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C’est un article du quotidien @sudouest en date du 29 décembre qui m’a amenée à poser la question. Sitôt posée, sitôt cherchée, dans ma tête d’abord puis dans l’inestimable « Trésor de la Langue Française » dont la consultation devrait être sinon remboursée par la Sécurité Sociale, du moins élevée au rang de document pédagogique de première grandeur.

« TLF » ne néglige aucun aspect du mot ; le noyau dur de la variété des acceptions  se résume à « manière de penser sur un sujet » ou encore « jugement personnel que l’on porte sur un sujet ».

L’essentiel est dit et le droit consacre la « liberté d’opinion » , à une exception près : « qu’elle porte atteinte à l’ordre public » ou encore qu’elle enfreigne la loi. Dans le viseur : racisme, discriminations, propos injurieux.

Rien n’est pourtant dit d’une opinion qui atteint à la vérité scientifique et à l’exactitude des faits. Nous ne sommes plus au temps de Galilée, condamné pour avoir dit que la terre était ronde.

Doit-il en être exactement de même de l’opinion publiée, soit par un média lui même, soit à l’occasion d’un interview ? A-t-elle le « droit » d’aller au contraire de vérités démontrées ? Il en va bien sûr d’abord de l’éthique journalistique. Quel média titrerait aujourd’hui « la ceinture de sécurité ne sert à rien », « le monde a été créé en 7 jours » ou encore « le tabac bon pour la santé ». Je prends à dessein des exemples d’actualité, les deux derniers relevant de l’ « opinion personnelle » de Donald Trump et de plusieurs membres de son équipe, le dernier -le tabac- étant celui de l’article que je citais en première ligne.

Un journaliste interrogeant Donald Trump ne manquerait pas de lui dire « vous ne croyez pas aux méfaits du tabac mais avez vous examiné la presse scientifique depuis 50 ans qui démontre sans que plus personne ne le conteste le haut niveau de mortalité et de morbidité du tabac ? ». Donald répondrait ce qu’il veut, mais le journaliste aurait fait son boulot.

Cet article rapporte l' »opinion » d’un buraliste sur le paquet neutre, alors que celui-ci n’est que très partiellement entré dans les linéaires de vente (première apparition le 20 novembre), les débitants ayant le droit d’écouler leurs stocks jusqu’au 31 décembre. On comprend à l’évidence que, utile ou non, il n’a aujourd’hui aucune chance d’avoir pesé le moins du monde sur le volume des ventes.

Or notre buraliste affirme le contraire. Il a le droit, mais le journaliste a deux devoirs : 1-de l’interroger sur la brièveté du délai et son manque de signification 2- de ne pas mettre son affirmation en encadré au coeur de l’article « nous ne constatons pas de diminution de la vente de cigarettes depuis le paquet neutre ».

Le contenu de l’interview est, « as usual », un résumé des éléments de langage fournis par les cigarettiers : approximations (« des milliards.. »), vérités falsifiées (1000 fermetures de bureaux de tabac par an alors que beaucoup sont des regroupements ou des relocalisations et que les bureaux de tabac sont les 3èmes commerces de sécurité les plus florissants), déformations de faits (l’efficacité de la prévention en Allemagne), contradictions (sur les ventes illicites)…

Tout cela, sans avis contraire mis en face à face, comme on le trouve de plus en plus souvent dans les médias écrits, sans droit de réponse, sans question demandant des précisions ou opposant des faits°. Le paquet neutre n’est pas LA solution contre le tabac, mais il ne sert certainement pas à rien.

Pourquoi je râle ? Parce que le sujet est trop sérieux pour qu’on accorde une demi-page à un buraliste sans aucun rétablissement des vérités démontrées, ni sans aucune mise en perspective. Parce que, tout simplement, le tabac tue en deux jours autant que l’insécurité routière en un an. Tous les médias aujourd’hui -à raison- insistent sur les risques encourus dans la nuit du 31 décembre et alertent les conducteurs. Devons-nous laisser « l’opinion » d’un seul peser sur l’Opinion en toute impunité ? Les médias ont aujourd’hui une considérable responsabilité concernant les grands enjeux de santé publique qui détruisent nos sociétés de l’intérieur (addictions en tête). Responsabilité qu’ils partagent avec les politiques et dont, les uns et les autres, ils devront répondre. « Vous saviez et vous n’avez rien fait ».

 

 

 

 

Comments 6 commentaires

  1. 31/12/2016 at 00:00 Yvan Decreux

    Merci pour ce message. Ce qui m’a personnellement le plus frappé dans l’article était l’affirmation d’une prévention efficace en Allemagne. J’ai aussi noté l’argument sur l’absence de baisse des ventes, alors que la mesure aura surtout un effet sur l’entrée dans le tabagisme des plus jeunes, si bien qu’il ne sera possible de voir un effet sur les ventes globales qu’après plusieurs années.

    Je regrette toutefois une petit erreur dans le dernier paragraphe : le tabac ne tue pas autant en deux jours que l’insécurité routière (et non la sécurité routière, qui à ma connaissance n’a causé la mort de personne) en un an. Le tabac tue environ 25 fois plus que les accidents de la route en France. Il aurait donc fallu écrire en deux semaines, et non en deux jours.

  2. 31/12/2016 at 06:42 Alain

    Merci, il y a là matière à réflexion et à révolte : la lutte continue. Il me semble cependant relever un malheureux lapsus :  » le tabac tue en deux jours autant que la sécurité routière en un an. » C’est bien sûr l’insécurité routière qui tue, comme l’insécurité sanitaire.

    Le rassurant c’est que « l’opinion » évolue avec la science. Imaginerait-on aujourd’hui offrir au donneur de sang, avec un solide sandwich aux rillettes, un verre de vin rouge et une cigarette ? Un ami fiable m’assure qu’il en garde le souvenir.

    Un élément de langage en cadeau de nouvel an aux buralistes : madame Delaunay exagère. Aucun condamné à mort n’a jamais été tué dans ce pays par la dernière cigarette qui lui a été traditionnellement offerte au pied de l’échafaud, alors que la guillotine tuait statistiquement à tous les coups. Cent pour cent de ceux qui ont refusé la dernière gribiche avant d’affronter la Veuve sont même morts plus vite que les fumeurs. C’est bien la preuve irréfutable que le tabac augmente l’espérance de vie.

  3. 02/01/2017 at 09:19 eric hermeline

    Comme d’habitude vous ne savez pas de quoi vous parlez ….. Dire qu’au 30 décembre le paquet neutre est entré « que partiellement dans les linéaires » Vous parlez tabac, buralistes alors que la preuve est flagrante que vous avez jamais mis les pieds dans un bureau de tabac ! Au 30 décembre les linéaires sont a 95% paquets neutres !! Ah si au moins vous aviez l’honnêteté de votre collègue socialiste Frédéric Barbier !! Mais non vous nous abreuvez de vos certitudes tout en ne bougeant pas de votre appartement cossu Bordelais… Vous contestez les chiffres de fermetures émanant d’un membre syndicale des buralistes alors que vous même en avez aucun !! En gros tout ce qu’il dit est d’après vous faux mais vous manquez d’arguments contradictoires car ……. Vous ne savez rien !! strictement rien !

  4. 02/01/2017 at 11:57 emy

    Pourquoi ne pas supprimer le métier de buraliste en rachetant les fonds de commerces de ceux ci. Je suis buraliste et je n’attends que ça car franchement en tant que non fumeuse me rendre malade en voyant tous les jours pendants dix heures des cadavres, des pieds pourris, des trous dans la gorges, des poumons sanguinolents, des yeux aveugles ce n’était pas mon objectif. On est buraliste et pas fumeurs on a pas à subir ça 70 heures par semaines. De plus j’ai fait un malaise en rangeant ma livraison tellement c’est super compliqué. Je n’aime plus du tout mon métier, les gens sont odieux avec nous. Le seule chose qui me fait tenir c’est de vous critiquer madame, vous et MST, je peux vous assurer que peut de français peuvent vous blairer. Vous devez avoir les oreilles qui siffles et je n’aimerais pas mourir en étant ainsi détesté par le peuple. Et je peux vous dire que les gens qui vous critiquent dans mon commerce ont bien plus de mépris pour vous que pour Donald trump. La folle de marisol est payée par les labos pharmaceutiques. c’est honteux. Et on demande aux buralistes de pas se déchaîner dans la presse. Bande de corrompus et de menteurs, vivement mai que vous dégagiez tous …

  5. 02/01/2017 at 12:08 emy

    Et puis je pense qu’il n y a pas mieux qu’un buraliste pour dire ce qu’il se passe dans un bureau de tabac ?! Venez sur le terrain, venez 1 mois travailler avec nous, je suis sûre que vous êtes sous anti dépresseurs au bout de 15 jours .. Ah mais oui j’oubliais qu’en France on veut un maximum de français sous anti dépresseurs. Plus on les shoote, plus on peut en faire des bons petits moutons !!

  6. 02/01/2017 at 15:12 ans mo

    Et quand les journalistes disent que nous touchons des pots de vins, croyez vous que nous ayons un droit de réponse nous ??? J’ai demandé à un journaliste de venir une journée dans mon tabac presse, un jour de livraison et d’écrire son article suite à cette journée. Vous devriez faire pareille plutôt que de parler d’un métier dont vous ne connaissez absolument rien !

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