m

La loi autonomie, ses trois volets et son agenda, sont sur les rails

Moins de 18 mois après notre arrivée « aux affaires », la loi « autonomie » et ses 3 volets vient d’être mise aujourd’hui 14 octobre officiellement sur les rails par le 1er Ministre lors d’une conférence de presse à l’hôtel Matignon.

Une loi d’orientation et de programmation qui, outre les dispositions législatives « dures » exposera tout l’ensemble de notre politique de l’âge.

Le champ complet de l’avancée en âge sera couvert par les trois volets de la loi : anticipation (et prévention), le moteur de la loi; adaptation de la société à la longévité qui est le plus beau cadeau que nous a fait le XXe siècle ; accompagnement de la perte d’autonomie. Ce « triple A » marquera une avancée sociale et sociétale majeure pour notre pays qui est un des premiers du monde en terme de longévité.

Le domicile est au coeur de la loi : adaptation des logements, accès aux aides techniques (ce qui constituera un levier positif pour la silver économie), amélioration des dispositifs d’aides à domicile. Les mesures concernant l’accueil des grands âgés en établissement seront posées mais prendront effet dans la 2ème moitié du quinquennat du fait des contraintes financières, comme l’avait d’ailleurs indiqué le Président de la République dès janvier 2012.

Le défi démographique est au moins aussi décisif pour cette première moitié de XXIe siècle que le défi énergétique. Malgré la situation difficile de notre pays (moins d’argent et plus d’âgés !) notre Gouvernement a choisi de le relever.

Bataille pour l’autonomie

Notre pays se situe à mi-chemin entre les pays du nord et ceux du sud pour la relation aux âgés et le soutien qu’on leur apporte.

Dans les pays du nord, le maître mot est : l’autonomie jusqu’au bout. On connait cette belle et cruelle image d »un très âgé sentant ces forces décliner qui part s’enfoncer dans la forêt enneigée pour ne pas être une charge à quiconque et mourir autonome. Mes homologues suédois ou danois poussent très loin cette culture de l’autonomie; Quand un âgé ne peut plus se suffire, des services de réhabilitation sont envoyés à son domicile pour mettre en place un programme de reprise de la force physique et de la sureté de mouvements. Toutes les dispositifs technique sont mis à sa disposition pour pallier ce qu’il ne peut pas récupérer : domotique, sanitaires adaptés, dispositifs d’assistance.. Et ce n’est qu’en dernière limite qu’on attribue des aides humaines à domicile ayant pour mission de faire à la place de la personne.

Dans le sud, la culture est celle de l’entourage par les proches, famille d’abord, voisins ensuite. Il n’y a ainsi dans les pays d’Afrique du nord, et moins encore d’Afrique sub-saharienne de maisons de retraite. Y laisser son parent âgé serait considéré comme un manquement aux traditions comme aux préceptes religieux. Les maisons de retraite au Maroc ne sont destinées qu’aux européens qui vivaient sur place.

La situation de la France est intermédiaire et nous n’avons pas en particulier la même culture de la réhabilitation, la même exigence de faire remonter dans le train de l’autonomie les âgés qui donnent signe d’être menacés de la perdre. Pas suffisamment d’aides technique, des aides plus souvent destinées à faire à la place plutôt qu’à donner les moyens de faire.

L’arrivée dans le champ de l’âge de la génération des boomers, non seulement nombreuse mais ayant traversé -et souvent porté- l’émancipation à partir des années 70,  conduisent aujourd’hui la politique de l’âge à monter le curseur en direction des pays du nord.

Mes « conscrits » (nés comme moi entre 45 et 55) veulent rester chez eux, y être autonomes, bénéficier pour cela de toute l’autonomie possible. S’ils ont des enfants, ils sont souvent loin et quand ils seront dans le grand âge, ces enfants eux-mêmes ne seront pas jeunes. Les courbes démographiques nous apprennent de plus que le nombre d’aidants potentiels va diminuer au regard de ce qu’il est maintenant et cela constitue une raison supplémentaire de mettre l’accent sur le culture d’autonomie et d’en donner aux maximum les moyens à tous (et non seulement aux plus riches).

La chance est que cela est désormais possible : les pertes d’autonomie sont longtemps réversibles et/ou réparables. Les signes d’alerte sont aisés à dépister.  Les modalités pour remonter dans le train que j’évoquais tout à l’heure sont connues, accessibles si nous faisons ce choix qui demande bien évidemment un effort de solidarité. Les aides techniques progressent chaque jour et en outre constituent une opportunité économique de première grandeur pour la France.

Le sujet est d’engager les aidants , familiaux ou professionnels, dans cette culture de prévention/réhabilitation. Un exemple : mieux vaut mettre en place l’aide nécessaire pour qu’une vieille dame puisse aller chez le coiffeur que faire venir le coiffeur à son domicile. Lien social, estime de soi, tout y gagne.

C’est l’esprit du projet de loi que je prépare, mais aussi de chacune de nos actions au quotidien. Dispositif MONALISA, travail commun avec les caisses de retraite sur les dispositifs de prévention, introduction de la domotique dans les EHPAD.. Mais ce doit être aussi celui de chaque famille autour des parents âgés et de chaque Français pour soi même.

 

Les vieux doivent-ils se dépêcher de mourir ?

Un Ministre japonais, ancien Premier Ministre, a invité lors d’une intervention publique les « vieux » à se dépêcher de mourir, vu qu’ils n’étaient plus utiles et coûtaient cher. Âme compatissante, il a d’ailleurs ajouté qu’il avait pris des dispositions pour lui-même.

Au pays du seputu et du harakiri , l’invitation relayée par la presse, a malgré tout ému et le Ministre a dû s’excuser. Rappelons que le Japon est le pays où l’on devient le plus vieux, ce qui n’est apparemment pas un motif de réjouissance partagé par tous.

Sommes-nous si loin de cette interrogation ? Des propos récents de Jacques Attali vont dans le même sens. Une enquête vient d’être lancée sur twitter où l’on doit répondre « oui » ou « non » mais où l’on peut aussi s’exprimer sans voter. Lors de ma dernière visite au site, la réponse « oui » l’emportait. Précisons que la question ne précise pas si l’on donne cet avis pour les autres ou pour soi même, non plus que le délai d’exécution de la sentence.

Cette interrogation qui entre dans le champ de mon Ministère ne m’est pas indifférente. La perspective, l’approche et l’inquiétude de la mort constituent même le fil rouge de cette période de plus en plus longue de l’avancée en âge. Ce n’est pas un scoop, la conscience de sa finitude étant « le propre de l’homme », comme  le rire ou le langage.

Pour autant, je crois qu’il faut l’examiner tout au contraire et pour ma part je pense que la bonne question est: « Qu’y pouvons-nous ? ». C’est aussi le propre de l’homme de combattre la loi de la nature qui fait que l’on vit et que l’on meurt, que l’on souffre en accouchant… Juste en passant, le fait que l’on se marie ou non, non plus qu’avec qui, n’entre nullement dans cette loi de la nature, évoquée en ce moment en boucle à l’Assemblée.

Pour ce qui est de la mort elle-même, nous n’avons d’autre pouvoir que de l’anticiper ou de la combattre. Pour ma part et pour les »vieux », présents et futurs, qui émargent à mon Ministère, je choisis la seconde option et je propose de remplacer la question par: « Que faire pour vivre jusqu’au bout en demeurant présent au monde, utiles fût-ce par cette seule présence à mes proches et en coûtant le moins possible à la société ? »

C’est tout l’objet de ma mission de démontrer que cette question n’est pas sans objet, que nous pouvons quelque chose nous-mêmes à notre vieillissement jusqu’au moment ultime, que la dépendance n’est pas dans l’immense majorité des cas inéluctable, que nous pouvons anticiper, adapter, aménager, faire évoluer nos conditions de vie pour en améliorer à la fois le confort et en diminuer le coût social.  En un mot et une formule, le Général de Gaulle disait que la vieillesse est un naufrage : à notre Ministère de fournir les rames et le canot.

Car enfin ceux qui entrent dans le champ de l’âge, sont ces baby-boomers qui ont fait la révolution de 68 et ont pris le monde à pleins bras. La révolution de l’âge est d’un autre ordre, mais ils ne sont pas sans moyens pour la saisir de même façon. Les âgés de demain ne doivent pas se dépêcher à mourir mais à tout faire pour vivre en dignité et en liberté.

 

 

 

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel