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Sur le perron de la cathédrale de Paris, où tous les gens influents de France étaient réunis pour se recueillir après la mort de l’abbé Pierre, un de ceux qu’il avait choisi pour compagnon a eu, devant les caméras, ces paroles :
– « je ne suis pas très croyant, surtout du côté de la religion.. Mais là où il est, j’espère qu’il est bien »

Une anecdote parmi d’autres, ce matin dans une atmosphère de petit gris, tristounette et pluvieuse, comme novembre normalement s’en réserve l’exclusivité. Ce « je ne suis pas très croyant, surtout du côté de la religion » est une parole admirable que chacun mériterait de méditer et que quelques uns- dont moi- partagent sans s’en réjouïr.

La grande force de l’abbé Pierre fut de les réunir, sans distinction d’aucune sorte avec ceux qui croyaient en Dieu comme avec ceux qui n’y croyaient pas, en un mouvement inqualifiable autrement que par le mot de « fraternel ». La grande qualité des paroles du Président d’Emmaüs Gironde, Pascal Laffargue fut d’en restituer la force, la générosité, le bouillonement, la spiritualité en même temps que l’intelligence irrévérencieuse et taquine. Je me fais une régle de mesurer la qualité d’un discours à une seule aune : ceux qui l’ont écouté en ressortent-ils plus forts, mieux armés, mieux assurés dans le meilleur de ce qu’ils croient, qu’ils y sont entrés ? A cette aune, le discours de Pascal était un grand discours.

Les paroles de « l’abbé » y servaient de pierre blanche, non comme des citations, mais comme des paroles structurantes de la pensée de celui qui les prononçait. Cinq bougies venaient d’être allumées à côté du pupitre, tout le monde était en cercle, sous une tente, quelque part dans le quartier de Baccalan dans un décor un brin sinistre de hangars squattés et de friches industrielles, mais avec le rassurement tout proche des « chalets d’Emmanüs » à disposition des SDF.

« Pas de fleur ni de couronne, apportez-moi la liste de ceux auxquels vous aurez donné les clefs d’un logement » avait dit l’abbé avant de mourir. Plusieurs de ceux qui étaient présents auraient pu donner leur liste, et en particulier Phillippe Madrelle qui a pris la parole ensuite et qui a choisi de financer hors des compétences du Conseil Général et indépendamment des difficultés financières de notre collectivité le logement des plus pauvres et des plus précaires. La flagornerie n’est pas mon fort, mais je tiens à lui en rendre l’hommage.

D’autres discours et en particulier celui du Préfet Patrick Stefanini, homme talentueux et à l’évidence formidable travailleur. Sa comparaison de son prédécesseur Dominique Schimitt à l’abbé Pierre a paru à tous un peu osée, voire un tantinet déraisonnable, mais c’est une fois encore, la confusion entre l’Etat et le Gouvernement, le service de l’un et la promotion de l’autre qui m’interroge et qui demeurera la marque de la période sarkozienne.

« Maintenant, il sait et nous ne savons rien » disait tout à l’heure Pascal en parlant de l’abbé.

Mais au moins, nous cherchons..

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