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« Mon frère ce héros »

Dans l’Aude, ce 23 mars, un jeune gendarme s’est substitué au dernier des otages retenu par un groupe terroriste. Il est maintenant, après trois heures de face à face avec ceux qui le retenaient, grièvement blessé et je ne peux que profondément souhaiter que mes confrères médecins le sauvent.

Cette histoire m’a fait souvenir d’une autre. Dans un camp nazi, un jeune résistant, père de famille, avait été condamné pour je ne sais quelle raison (mais y avait-il alors besoin de raisons ?) à mourir de faim et de soif dans un cachot.

Un prêtre de son âge, a proposé aux autorités du camp de le remplacer dans le cachot comme dans ce terrible destin. Les chefs du camp ont accepté et, pire du pire, comble du dédain envers toute grandeur, ils l’ont laissé mourir, jour après jour.

Cette histoire ne m’a jamais quittée. Le Lieutenant-Colonel Beltrame la ravive : ainsi l’héroïsme n’a pas disparu dans les conditions de vie émollientes de la plupart d’entre nous. Puisse-t-il être ramené à la vie pour que nous puissions lui en faire l’hommage.

Ces héros de notre temps (« Il faut aimer la politique X »)

Pendant ce temps-là, un mien copain, soigné par un autre mien copain, parcourt les rues d’Aleph, de Gaza ou de Donetsk entre bombes et obus. Chaque traitement, chaque examen dont on attend le résultat est à haut risque, et au bout de la rue, nul ne sait ce qu’il trouvera.

Ce même copain et ses congénères, quand il entend à la radio parler de la stratégie de Pierre ou de Paul pour 2017, il n’en pense qu’une chose « 2017, est-ce que je serai-là ? »

A vrai dire, moi aussi, quand j’entends Pierre ou Paul, déclarateurs politiques précoces, quelquefois à répétition, se poser assurément pour les primaires ou autre concours de saut programmé dans 3 ou 4 ans, je m’interroge aussi pour lui « Sera-t-il là, se pose-t-il même la question à être ainsi si assuré ? »

45 ans de médecine et une bonne trentaine de cancérologie m’ont appris que le futur est un pari. Plus important, ils m’ont fait partager le quotidien de « ces héros de notre temps » qui franchissent les épreuves que nous (les médecins) leur infligeons avec un courage qu’ils ne se connaissaient souvent pas eux-mêmes, voulant tout savoir, des risques comme des chances, et continuant à vivre, parlant de ces bombes et de ces obus d’une voix naturelle, ou presque naturelle, supputant le destin comme les commissaires d’une enquête dont ils ne sont en rien coupables mais il leur reste à savoir s’ils seront la victime.

La politique, oui certainement, il faut l’aimer ; plus certainement encore, il faut la remettre à sa place.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel