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C’est vrai pour les personne privées, vrai pour les entreprises ou les collectivités, plus vrai encore pour les Etats : avoir des dettes, c’est remettre une part de sa liberté.

Pour 2010, la dette publique française (=la masse de ce que nous devons) atteindra 1500 milliards d’euros, près de 85% du Produit Intérieur Brut (le fameux PIB). Le déficit public pour l’année (différence entre les recettes et les dépenses d’une année) atteindra quant à lui 7,5 % du PIB. Pour mémoire, le pacte de stabilité européen prévoit qu’il ne dépasse pas 3%, ce qu’aucun Etat ne respecte et nous ne devons pas nous en réjouïr.

La crise a amplifié ces chiffres, mais nous étions bien avant elle dans le rouge. On peut même dire qu’elle a bon dos et qu’elle exonère faussement le gouvernement d’une part de responsabilité. Si nous n’avons pas trafiqué les chiffres comme la Grèce, nous n’en avons pas moins fait une politique de gribouille, inégalitaire et dispendieuse. Le signal a été donné dès les premières semaines de gouvernance sarkozienne (juillet 2007) avec le « boulet fiscal » (c’est ainsi que Laurent Fabius nomme le « paquet fiscal », c’est à dire la loi TEPA réunissant le bouclier fiscal, l’exonération des heures supplémentaires et la défiscalisation des droits de succession) qui nous plombe chaque année de quelques 15 milliards d’euros.

Pourquoi la dette tient-elle les Etats à merci ?

D’abord, parce qu’elle les empêche d’agir et de faire de la politique, au meilleur sens du terme. Un Etat lourdement endetté est empêché d’investir (du logement à la recherche…) et limité dans sa capacité de développer les services publics (éducation, santé..). S’il est honnête, il gère au plus près, comme un père de famille qui a des dettes ; s’il ne l’est pas, il fait comme notre gouvernement : il augmente la dette pour servir ses proches.

Au moins aussi gravement, la dette nous met à merci des marchés et des officines qui travaillent pour eux. Ce sont eux et pas nous, pas même nos gouvernants, qui décident des taux auxquels nous empruntons. La Grèce vient d’en faire l’expérience : mal notée sur sa capacité de rembourser par des agences de notation privées et dépendantes des marchés, elle s’est vu « proposer » des taux usuraires (13,5% sur deux ans) qui la précipitaient dans la banqueroute.

D’un jour à l’autre, ni notre mode de gouvernement (trop social..) venait à déplaire à ces officines, la même aventure peut être la nôtre.

N’y a-t-il rien à faire ?

Il y a en effet, mais l’Europe ne l’a pas fait. La fragilité des marchés est d’être justement des « marchés ». Leur taux d’usure sont valides s’il y a quelqu’un pour s’y soumettre. S’il n’y a pas de demande, il n’y a pas d’offre ou du moins l’offre est revue à la baisse. Les pays européens auraient-ils rapidement proposés à la Grèce de lui prêter au taux où eux-mêmes empruntaient, la surenchère des marchés perdait tout son sens.

Etats, ou personnes privées, nul ne se sauvera seul. L’Europe le comprendra-t-elle suffisamment rapidement pour qu’il ne soit pas trop tard ?

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