auvray

    Bonjour Mme Delaunay, J’ai apprécié vos réflexions sur les EHPAD auxquels je m’intéresse tout particulièrement. J’ai écrit au ministre de la santé sur le site de son ministère afin de proposer un dépistage Covid-19 systématique de tous les personnels travaillant en EHPAD (25/3/20)qui sont sources d’entrée du virus plus que les résidents alors sans visite depuis 5 semaines ,ce qui permettrait  » d’éliminer » les positifs des résidences, et en cas de négativité de ces personnels, de dé-confiner de leur studio ou chambre les résidents mais aussi d’utiliser moins de tests(qui manquent cruellement), que lorsqu’on attend qu’il y aie un cas positif pour tester résidents et personnels comme cela a été déclaré le 6 avril par le ministre ! Ma lettre est parue dans le quotidien du médecin le 31 mars dernier; J’ai adressé le même type de courrier à l’ARS Normandie puisque j’exerçais encore récemment la radiothérapie oncologique à Rouen. Je n’ai eu aucune réponse en dehors d’un mel accusé réception ; quel est votre avis sur un tel dépistage systématique des personnels quand on voit l’hécatombe due à des personnels porteurs sains (dépistés secondairement positifs dés qu’il y a eu des résidents décédés)?
    Pour anecdote nous avons travaillé ensemble dans le service du professeur Michel Cau…à l’hôpital St André de Bordeaux en 1984-85; j’étais résident radiothérapeute et je garde un souvenir formidable de cette époque! Bien à vous. Dr Hugues Auvray

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