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C’est une phrase de l’éditeur allemand Fischer, prononcée à l’instant par Robe-Grillet sur France-culture.

-« En quoi consiste le mêtier d’éditeur ? »
– « Eh bien, à la réflexion.. A publier des livres dont le public ne veut pas ».

Robe-Grillet cite la phrase avec délectation. Gaston Gallimard venait de lui refuser un livre « parce qu’il n’y a pour cela aucun public » quand il a entendu l’éditeur Allemand la prononcer.

Je cite une phrase au vol de cette rediffusion de France-culture, un peu comme j’enverrais une carte postale de ma vie « ici ».

« Ici », c’est à quelques encablures de Bordeaux, là où je viens de transporter mes pénates, pour deux à trois semaines : aucune confidence ne vous sera décidément épargnée.

En face de moi, très en contrebas de ma fenêtre, la plage, remplie à touche-touche, et que je regarde à cette heure de plus en plus comme les singes dans les zoos regardent les humains passer devant leur grille : on sait qu’il y a une parentée, mais on ne sait plus très bien qui regarde l’autre.

Pour tout dire, je déteste la plage à l’heure où il n’y a guère d’autre choix que de s’y allonger, mal à l’aise, ne pouvant pas davantage lire que parler commodément à son voisin. Ne la sauvent que les groupes d’enfants qui sautent dans la bordure d’écume et dont les cris montent avec le vent jusqu’à mon ordi.

Je reviens à France-cul, que j’appelle ainsi par dérision autant que par affection. Employée aux « choses de la vie » (ranger, ménager, préparer, ordonner, désordonner, faire semblant…), je m’y réfugie comme chez un vieill ami poussiéreux. L’été surtout : c’est l’heure des rediffusions et des élucubrations variées. Tout à l’heure, un débat sur « la responsabilité de l’écrivain », centré sur la Drieu la Rochelle, ensuite Robe-Grillet (du moins je crois avoir reconnu sa voix, j’étais occupée ailleurs quand l’émission a été annoncée). Combien sommes-nous à nous réjouir de ces débats, à aimer occuper « le temps de cerveau disponible » pour autre chose que vendre des espaces publicitaires ?

Beaucoup plus qu’on ne croit, ou qu’on fait semblant de croire. A force de gaver les gens de stupidités diverses, on assure qu’ils n’aiment que cela. C’est incontestablement une part de cette dépression larvée, de cette angoisse latente qui se résout (ou plutôt s’anesthésie) dans les médicaments, l’alcool, la drogue, les jeux …

Propos de privilégiée ? C’est bien sûr la question et je suis capable de plaider une réponse ou son inverse. L’âge, aussi. Cette « maturité » faite de distance et d’intériorité qu’il me semble avoir reçue.. presque au berceau.

Ce genre de billets, plus journal que blog, je ne le mets par d’ordinaire en ligne. Mais c’est le privilège des vacances de changer d’être et de paraître

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