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Pas très nombreux sont les élus qui aiment écrire des voeux ! Certains se tirent de ce mauvais pas en faisant imprimer des cartes à l’imitation exacte de leur écriture (non, je ne dénoncerai personne, et pourtant j’en ai bien envie). D’autres ont béni le prétexte écologique pour faire adresser par milliers leurs voeux sous forme de carte électronique. Ceux-là se dénoncent tout seuls et ils ne sont pas obligatoirement à blâmer mais je n’ai pas rejoint encore (encore ?) ces repentis de Gutenberg.

Je l’avoue, je n’ai même pas mauvaise conscience : mes cartes, de petite taille, ne sont rien au regard des tonnes de papier, de magazines, que certains de ces élus dédient à la gloire de leur action.

Et puis, disons-le, même si c’est un poil ringard : j’aime écrire des voeux, j’aime les dire aussi, bien que la formule usuelle se soit gravement abatardie. On dit désormais « bonnes fêtes ! » ou « Passez de bonnes fêtes ! », comme si ce qui comptait était d’avoir une belle soirée de réveillon, des cadeaux, des lumières, du monde autour de soi. Tout cela n’est pas mauvais, tout au contraire, mais n’est pas le noeud de ce que j’essaye de transmettre dans mes « voeux ».

Une phrase sur une carte, quelquefois deux, difficile de faire passer là-dedans un sentiment, une intention personnelle, une attention, un espoir pour l’avenir, le signe d’un lien, qu’il soit de travail ensemble ou de pure amitié. Virginia Woolf : « L’essentiel, ce n’est pas les pavés mais l’herbe qui pousse entre eux ».

Même avec l’appui de cette anglaise géniale et un peu dérangée, il reste que faire sentir tout cela dans l’interstice entre cinq ou dix mots, relève de la prestidigitation.

Pourtant, j’y crois. D’abord les voeux sont un signe de vie, à quelques-uns que l’on ne voit pas souvent ou qui n’en reçoivent pas assez. Dans les relations de travail, ils sont comme un soupir entre deux notes : un espace très court sans lequel la musique ne serait pas ce qu’elle est.

Avouons : élue attentive, j’envoie des voeux à des personnes que je connais peu. Choisies pour leur action dans la ville et ce n’est pas alors seulement eux personnellement auxquels je fais signe, mais le groupe qu’ils animent, le foyer qu’ils réchauffent, le lien qu’ils créent autour d’eux.

J’ai maintenant la main un peu crispée d’avoir beaucoup écrit. Mais quel plaisir aussi d’écrire au stylo sur une carte où la plume glisse comme une ballerine, et de changer d’instrument, délaissant le clavier pour cette flûte si fine qu’on appelle un stylo.

Et puis, c’est ma manière à moi de célébrer « les fêtes ». Le nombre des voeux a changé, mais je n’y ai jamais manqué.

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