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« Toute personne majeure, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, infligeant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée et qu’elle juge insupportable, peut demander à bénéficier, dans les conditions strictes prévues au présent titre, d’une assistance médicalisée pour mourir dans la dignité ».

Voici les termes de l’article 1 de la proposition de loi que nous avons déposée, au nom d’un groupe de députés Socialistes, Radicaux et Citoyens, à l’Assemblée nationale hier 20 novembre 2009, avec le résultat que l’on sait : le refus du débat imposé par la Ministre de la Santé et alors même que les opinions étaient distribuées sur des critères tout autres que partisans sur les bancs de l’Assemblée.

L’article que je cite, comme les suivants, a levé pour moi des interrogations auxquelles je ne suis pas sûre qu’aucun texte de loi ne réponde actuellement.

La dépression grave, que l’on appelait autrefois « la Mélancolie », inflige une souffrance psychique insupportable, qui sans doute peut être apaisée mais dont je ne sais pas si elle définitivement curable, ni définitivement apaisable.

Cette maladie amène au désir de mort. Ou plutôt : le désir de mort en fait intégralement partie. Plusieurs de mes maîtres en médecine, de mes amis, de mes modèles en littérature, sont morts de ce désir de mort, vécu dans la plus totale, dans la plus affreuse solitude. Ces malades, on ne les évoque jamais quand on parle d’assistance au suicide, ni d’aide active à mourir. Ils n’apparaissent pas dans la loi, ni dans notre proposition ou bien font-ils partie de ces « personnes majeures, en phase avancée ou terminale d’une affection grave.. ».

Cet espace de vide, concernant une maladie qui malheureusement gagne en prévalence, est une de mes raisons de n’avoir pas co-signé une proposition de loi dont je pense pourtant qu’elle constitue une avancée, relativement à l’état actuel de la législation.

Quelle maladie plus horrible que la dépression ? Quelle souffrance plus aigüe à laquelle le médecin, l’ami, le proche, doivent répondre ?

Et où sont les limites entre de cette dépression « endogène » et le désespoir, le gouffre insondable, que peut ouvrir devant soi la conscience d’une maladie fatale ?

A tout cela, après des années de pratique médicale, je ne connais pas de réponse certaine. Je sollicite mes amis psychiatres (peu nombreux sur les bancs de l’Assemblée, à l’égal des cancérologues) pour m’aider à approcher de cette réponse certaine.

Les maladies psychiatriques entrent-elles dans ces maladies « insupportables et incurables », auxquelles il faut ouvrir la possibilité d’une aide active à mourir ?

Cette question est pour moi comme un abîme dont je ne sais si la loi doit et peut le combler.

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