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Evento, son budget colossal, demeurent une interrogation pour la majorité des Bordelais.

La majorité de cette majorité n’en a rien vu. « Sur le terrain », je n’ai pas rencontré UN Bordelais qui ait assisté à une seule des manifestations de cet événement interplanétaire. Je le reconnais, mon « terrain » a été ces derniers temps au plus proche du réel, des âgés, des rues, de la vie. Sans doute n’est-il pas exhaustif.

Hors du « terrain » cependant, j’ai interrogé des acteurs culturels susceptibles de m’instruire : « Quelle est la signification d’ « Evento ? » « De quel message est-il porteur ? »

Une interprétation, sans doute simpliste, m’a été donnée par quelques mauvais esprits : Alain Juppé n’est pas capable d’inventer, il suit. Il veut un événement d’art contemporain parce que Nantes l’a fait. Il veut un grand stade parce que Collomb, maire de Lyon, en dit du bien. Je le reconnais, ce jugement, qui n’est pas le mien mais que je ne trouve pas pour autant sans intérêt, est réducteur et court-termiste : il y a derrière Evento une vision à plus long terme et un sens politique plus profond.

J’ai mis du temps à le comprendre. Il me semble aujourd’hui avoir une idée de la vision du Maire de Bordeaux.

Nous avons vécu, au temps des « Cerises », sa volonté de servir, de rejoindre le gouvernement et d’en porter les objectifs.

De cette volonté est aussi née « Evento », dont l’objet, à mi-mandat présidentiel, est fondamentalement de célébrer la politique de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement.

Cette politique se résume, non pas d’un mot, mais d’un concept : « l’art déceptif ».

L’art aujourd’hui, comme la politique gouvernementale, est-il fait pour satisfaire, donner envie du beau et du bien, élever ce qu’autrefois on appelait « le peuple » ? Est-il fait pour réunir dans une même culture, un même goût, une même aspiration, les Hauts et les bas de Seine, Neuilly et la Courneuve, le Parc bordelais et le Grand Parc ?

Que nenni ! Ces temps-là sont révolus et « Evento » aujourd’hui nous ouvre la voie et livre au grand jour sa signification profonde : l’art et la politique ont aujourd’hui en France et à Bordeaux pour mission de décevoir. Objectif rempli, tant pour les 30 premiers mois du mandat présidentiel que pour Evento.

L’Art, comme au XVème siècle avec la Renaissance, comme au XVIIIème avec les Lumières, l’Art est aujourd’hui le vecteur du message politique de la France et de son gouvernement, et Bordeaux en est le phare :

L’art, aujourd’hui, doit décevoir, porter haut le nom de ce beau concept d’ « art déceptif » dont Bordeaux est désormais la figure de proue.

L’Art doit montrer au peuple, quand par hasard il s’égare à rencontrer une voiture emboutie ou garnie de tuyaux bleus, quand devant lui un morceau de terrain vague entre deux murs est qualifié d’ « oeuvre », l’Art doit montrer au passant ordinaire qu’il ne compte pour rien au regard de la gloire du big brother, local ou national, qui a décidé pour lui du beau et du bien.

L’Art de tout temps, a été critiqué par les artististes eux-mêmes, pour son utilisation politique. Il doit aujourd’hui à Bordeaux être célébré pour cela.

Quatre millions et demi d’euros ne sont pas trop si l’on doit enfin comprendre la politique qui nous gouverne.

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