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A quinze jours de l’Université d’été du PS et à trois mois du Congrès, il n’est pas inutile de s’interroger. S’interroger en général (où est le possible ?), s’interroger en particulier sur le rôle et l’image du PS.

Deux sondages donnent sur ce dernier point du grain à moudre. Des graviers serait un plus juste mot, tellement les réponses des sondés sont indigestes.

Premier sondage, issu de Ouest-France : 29 % des sondés pensent que le PS n’a pas de projet, 55% qu’il n’est pas assez proche des préoccupations des Français, 66% qu’il n’a pas de bons leaders.

« Marianne » enfonce le clou. Si le premier tour de l’élection présidentielle avait lieu dimanche prochain, Sarkozy recueillerait 33 à 35 % des suffrages, et en face de lui le candidat PS 22% si c’était Ségolène Royal, 20% Strauss-Kahn, 19% Delanoë, 15% Martine Aubry.

Ces mêmes leaders occupent bien mal leur rôle d’opposant. Delanoë prend la tête du peloton avec 54% de satisfaits (MA 36%, SR 32 %). Les chiffres sont évidemment meilleurs s’il s’agit de sympathisants socialistes, mais l’ordre et le même (entre 66 et 50%).

Même bons, je ne suis pas une fanatique des sondages : les questions sont souvent biaisées, et si l’on est honnête on répond plus facilement « non » que « oui » (par exemple, à la question « le PS a t-il un projet, je répondrais « non », puisqu’il est justement question de le (re)construire. Les réponses sont souvent contradictoires, et c’est particulièrement le cas dans le sondage de Marianne.

Mais enfin, tout cela amène à s’interroger. La question « quoi faire, comment faire ? » dont je suis coutumière vaut ici, même si nous savons que nous n’avons (les militants PS) qu’une faible part de la réponse.

Le PS est-il proche des préoccupations des Français ? Ma réponse, après un an de mandat national, est « oui », même si les plus médiatiques de nos leaders ne le montrent pas tous les jours. Deux exemples : le pouvoir d’achat, le logement.

Lors des questions d’actualité au gouvernement, nous tempêtons souvent avec ma voisine de rang Pascal Got, sur le caractère répétitif des questions que nous posons. Le pouvoir d’achat est un thême multi-récurrent, sous divers habits, des franchises au fuel. Là, je crois que nous avons gagné la bataille de la communication : les Français se sont rendus compte que le premier thème de campagne de Sarkozy se soldait par un échec. Ce qu’ils n’ont pas perçu, et là nous entrons dans le vif du sujet, ce sont nos propositions (loyers, chèque transport…), pourtant bien souvent évoquées lors de ces questions. Mais dès que l’on entre dans le « technique », reconnaissons que la presse ne suit pas.

Je donne souvent l’exemple du logement et du projet de loi que nous avons présenté dans le sillage de Jean Yves le Bouillonec. Ce jour-là avez-vous un gros titre ou une première page de journal : « Logement : les propositions du PS » ? Voilà ce qui serait la mission d’un journal comme Libération. Au lieu de cela, quand elle a fait sa première page sur le PS, c’était pour écrire « Mais où est passé le PS ? »

Dans ma recherche d’explication sur l’image actuelle du PS, il n’y a bien sûr pas que la presse. Nous avons des propositions concrètes, elles ont souvent l’air de s’empiler sans que le plan de la maison que nous voulons construire soit visible. Il faut non seulement des mesures, mais des lignes directrices, des slogans simples, des principes. Exemple : remettre en marche l’ascenseur social. Oui, ça c’est un projet qui me motive, et où j’aimerais bien avoir la charge d’aligner des propositions derrière. Nous devrions être présents aussi sous cette forme.

Des militants plus fervents que moi répondront : « Mais nous avons eu notre déclaration de principes ! »

Nous l’avons eue…. Qui peut en citer une phrase entière ? Ce qu’on ne sait pas nommer, ce qu’on ne sait pas énoncer n’existe pas. Notre déclaration de principes n’aurait pas dû dépasser deux petites pages, et chaque phrase pas plus de deux lignes, pour pouvoir s’inscrire dans la mémoire. La mémoire du peuple, c’est à dire nous.

Côté leaders, qu’en est-il ? La question est biaisée. Si l’on vous demande: « le parti socialiste a-t-il un grand leader ? », vous aussi répondrez: « non ». Pour moi, qui n’ai pas la culture du chef, ça ne me dérange pas outre mesure, dans cette période au moins. Je suis d’un optimisme plus qu’incertain sur le fait que nous ayons en novembre un grand leader… Les moyens leaders qui auront été écartés du premier secrétariat renonceront difficilement à tenir leur boutique perso. Ce n’est pas la moindre raison qui me fait aller à ce congrès, comme les armées italiennes en 40, avec deux marche-arrière et une seule marche-avant. Mais surtout, motus, pas un mot à personne.

Cette absence de leaders est pourtant une des clefs des deux sondages. A droite, il y a un chef, une vérité, et même si cette vérité est un mensonge, elle passe plus facilement qu’une vérité modulée à la « sensibilité » de nos leaders et de nos motions, le terme « sensibilité » me sortant d’ailleurs par les yeux. Il y a à gauche dix « sensibilités » et il n’y a à droite qu’une force. Insensible, mais forte, donc lisible.

En médecine, on dit que pour qu’un message « passe » et qu’une attitude de prévention soit acceptée, il faut au moins trois choses : – que le message soit énoncé par une autorité médicale (exemple : un cancérologue disant à la télé « le tabac cause le cancer ») – que les « petits médias » relayent le message (vitrine du pharmacien, rubrique santé du quotidien local…) – que votre plombier soit mort d’un cancer du poumon ou ait été sacrément mis à zéro par les traitements qu’il a reçus.

Pour que le parti socialiste soit audible, il faut sans doute – le (la) leader(e) – des médias ouverts au débat d’idées – des militants et des élus jouant le rôle du pharmacien, sur le terrain, avec à la fois des propositions concrètes et des idées, des messages, faciles à comprendre, faciles à reproduire.

Quant au plombier, ça malheureusement, on l’a déjà et à quelques millions d’exemplaires. Le plombier, la plombière, son fils largué à l’école, sa fille qui a un grain et qui boit, sa belle-mère en maison de retraite, son cousin qui cherche un boulot…

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