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Le prix Jean Valleix (8)

Le principe de ce blog, un tantinet politique sur les bords, n’est pas de rendre systématiquement hommage à la majorité municipale. Je le fais cependant volontiers quand elle atteint à l’excellence, ce qui fut le cas lors de la visite ministérielle au collège du Grand Parc.

Il faut dire qu’elle était représentée, en plus d’Alain Juppé lui-même, par deux de ses membres éminents, dont le récent lauréat du prix Jean Valleix : mon copain d’internat en médecine Jean-Marc Gaüzère.

Quelques esprits chagrins, mal informés ou retardés ne connaissent pas encore le prix Jean Valleix : il est décerné par la majorité municipale elle-même à celui qui, dans l’année, a montré le plus d’empressement et de talent à figurer aux côtés du maire (ou de toute autre grande personnalité) au milieu du champ des caméras et des objectifs photographiques. Ceci, bien sûr, en hommage à l’enseignement et à l’exemple de Jean Valleix.

Mon copain Gaü, comme nous l’appelions dans notre jeune temps commun, a exprimé ce jeudi tout son talent, quasi de manière permanente à la droite du maire, qui d’ailleurs le prenait par le bras dans les rares instants où il semblait s’en désolidariser. J’ai dû à un moment, m’autorisant de notre longue camaraderie d’étudiant, lui faire remarquer que ma carrure, ni ma taille ne pouvaient rivaliser avec les siennes, mais que représentant Philippe Madrelle dans cette manifestation, je me devais de n’être pas systématiquement reléguée en fin de peloton. Nous avons des relations cordiales : j’ai pu tenter quelques brèves intrusions entre la rangée d’épaules municipales ! Non sans effort, mais enfin, j’y suis parvenue !

Je ne sais si notre députée Chantal Bourragué a précédemment obtenu le prix Jean Valleix. Elle a longuement travaillé dans son sillage et a pris sa succession au Palais Bourbon. En ce qui concerne l’objet du prix, l’élève dépasse aujourd’hui le maître, et si par mégarde elle n’avait pas été jusque-là couronnée, ce serait pure injustice. Je ne le crois pas possible.

Contrairement à Jean Marc, Madame Bourragué n’a laissé strictement aucun interstice entre l’épaule droite de Gilles de Robien et l’épaule gauche d’Alain Juppé. Une très grande professionnelle. Un instant, j’ai voulu lui faire remarquer que le protocole, que je connais malheureusement assez bien, voulait que le Président du Conseil Général, dans un collège, soit puissance invitante, elle a eu ce mot superbe: « Mais vous êtes de l’opposition ! ». Il y a à Bordeaux, ville qui n’a pas connu l’alternance depuis 60 ans, un protocole de droite et un protocole de gauche, le premier réduisant le second au second plan justement !

Mon hommage à Jean Marc ne s’arrête pas là : du temps où Gilles Savary était le président de notre groupe municipal PS, nous décernions quant à nous un prix « brosse à reluire », distinguant celui qui dans l’année, et particulièrement au moment de la présentation du budget, rendait l’hommage le plus soutenu, en béton Bouygues authentique, au maire et à son action. Jean Marc obtint aussi ce prix, succédant en cela à Michel Duchène.

Tout cela pour avouer, que lors de cette visite, je me suis essayée à la compétition. A peine ai-je mérité un accessit, mais enfin, je progresse. Les photos prises par un jeune collégien de Clisthène lors de la conférence de presse en témoignent. J’aurais dû, en tant que représentante de Philippe Madrelle, être assise à la table ; ça, faut pas quand même trop demander.. Je le répète, dans une ville qui n’a pas connu l’alternance depuis plus d’un demi-siècle, on réécrit le protocole comme on a réécrit L’esprit des lois, à l’occasion des municipales anticipées.

Beaucoup de choses sont fondamentalement insignifiantes, ce qui ne veut pas dire qu’elles n’ont pas un sens. Celui de cette histoire ne vous échappera pas.

Dans protocole républicain, c’est républicain qui compte !

Notre souriant ami « le tire-bouchon » (chaque samedi dans @sudouest )  a un regard très bordelais sur le protocole républicain. J’ajoute qu’il n’est pas d’un féminisme très constant et en tout cas souvent sélectif.

Or, et nous en avons convenu dernièrement à l’Assemblée avec Régis Debray, plus sourcilleux encore que moi, le protocole républicain a un sens profond. Régis Debray suggérait même qu’il fût enseigné à l’occasion des cours d’éducation civique et citoyenne dans les écoles. Je suggère que cela concerne aussi les écoles de journalisme.

Lors de la très belle visite du Ministre Bernard Cazeneuve à Bordeaux, nous avons visité trois mosquées et effectué trois rencontres avec les associations ou les représentants musulmans. Celles-ci se sont développées successivement dans ma circonscription (Bordeaux-2Rives), celle de Noël Mamère, représenté par sa suppléante Naima CharaÏ, puis celle de Conchita Lacuey sur la rive droite. Et par ailleurs dans deux villes : Bordeaux pour les premières manifestations, Cenon pour les deux dernières, les plus importantes.

Le protocole a bien souvent été violé et je regrette particulièrement qu’à Cenon la place d’honneur à la tribune (la plus proche du Ministre) n’ait point été attribuée  au Maire de Cenon, Alain David. Distrait sans doute, le Maire de Bordeaux s’y est installé ; distrait également, les yeux du tire-bouchon ne se sont pas avisés de cette entorse majeure à l’égard d’un Maire qui reçoit sur son territoire au nom de ceux qui l’ont élu. Le titre eût pourtant été plaisant.

La députée Conchita Lacuey était à la place qui lui revenait sur cette même tribune: curieusement, dans tous les articles sur cette visite sa présence a été omise et son nom pas même signalé.

A la table où se sont exprimés les acteurs de « Bordeaux-partage », les trois parlementaires étaient réunis latéralement par rapport aux autres officiels.  Il manquait par ailleurs de places et nous avons décidé de « serrer le rang ». J’ai suggéré à Naïma Charaï de se positionner comme il lui revenait sur la même ligne que le Ministre, à sa gauche, faisant de même sur la droite. La parité s’en trouvait rassérénée et le protocole parfaitement respecté. Le troisième parlementaire, le Sénateur Alain Anziani, avec lequel nous nous sommes entendus, a préféré se situer  sur la branche perpendiculaire de la table.

Vétilles que ce respect de l’ordre républicain ? Non, car chaque élément a un sens profond. Les Députés l’emportent d’un fil sur les Sénateurs, pourquoi ? Parce qu’ils sont élus au suffrage universel. Les Députés du territoire l’emportent sur les Députés voisins, alors qu’ils sont tous égaux, parce qu’ils sont sur le territoire qui les a élus. Encore ceci est-il plus une tradition républicaine qu’une règle. Il est séant de l’observer.

Les anciens Ministres-parlementaires l’emportent sur leurs congénères parce qu’ils ont représenté l’Etat. Pour la même raison, les Maires anciens Premiers ministres (mais non ses représentants) l’emportent sur leur territoire devant les Parlementaires, alors que les Députés l’emportent d’ordinaire sur le Maire.

Dans tous les cas, c’est l’Etat qui a la position la plus éminente. Il est représenté sur les territoires par le Préfet, qui ne s’efface lui-même que devant un Ministre en éxercice. Personne d’autre.

Le respect du protocole républicain, c’est le respect de la République elle-même, des ses institutions comme des citoyens qui la composent. La place du Peuple (et partant du mode d’élection) est prépondérante. Il apprend aussi que mandats et fonctions n’ont de valeur que par eux-mêmes et non pour la notoriété, le prestige ou la vanité de celui qui les détient pour un temps.

Ce protocole est aussi un apprentissage. Je l’ai appris assez durement (mais pas seulement..) parce qu’il a à Bordeaux un caractère monarchique peu en rapport avec l’expérience qu’a de l’Etat le premier édile de la ville. Aux côtés du Ministre Bernard Cazeneuve, Alain Juppé a tout bonnement annexé Cenon, comme Jacques Chaban-Delmas l’avait fait de Cauderan. Le titre-bouchon avait là l’occasion d’un titre plaisant.

Politiquement, voilà qui d’ailleurs ne manquerait pas d’intérêt …

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel