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Les femmes ne portent pas leurs âge, elles le proclament !

Les femmes sont en première ligne pour la longévité. Non seulement par leur nombre à y atteindre mais parce que c’est pour elles un défi particulier : la contrainte de l’apparence continue de les suivre au fil des décennies.

La longévité actuelle n’a jamais existé, dans aucun pays, ni à aucune période de l’histoire de l’humanité et nous sommes sans modèle que l’on puisse suivre dans ce domaine. C’est notre génération qui a à inventer ce que peut et doit être « bien vieillir » et « vieillir longtemps » pour une femme.

Point n’est besoin de rappeler que le vieillissement physique est plus pénalisant pour une femme que pour un homme. Dans la vie quotidienne, dans la vie professionnelle, la dictature de l’apparence est plus prégnante pour nous. Comment à la fois y souscrire juste ce qu’il faut, et ne pas le subir ?

Le modèle des femmes belles longtemps (Catherine Deneuve, Jane Fonda, Ines de la Fressange…) ne doit pas être vécu comme une dictature même s’il peut être un exemple. Dans la vie réelle, il est moniteur d’une considérable discrimination sociale. Ces femmes sont photographiées ou filmées dans des conditions particulières et disposent de moyens de valorisation ou de restitution de leur beauté qui ne sont pas accessibles à toutes les femmes. Soyons vivantes, mobiles, lumineuses, soyons au mieux de ce que nous avons envie d’être, pas ce qu’on nous dicte d’être.

L’enjeu est d’ailleurs de moins en moins de paraître plus jeune de 20 ans que son âge, ni de faire les couvertures de magazine, mais de susciter la phrase « Je voudrais vieillir comme vous ». Aux Etats-Unis, là-dessus en avance, les mannequins âgées sont nombreuses et beaucoup sont célèbres, non pour le talent de leur chirurgien esthétique, mais pour le chic, l’élégance et l’originalité avec lesquels elles portent leur âge ; j’ai presque eu envie de dire, elles proclament leur âge. N’hésitons pas à les suivre.

Il ne s’agit pas là seulement d’un enjeu individuel mais de quelque chose qui va beaucoup plus loin : inventer un modèle qui rende l’âge amical, familier et j’ose dire, désirable, à une société où il concerne une part toujours plus grande de ses membres. C’est vrai pour les intéressées elles-mêmes, c’est vrai pour tous les autres qu’il s’agit de convaincre qu’âge n’est ni diminution ni régression.

« Il faut porter son âge comme une distinction honorifique » et le porter toujours avec panache. A mille lieues de ce détestable sentiment de culpabilité, qui nous guette toujours quelque part. Pomponnons-nous, prenons soin de nous, passons y un peu plus de temps que quand on bossait à plein temps et inventons la mode « sexygénaires » à notre guise et en toute liberté. Osons les couleurs vives, les mélanges inédits de carreaux et d’imprimés, le blanc intégral, cheveux compris, le noir complet brutalisé par une étole rouge corrida, tout est permis si l’on se sent bien. Lunettes de couleurs ou gros verres d’intello, canotier de paille, feutre d’amazone, turban à la Beauvoir, bob de pécheur ou capeline de toile donnent de l’allure à presque n’importe quoi à condition d’y apporter du sens et de suggérer une humeur particulière.

En 68, nous proclamions « interdit d’interdire » et l’âge le rend encore plus impératif. Les soixante-huitardes d’hier ont inventé la liberté des femmes, transformons l’essai cinquante ans plus tard, en y ajoutant le panache, un brin de désinvolture et beaucoup d’allure.

 

NB Cette chronique est parue dans le magazine « notre temps »

 

 

Une forte odeur de stratégie politique

Très gênée par la forte odeur de stratégie politique du casting législatif de ces derniers jours ; les contorsions, les revirements, le dégagisme par l’âge au lieu d’examiner la durée de service dans le tunnel politique ; le parachutage de l’un qui l’a pourtant si souvent dénoncé, les lancements de mouvements aussi inopportuns qu’un vieux cassoulet à l’aube d’un monde nouveau, incertain, certes mais en tout cas nouveau …

Jamais je ne me suis sentie aussi solide dans ma liberté. J’ai adoré l’idée d’un rassemblement d’identités politiques, professionnelles, sociales, variées, d’un creuset de ferveurs, d’un appétit de futur, je cale aujourd’hui sur la logique d’un Parti unique ; d’une France politique qui ne serait plus en tous points métissée mais intellectuellement décolorée, uniformisée, « WHASPisée » , où la défense de la vulnérabilité serait un gros mot mais que pour autant celle du travail comme premier outil d’émancipation et de partage serait rangée aux oubliettes de l’histoire du socialisme comme de celle de l’émancipation des femmes.

Ni moi, ni ma complice et suppléante Emmanuelle Ajon n’avons modifié ces derniers mois, ni nos motifs d’engagements, quelquefois assez vifs et je dirais presque « virils », non plus que la couleur de notre dossard. Et aujourd’hui, c’est ce mélange de liberté, de loyauté et de solidité qui nous fait nous présenter ensemble au suffrage des Bordelais.

Vieilles… Et alors ?

C’est sous ce titre un tantinet provocant que l’ « Assemblée des femmes » a réuni en juin 2016 un colloque à l’Assemblée nationale. J’ai été surprise par le nombre des participantes -et même des participants-. Le sujet n’est pas mince et il constitue une bonne part de cette transition démographique qu’un grand nombre de politiques  -disons plutôt  d’hommes politiques- refusent d’affronter.

« Les vieux sont des vieilles » : c’est au moins vrai pour le grand âge où les femmes restent largement majoritaires. Les femmes n’ont pas de modèle qu’elles puissent suivre, puisque  la longévité actuelle n’a existée jusqu’alors dans aucun pays, ni à aucune période de l’histoire de l’humanité. C’est ma génération, celle des « boomeuses » (j’adore ce nom) qui a à inventer ce que peut et doit être « bien vieillir » et « vieillir longtemps » pour une femme.

Point n’est besoin de rappeler que le vieillissement physique est plus pénalisant pour une femme que pour un homme. Dans la vie quotidienne, dans la vie professionnelle, la dictature de l’apparence est plus pregnante pour nous. Comment à la fois y souscrire et ne pas le subir ? Le modèle des femmes belles longtemps (Emmanuelle Riva, Jane Fonda, Ines de la Fressange…) ne doit pas être vécu comme une dictature même s’il peut être un exemple. Dans la vie réelle, il est en réalité moniteur d’une considérable discrimination sociale. Ces femmes sont photographiées ou filmées dans des conditions particulières et disposent de moyens de valorisation ou de restitution de leur beauté qui ne sont pas accessibles à toutes les femmes. Soyons vivantes, mobiles, lumineuses, soyons au mieux de ce que nous avons envie d’être, pas ce qu’on nous dicte d’être.

Quels autres outils pour ce modèle à inventer ? Ils sont difficiles à cerner. L’un pourtant : condamnons et faisons condamner toutes les images et les paroles discriminantes pour l’âge. Pendant mon temps de Ministre, j’ai fait, grâce au Défenseur des Droits d’alors, Dominique Baudis, supprimer la publicité des chips Lays (2 vieillards se disputent un paquet de chips médiocres, l’un fait tomber l’autre qui dans sa chute perd sa prothèse dentaire…) et je me félicite de cette action dont je voudrais qu’elle soit un précédent. Les « chiennes de garde » sont, avec raison et efficacité, attentives aux publicités sexistes, elles doivent aussi être très vigilantes vis-à-vis des représentations dévalorisantes des femmes âgées. Bref, soyons toutes des « panthères grises » !

Les mots et leur usage sont décisifs. Je déteste particulièrement l’un d’eux : le mot « cougar », et tant qu’il n’aura pas d’équivalent pour les hommes liés à des femmes beaucoup plus jeunes (dont je crois savoir qu’ils ne sont pas tout à fait rares), nous devons en condamner l’usage dans les médias.

Il y a bien une autre arme…  L’usage pour soi-même des ovocytes congelés, autorisé sous le précédent gouvernement, a bouleversé la seule véritable supériorité des hommes : l’agenda biologique. Tant de nounours grisonnants qui se vantent de « refaire leur vie » avec une « jeunesse » (comme on disait autrefois) et de procréer plus que tardivement… Aujourd’hui, nous devons convenir malgré le coût d’accès aux techniques de congélation/conservation qu’il devrait être possible, pour une femme en bon état de santé médicalement confirmé, de concevoir un enfant au-delà de la ménopause, laquelle peut être très précoce. Cette remise à niveau (au moins partielle) de l’agenda biologique est une bombe si considérable que, avouons-le, beaucoup n’osent pas même dire qu’ils s’en sont aperçus.

Soyons nous-mêmes, je dirais même « au meilleur de nous-mêmes », ce qui n’est pas si peu et demande bien souvent quelque effort, mais qui ne peut qu’être hautement favorable à notre longévité heureuse. Si la vieillesse n’est pas forcée d’être un naufrage, la longévité est à coup sûr une bataille.

 

La République est une femme. Son service aussi

Cent femmes représentant la fonction publique dans sa grand diversité. C’est la belle initiative du Préfet de la région Aquitaine Michel Delpuech de les avoir réunies pour marquer le 8 mars. Initiative hautement significative à laquelle notre quotidien régional n’a consacré qu’un timbre poste ce qui est je crois une erreur : incarner la République en cette période de dureté  est chose nécessaire.

Cent femmes donc, dans des professions éminemment variées où bien souvent on ne les attend pas : démineuse (elles ne sont que 4 en France à éxercer cette profession à risque), motard(e) de la police, policière aux frontières, douanière.. Et tant d’autres qui ont choisi la fonction publique et le service de l’Etat et qui s’y sont illustrées par leur engagement.

On oublie trop souvent que les femmes représentent, globalement, 60 % de la fonction publique avec des pics qui méritent d’être salués  : fonction publique hospitalière 77% de femmes, secteur de l’âge : 87%.

A elles, le travail du dimanche, les gardes de nuit, les astreintes, les horaires décalés, toutes les difficultés possibles à harmoniser vie familiale et vie professionnelle. Et pourtant, autour du Préfet, représentant l’Etat dans notre région, beaucoup de gaieté et de fierté.

J’ai pour ma part marqué également ce 8 mars en inaugurant l’extension de la maison Marie Galène à Caudéran. Soins de suite, EHPAD, soins palliatifs, elle est l’exemple même de l’engagement des femmes. Un engagement où à la dureté des circonstances s’ajoute souvent la pénibilité physique et une disponibilité de tous les instants. Pas une ligne de langue de bois dans ce que j’écris : sous un soleil presque printanier cette inauguration fut une célébration de la vie et de la sororité de celles qui travaillent pour elle.

La République est une femme. Son service majoritairement aussi et il me semble que cette journée si bien partagée à donné de la force à toutes.

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