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Trois heures hier pour la 5 ème audition de Roselyne Bachelot à l’Assemblée, à laquelle, il est important de le dire, nous ne sommes pas allés comme des procureurs de la 25 ème heure, mais comme des députés responsables qui savent qu’il n’est pas facile de gérer une crise sanitaire et que nous-mêmes, aux affaires, aurions pu faire des erreurs d’appréciation.

Pour autant, la Ministre est demeurée en tous points sur ses positions et nous n’avons reçu aucune réponse décisive.

Plusieurs questions demeurent sans réponse :

– Cinq millions de Français ont été à ce jour vaccinés. Quel pourcentage des personnes à risque a reçu le vaccin ? La Ministre a répondu qu’ « on ne pouvait pas le savoir », car il faudrait alors croiser des fichiers « qui n’existent pas en France (…). Cette réponse n’est pas recevable : les personnes à risque ont reçu individuellement un bon de vaccination, il doit être possible de savoir quel pourcentage de ces bons ont été utilisés.

Pourquoi a-t-on acheté d’emblée 94 millions de doses (1,46 fois le chiffre de notre population), au lieu comme le préconise aujourd’hui la Ministre de gérer la crise étapes par étapes, et surtout alors qu’il était matériellement impossible de vacciner dans un temps court un nombre aussi important de personnes ? Toujours pas de réponse satisfaisante. Voilà un point où la Ministre se serait grandie de reconnaître une erreur stratégique et économique.

– Pourquoi avons-nous payé les doses plus cher que les autres pays européens et pourquoi avons nous accepté des divers laboratoires des prix différents alors que notre poids dans la négociation (vu le nombre de doses achetées) était considérable ? Réponse particulièrement langue de bois de la Ministre : « nous avons négocié pied à pied ». Pas un mot d’explication sur les différences de prix, pas un chiffre. La question a été éludée alors qu’elle n’est pas médiocre ; ce que nous dépensons-là, nous ne le dépensons pas ailleurs. Pour reprendre une formule de Philippe Séguin : « les caisses sont vides, ce n’est pas pour cela qu’elles sont inépuisables ». Voilà qui ne peut que confirmer nos doutes.

Pourquoi avoir introduit si tard les généralistes dans le dispositif ? Toujours la même réponse : nous voulions les « épargner » et ne pas leur faire supporter à la fois la charge du traitement et la charge de la vaccination. De plus la Ministre évoque une fois de plus la difficulté à vacciner avec les présentations multidoses. Il n’est pourtant que trop évident qu’un médecin doit pouvoir considéré comme capable de réunir dix patients dans la même demi-journée et de déconditionner un flacon de 10 doses…

– Pourquoi n’y a-t-il aucune clarté sur notre politique actuelle de revente des doses et de résiliation-indemnisation des laboratoires ? Même les députés ont appris par la presse (alors que nous auditionnons la Ministre réguliièrement) les démarches qui étaient faites à la fois auprès d’autres pays et auprès des laboratoires. La Ministre a nié que des « compensations » en faveur des labos soit négociée sur des achats ultérieurs d’autres molécules. C’est en effet une grande inquiétude qu’une « avance » puisse être consentie aux labos sur des marchés publics ultérieurs.

Au total : pas de révélation et l’absence de toute remise en question de son action par la Ministre, alors que tout le monde comprendrait que dans la difficulté de gestion d’une crise, il puisse y avoir des erreurs et des points à améliorer.

Mon inquiétude est grande aujourd’hui que les ratés et les points d’ombre qui demeurent impactent fâcheusement l’adhésion des Français aux mesures de santé publique et ne crédibilise les mauvais prophètes qui essaient de les détourner des vaccins.

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