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En direct du Congrès du SPD à Berlin

On lit et entend actuellement tout et n’importe quoi sur la France, l‘ Allemagne, Sarko & Merkel , la crise et l’Europe. Souvent on a l’impression que Merkel = Allemagne, sans nuances aucunes. Le congrès du SPD qui se tient ces jours –ci à Berlin – F. Hollande prononcera demain lundi à 9 h un discours, à suivre sur spd.de en streaming – et un des grands thèmes est naturellement la crise et l’Europe. Cet après-midi le président du groupe SPD du Bundestag, le camarade Steinmeier, a présenté la motion sur cette question .

Voici quelques éléments parmi les plus intéressants :

  • Merkel prétend d’être à l’origine de la proposition d’une modification des traités européens dans le sens de sanctions automatiques en cas de non-respect des critères régissant la dette des Etats (limitées à 60 % du PIB), ainsi que du déficit budgétaire ( les célèbres 3% de Maastricht), ces sanctions pouvant être décidées par la Cour de Justice européenne. Elle cache le fait qu’il y a un an, lors de sa rencontre avec Sarkozy à Deauville, les deux ont balayé avec arrogance la proposition identique de Barroso.
  • Dans le débat sur une modification concernant la BCE on s’inspire de la FED américaine ou des banques centrales suisses et britanniques en oubliant que ces banques se trouvent dans des territoires homogènes, à la différence de l’espace européen avec sa multitude d’Etats. Une transposition à l’espace européen de leurs statuts et mandats semble donc très aléatoire. Sans d’ailleurs avoir la moindre certitude sur la pertinence à moyen et long termes des politiques de ces modèles.
  • Un défaut crucial reste l’absence de légitimation et de contrôle démocratiques des mesures décidées de la BCE.`
  • Steinmeier rappelle l’origine des Etats-Unis lorsque les 13 Etats fondateurs ont décidé de remplacer le « chacun pour soi » par le principe de solidarité face aux grands problèmes de l’époque., une décision qui s’est avérée bénéfique . Il s’agit pour les Etats européens d’être autant solidaires qu’eux contre les marchés financiers.

Steinmeier soumet au congrès 7 propositions :

1) la création d’un Fonds monétaire européen pour mettre fin à la spéculation des marchés contre les Etats.

2) la mise en œuvre d’un Programme européen de reconstruction avec des investissements dans l’économie réelle ainsi que la mise au point d’une politique industrielle européenne.

3) un effort commun particulier contre le chômage des jeunes dont le financement pourrait se faire par la taxation des opérations des marchés financiers (la célèbre « Finanzmarkttransaktionssteuer »).

4) des plafonds d’endettement contraignants et leur contrôle. Des emprunts communs européens ne sont qu’un instrument parmi d’autres et pas la solution.

5) la « pièce centrale » des propositions concerne le règlement des dettes existantes. A cet effet, les dettes dépassant 60 % du PIB de tous les Etats seraient à transférer à un Fonds de désendettement commun avec responsabilité commune de tous les Etats. Un programme de consolidation serait à élaborer pour chaque Etat portant sur une durée de 20 à 25 ans.

6) un noyau dur d’Etats (p.ex. composé de l’Allemagne, la France et pourquoi pas la Pologne) pour la consolidation de la politique fiscale et budgétaire.

7) un renforcement du principe de subsidiarité notamment en ce qui concerne l’organisation des services communaux.

Actuellement le congrès discute ses propositions clairement différentes de la position de Mme Merkel.

Klaus Fuchs, membre du SPD

Homosexualité et don du sang : arrière toute !

Jean Claude CHEBROU

Délégué régional HES pour l’Auvergne

« La semaine dernière à l’Assemblée la majorité a fait l’amalgame entre homosexualité et SIDA et une députée va même jusqu’à parler de zoophilie !

Michèle Delaunay, Catherine Lemorton et le groupe socialiste ont déposé un amendement visant à permettre aux hommes homosexuels de donner leur sang. Ceux-ci sont en effet exclus du don du sang depuis 1983. L’amendement visait à inscrire dans la loi que seules les pratiques individuelles à risques, et non l’orientation sexuelle, sont constitutives d’une contre-indication médicale justifiant l’exclusion du don du sang. Le gouvernement s’est opposé à l’amendement, et la majorité parlementaire l’a rejeté. Cette discrimination perdure donc. Dix ans après le débat sur le pacs, la droite n’a pas perdu ses réflexes homophobes

Et pire encore, alors que l’Assemblée nationale examinait mercredi en commission la proposition de loi socialiste visant à ouvrir le mariage aux couples de même sexe, la députée UMP Brigitte Barèges s’est exclamée : « et pourquoi pas des unions avec des animaux ? ». Dans la soirée, elle a expliqué avoir voulu « poser la question de la pertinence d’adapter systématiquement la loi et les institutions à l’évolution des mœurs » et avoir « poursuivi son raisonnement par l’absurde en se demandant s’il faudrait aussi institutionnaliser un jour le mariage avec les animaux ».

Ces propos, assimilant l’homosexualité à la zoophilie, rappellent les nombreuses vociférations homophobes auxquelles se sont livrés les députés de droite il y a dix ans, alors qu’ils examinaient la proposition de loi sur le pacs. Ce sont ces débordements qui instituent, légitiment et renforcent toutes les violences et toutes les discriminations subies au quotidien par les lesbiennes, les gays, les bis et les trans (LGBT).

HES (Homosexualités et Socialisme) souhaite que le débat que l’Assemblée nationale consacrera le 9 juin prochain à la proposition de loi socialiste visant à ouvrir le mariage aux couples de même sexe soit à la hauteur des attentes de nos concitoyens pour faire progresser l’égalité des droits, en panne depuis si longtemps en France. HES attend une dénonciation claire et précise de ces propos inacceptables par les responsables de son groupe politique. »

Le jour où je ne serai plus indigné…

Gustave Flaubert est, aujourd’hui 4 septembre, l’invité du blog

« Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j’en vois. Et toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons. Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols. Et j’ai entendu de jolis mots à la prudhomme.

Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de très complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre. C’est la haine qu’on porte au Bédouin, à l’hérétique, au philosophe, au solitaire, au poète. Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère. Le jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton ».

(Lettre de Flaubert à Georges Sand)

Pas de livres dans les écoles !

A-t-on vraiment besoin de livres pour enseigner et pour apprendre ? C’est le nouveau défi lancé à l’école publique. Très justement, un professeur a pris la parole sur ce blog. J’ai trouvé son texte si intéressant que j’ai demandé à son auteur(e) (Sandrine Doucet) d’être l’invitée du blog.

Elle nous demande des propositions… Son texte pose d’abord des questions : comme l’hôpital public, l’école publique n’est-elle pas mise très intentionnellement en difficulté pour que la « fongibilité asymétrique » du public vers le privé qu’affectionne ce gouvernement fonctionne d’autant plus rapidement ?

(suite…)

Israël-Palestine : Bertrand Bloch est l’invité du blog

Israël-Palestine : la course vers l’abîme

Les bombardements quotidiens de populations civiles israéliennes par le Hamas, depuis des mois, la terreur qu’il engendre, ses buts de guerre affichés, sont inacceptables ; ceci ne légitime néanmoins en rien la violence israélienne actuelle qui ne peut que susciter que colère et indignation. Depuis la mort d’I. Rabin, Israël agit de la pire des façons en réponse aux défis qui sont les siens, la guerre avec ses ennemis mais aussi la paix. Au prétexte qu’ils ne disposent jamais du bon interlocuteur, les gouvernements israéliens n’ont eu de cesse de miner de l’intérieur la société civile palestinienne en cherchant ainsi à légitimer une violence et une guerre larvée qui tue et mutile en semant la haine sur son passage : (colonisation à outrance, restriction des libertés et humiliations, construction du mur, blocus de Gaza, appauvrissement). Il y a encore cinq ans, Israël affirmait qu’Arafat était la cause de tous ses maux. Arafat disparu, Israël n’a jamais donné à Mahmoud Abbas la place d’un interlocuteur légitime, contribuant ainsi à l’émergence des franges radicales du Hamas.

Alors même que chacun sait qu’aucune solution par les armes n’est possible, les drames qui se déroulent en Palestine illustrent à l’absurde l’impasse dans laquelle Israël s’est engagée avec ses soutiens inconditionnels (ceux que Tahar Ben Jelloun appelait si justement à l’ occasion de la guerre du Liban de 2006 « Les amis d’Israël qui le pousse vers l’abime » ). En réponse à un contexte international délétère, aux défis posés par le terrorisme international et l’islamisme, l’armée israélienne, sa population perdent leur âme, la considération de la communauté internationale et les valeurs démocratiques de leur pays, sans gagner une once de sécurité. La politique israélienne bien au contraire légitime les radicaux des deux bords (ultranationalistes israéliens et armée d’un coté ; islamistes/Iran de l’autre) au détriment de ceux, de plus en plus rares, qui en Israël et en Palestine tentent de maintenir un dialogue et un futur de coexistence. Ainsi, qui entend la désespérance et la vision de paix de Daniel Barenboïm et de son orchestre israélo-arabe, seul citoyen ayant la double nationalité israélienne et palestinienne ? Qui écoute aujourd’hui les propos de Leila Chahid qui il y a quelques années encore dialoguait a la télévision française avec Israël au nom de Y. Arafat ?

Isaac Rabin a été tué par les siens pour sa vision de faire accepter à son pays l’idée d’une paix respectueuse des aspirations légitimes du peuple palestinien, avec son pire ennemi d’alors, Yasser Arafat. A qui peut-on faire croire aujourd’hui qu’en discréditant systématiquement les revendications palestiniennes, qu’en tentant de délégitimer ceux qui combattent sa politique, qu’en niant les effets de la politique perverse de colonisation on sert aujourd’hui la cause d’Israël et de la paix ?

Les termes d’un accord d’Israël avec les Palestiniens, acceptables par les deux parties, sont connus maintenant depuis de nombreuses années. Ils imposent de la part d’Israël de considérer avant tout le peuple palestinien comme un partenaire respectable pour une paix juste, sans lui dicter sa conduite. Le retrait unilatéral de Gaza qui aurait pu être une occasion formidable de renouer les liens détruits n’a fait qu’exacerber la violence de part et d’autre. Il n’est pas acceptable de confondre la légitime aspiration des Israéliens à vivre en sécurité et l’acceptation d’une politique indigne.

Comment agir pour obtenir d’Israël qu’il tourne le dos à une politique mortifère ? Barack Obama, les nouveaux leaders israéliens, l’Europe si timorée, mais aussi les leaders palestiniens auront-ils le courage, le charisme et la vision nécessaires pour retrouver les chemins tracés par A. El Sadate, I Rabin, B. Clinton et Y. Arafat ?

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel