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On connait la réponse : « Tais-toi, et rame… »

Eh bien, on est en plein dedans : l’Europe rame et tarde à faire envie. Nombreux sont ceux auxquels j’apprends qu’il y a dans 6 semaines des élections européennes. Les partis sont taisants, plus empêtrés d’eux-mêmes que de grands projets. On ne les a vraiment entendus qu’au moment de la composition des listes, moment de très petite gloire, à gauche comme à droite, si bien qu’on a voulu vite oublier.

Et pourtant ! Ce qui est fait autant que ce qui reste à faire devrait mobiliser les énergies. Nous parlions vendredi dernier avec la « Gauche européenne 33 » de santé. J’avais intitulé l’exposé « De la santé en Europe à l’Europe de la santé » pour montrer qu’en ce domaine aussi, il y avait beaucoup à ramer. Et qu’en plus il manquait le rameur.

Le sujet est a priori austère : l’Europe a, en matière de santé, des « compétences » mais elle n’a aucun pouvoir. Elle ne peut que susciter, accompagner, soutenir. Elle ne peut pas contraindre. La santé demeure un domaine régalien des Etats, qui n’en font pas tous, loin de là, le meilleur usage. A preuve notre dernière loi « portant réforme de l’hôpital », dissolvant le service public quand jamais dans ce domaine il n’a été si nécessaire.

Par des moyens détournés, sous la pression des événements (par exemple, l’épidémie de vache folle) ou des mécanismes (par exemple, et surtout, l’engrenage consécutif au principe de mobilité des personnes et des biens), l’Europe a pourtant fait beaucoup de choses pour notre santé et pratiquement que des bonnes choses.

Vous séchez ? C’est normal : 95% des Français en font autant. Ils ne voient en l’Europe qu’une grosse machine à calculer libérale, capable de vendre au marché jusqu’à la pharmacie familiale. Et ils n’ont qu’à moitié tort : tant qu’il y aura en Europe une majorité de droite, il y aura une politique de droite. M de La Palisse n’aurait pas dit mieux, mais justement nos candidats aux élections européennes ne parlent guère de ce hobereau trop oublié.

A moitié tort, disais-je, car nous sommes en matière de santé, redevables à l’Europe de très belles avancées :
– la validité des diplômes pour toutes les professions de santé dans tout le territoire européen. Ce n’est pas totalement sans effets délétères, mais très majoritairement, les conséquences sont positives et font élever le niveau des professionnels et des études dans les pays les moins en pointe, sans aucunement le faire baisser dans les autres.
– la dispositive REACH de sécurité sanitaire : les industriels sont aujourd’hui obligés de démontrer l’innocuité des substances entrant dans leurs produits pour qu’ils puissent être mis sur le marché. Aucun pays n’aurait réussi à l’imposer tout seul : timidement, on tentait, ici ou là, de demander gentiment aux industriels de retirer les produits dont on avait démontré la toxicité. Cette « inversion de la preuve » est si révolutionnaire, que la dispositive REACH est attaquée de toutes parts…
– la mise en place d’une autorisation européenne de mise sur le marché (AMM) : elle ne concerne pas encore tous les médicaments, mais elle répond à une évidence : un gosier calabrais n’avale ni mieux, ni plus mal une pilule qu’un gosier finnois. C’est une image bien sûr, je veux dire que la toxicité comme les bénéfices des médicaments sont les mêmes ici ou là. Et le fait de présenter le dossier devant une administration au lieu de 27 accélère le processus et en diminue considérablement le coût.

Je pourrais continuer longuement, ce qui n’est pas l’objet d’un billet dans un blog. Pourtant, j’ai gardé en joker, la plus belle, la plus utile pour chacun de nous, des réalisations européennes en matière de santé.

Vous séchez encore ?

Alors là, franchement, c’est pas bien.

Ce petit « détail » qui change beaucoup de choses c’est celui-ci : avec votre simple carte vitale, et même vos simples papiers d’identité, si vous avez un infarctus à Innsbruck, un fracture du fémur à Fribourg, un panaris à Prague, un livedo à Lisbonne, une uvéïte à Uppsala … vous serez remboursés de vos soins

– sans accord préalable pour tout ce qui est consultations, achat de médicaments.. – avec accord préalable pour tout ce qui impose une hospitalisation, en dehors de l’urgence

Ce léger détail a non seulement sauvé des vies, mais les a simplifiées dans des moments où ça fait du bien de faire simple et de faire vite. Il reste vrai que si vous avez une double fracture du bassin, doublée d’un état diabétique, sur fond d’insuffisance rénale, le tout compliqué d’impétigo, à Plovdiv, à Marsala ou à Vezprem, qui ne sont pas des hauts lieues de villégiature mais quand même, mieux vaut téléphoner à la maison de venir vous chercher dès l’urgence passée…

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