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Depuis plus de dix ans, des publications de toutes origines mais principales américaines, alertent sur les liens entre santé et équité sociale. Les sociétés qui vont le mieux sont les moins inégalitaires, selon le principe connu depuis Sénèque « il n’est pire pauvreté que celle qui est vécue dans l’opulence ».

J’ai peu d’espoir d’être entendue en conseillant à Nicolas Sarkoz la lecture de Sénèque. Peut-être la chance est-elle moins improbable de lui indiquer une publication du 24 juin du British Medical Journal sur laquelle je viens moi-même d’être aiguillée par la lecture du Monde. Carla ou Mme Lagarde la lui traduiront aisément et ce sera faire d’une pierre trois coups : ces deux dames y gagneront aussi en instruction.

Trois scientifiques, deux Anglais, un Américain ont mis au point un modèle mathématique permettant d’étudier parallèlement les données de mortalité dans quinze pays de l’Union Européenne et les budgets sociaux.

Chaque augmentation de 100 dollars par individu du Produit National Brut est associée à une diminution statistiquement significative de 0,11% de la mortalité. Une hausse équivalente des budgets sociaux entraine une __baisse sept fois plus importante de la mortalité.

Cette même augmentation de 100 dollars des budgets sociaux (dans lesquels ne sont pas comprises les dépenses de santé) diminue de 2,8% les décès liés à l’alcool, de 1,2% la mortalité cardio-vasculaire, de 0,62% les morts par suicide et 4,34% celles dues à la tuberculose. Une augmentation de même niveau des dépenses de santé diminue de manière moindre la mortalité d’origine cardio vasculaire et celle due au suicide ; paradoxalement en apparence, elle élève la mortalité due à l’alcool et à la tuberculose qui sont des maladies sociales.

La leçon à tirer de ce travail est double.

– La première concerne les économies à faire face aux dettes des pays. Elle ne doivent concerner que ce qui n’altère pas la santé sociale d’un pays, ni son développement et la situation de l’emploi. Ce sont les dépenses improductives dans ces deux domaines qui doivent seules en faire les frais.

– La deuxième, que je rabache dans chacune de mes prises de parole et dans quasiment tous les documents que j’écris : il faut mettre la santé au coeur des décisions politiques. Les dépenses sociales sont des dépenses de santé et donc des dépenses pour l’avenir.

Au passage, et comme le montre cette étude, ces dépenses sont aussi des économies : diminuer la mortalité veut dire aussi diminuer le besoin de soins et réduire d’autant les dépenses sanitaires.

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