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A quoi sert le paquet neutre ?

Le « paquet neutre », sans marque, ni logos, prend effet à compter du 1er janvier 2017. Jusqu’à cette date, les buralistes ont eu le droit d’écouler leurs stocks de paquets ancien modèle, et on se doute qu’ils n’ont pas lésinés sur ces stocks.

A quoi sert-il ? A diminuer l’attractivité du tabac et à débanaliser ce produit dangereux.

Le premier effet est évident. Les emballages « anciens » par leur couleur, par leur marque qui a été pendant des années soutenue par des publicités séduisent de manière inconsciente (beau cowboy de Camels, course automobile pour Marlboro..). Les emballages « neutres » prennent à l’inverse et contrairement à leur nom clairement position. Ils sont en effet illustrés par des exemples des pathologies multiples dues au tabac et portent la mention « Fumer tue ». J’ai plaidé à plusieurs reprises pour que cette mention soir remplacée par « le tabac tue un fumeur sur deux », qui laisse moins penser que ce ne sont que « les autres » qui sont concernés mais la formule était sans doute un peu trop longue.

Cette perte d’attractivité joue surtout sur les nouveaux fumeurs, en particulier les jeunes et les femmes, premières victimes actuellement en France des pièges des cigarettiers, en particulier par leur mise en place de produits dans les films. Reconnaissons que le paquet neutre aura peu d’effet sur les fumeurs invétérés.

La « débanalisation » du produit a un impact plus profond et concerne tout le monde, fumeurs ou pas. Personne n’aurait l’idée de vendre de la mort aux rats dans de jolis emballages couverts de  fleurs printanières. Pardon de cet exemple un peu raide, mais c’est exactement symétrique : un produit qui tue un fumeur sur deux peut-il être vendu comme un produit quelconque, sur des linéaires identiques à ceux où l’on vend des bonbons, des shampooings ou encore des livres de poche ? Non, bien sûr. Ce produit ne devrait plus avoir cours dans quelque magasin que ce soit, mais nous en sommes pas encore là, même si c’est inéluctable.

Le désir de diversification des buralistes imposait aussi qu’on ne vende pas le tabac sous la présentation qui prend fin aujourd’hui. Disposer les linéaires de paquets comme ceux des autres produits aurait équivalu à les considérer comme des produits courants.

Jamais je n’ai considéré (ni aucun spécialiste de la question) le paquet neutre comme LA solution pour réduire le tabagisme. Il ne prendra son plein effet qu’avec une augmentation significative des prix et c’est pour imposer cette dernière dans le débat présidentiel, nous avons lancé l’ Appel des 100000 acteurs de santé. Tous, nous devons peser sur la décision publique et obliger les candidats à se positionner au lieu de répondre par un bla-bla lénifiant sur les bénéfices de la prévention, à l’instar des buralistes.

Nous faisons de la prévention depuis 50 ans et c’est aujourd’hui un Français sur trois qui est fumeur, nous plaçant en queue de peloton des pays européens. Les Australiens, par la conjonction paquet à 15 dollars australiens + paquet neutre + prévention, comptent aujourd’hui 12% de fumeurs.

Concernant le tabac, le courage, c’est maintenant !

 

 

 

 

Le double objet

Le tabac est le pire fléau sanitaire de l’histoire. A la fin de ce siècle, un milliard d’humains auront payé de leur vie notre tolérance à sa consommation et à sa vente. Ceci malgré les chiffres qui s’alourdissent, et les preuves scientifiques irréfutables de sa responsabilité.

L’ « Alliance contre le tabac » a lancé « l’appel des 100 000 », première « mobilisation générale » de l’ensemble des acteurs de santé pour un objectif de santé publique, lequel comporte un engagement à ne jamais laisser personne (patient, client, collègue..) sans évoquer avec lui la question du tabac et l’accompagner en direction du sevrage. Arrêter de fumer est très difficile, ce produit étant plus addictif que l’héroïne, les candidats à cet arrêt doivent être soutenus (c’est en particulier l’objectif de l’opération « moi(s) sans tabac » actuellement en cours).

Le premier objet de l’appel est donc cet engagement, qui n’est pas totalement superflu… Une étude a montré que la question du tabac n’est évoqué lors des consultations que dans 17% des cas, dont pour 11% à la demande du patient lui-même.

Le second motif est d’imposer la question de la santé et particulièrement celle du tabac au sein du débat présidentiel. A chaque orée de quinquennat, l’Alliance et les associations qui la composent interrogent chacun des candidats sur ses engagements pour lutter contre le tabagisme et publie les réponses qu’elle reçoit (ou pas) dans la grande presse. L’objet est donc de peser sur les prises de position des candidats sur le plan national et européen. Il est bien évident que si l’interrogation est portée au nom de plusieurs milliers de signatures, elle aura un impact de beaucoup supérieur à la fois sur la politique à venir et sur l’opinion.

Merci à tous de votre concours à cette mobilisation dépourvue de tout caractère partisan et soutenue par des personnalités de toutes sensibilités politiques, des associations et des institutions dont l’indépendance ne peut être mise en doute.

 

 

 

 

 

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