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Lermontov aurait dit « Un héros de notre temps ». Les deux sont vrais pour Alain, héros et écrivain.

Trop ignoré des médias en ce moment et c’est injuste : radios, télés, et jusqu’à notre journal Sudouest, qui l’omettent sur leurs ondes ou dans leurs pages, alors qu’on devrait lui consacrer chaque jour des émissions et des éditions entières. Que fait donc Mme Albanel ? En plus du talent d’écrivain, Alain a une véritable pensée, un à propos, un retour sur soi et sur les puissants de ce temps sans complaisance qui force l’admiration.

A qui pense-t-il quand il écrit: « La psychologie de notre temps ne se relèvera point de son erreur principale qui est d’avoir trop cru les fous et les malades ». A qui, en effet ?

A propos du même , il confesse: « On nous réconcilia, nous nous embrassâmes et, depuis ce temps-là, nous sommes ennemis mortels ».

Plus loin, cette flèche acérée: « Si les locomotives étaient conduites par l’Etat, le machiniste aurait une femme sur les genoux ».

(Alors là, quand même, cher Alain, vous y allez fort ! Il n’est pas donné à tout le monde de faire « people »)

J’apprécie plus encore chez Alain, son optimisme, son désir affiché de « positive attitude », pas toujours évident au regard de l’actualité du temps. On sent qu’il se force un peu, que son tempérament naturel est plus atrabilaire. Et d’ailleurs, il l’avoue : « Le pessimisme est d’humeur ; l’optimisme est de volonté ». Et de la volonté, certes il en faut, même au grand écrivain qu’il est.

Même lucidité envers soi dans cette phrase : « Ce que j’appelle République, c’est plutôt une énergique résistance à l’esprit monarchique, d’ailleurs nécessaire partout ». Et il sait de quoi il parle !

Commentant certaines de ses récentes déclarations, il en livre la raison: « Les temps sont courts à l’esprit qui pense, interminables à celui qui désire ». Quel sens de la phrase, quelle justesse, pourquoi un tel homme ne nous a-t-il donné que quelques volumes, s’abîmant dans des activités tellement subsidiaires au regard de son talent ? Quand on pense qu’il a été jusqu’à gaspiller de nombreux mois à enseigner à des étudiants qui n’en demandaient pas tant !

Sur les déboires qu’il a subis dans sa fraîche maturité : « La ruse des gouvernants est vieille comme le monde, la ruse des gouvernés est bien jeune ». Et certes, il n’oubliera pas cette ruse injuste qui l’a frappé « On a plus de croyance à 60 ans qu’à 6 ans, car on a de la mémoire » ».

A tous ceux qui lui vantent un avenir parisien : « Ce n’est qu’en province que l’on apprend à se surveiller soi-même, à se surveiller et à ne dire que la moitié de ce que l’on peut dire ». Mais plus loin, on se rassure en trouvant « L’idée d’un destin invincible est plutôt politique, j’entends propre à ceux qui tirent leur subsistance des hommes, et de plaire, et de persuader ». Nous ne doutions guère, à vrai dire.

Un moment de lucidité pourtant dans cette phrase : « Je plains ceux qui ont l’air intelligent, c’est une promesse qu’on ne peut tenir ».

Tout est dit.

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