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Je lis avec émotion le livre de Brigitte Ayrault « Un chemin de femme ». Avec émotion parce que j’ai eu la chance de la connaître et de travailler avec elle ; la chance aussi de faire partie du Gouvernement de Jean Marc Ayrault, Premier Ministre de 20012 à 2014. Deux années qui furent importantes, pour bien sûr, mais aussi pour moi, importantes et heureuses, dans une atmosphère de travail toujours positive avec le Premier Ministre et son cabinet et, plus proche, avec mon équipe ministérielle, unanimement transformée en « gang » de militants de l’âge et de la transition démographique.

Son livre ressemble à Brigitte : sérieux, précis, parfaitement écrit, totalement dépourvu de portraits assassins comme de révélations de coulisses (amateurs de scandales, s’abstenir absolument) ; il est vrai et naturel, comme elle l’est aussi, mais toujours à la hauteur de la fonction d’épouse du second personnage de l’Etat qu’elle fut pendant deux années. Pour autant, il n’est pas lisse et pour qui saura le lire, révèle les contrariètés, les regrets, d’une vraie femme politique, engagée très tôt et engagée toujours.

Pendant ces deux années ministérielles, nous avons essayé d’aborder les questions cruciales liées à l’âge, des EHPAD à la « siver économie ». Dans le groupe de tête de ces questions, celle de l’isolement social des âgés et pour cela nous avons lancé une « MObilisation NAtionale contre L’ISolement des Agés » que la structure des mots fit évoluer en « MoNaLisA ». MonaLisa prit d’abord la forme d’une association (elle l’est toujours) mais était appelée à devenir une politique publique si le temps nous en avait été donné. De nombreux associations furent engagées de même que des structures publiques comme l’Union des CCAS. Je proposai alors de demander à l’épouse du Premier Ministre d’être l’ambassadrice de cette mobilisation. Bien que jusqu’alors principalement engagée auprès des jeunes, elle accepta.

Nous firent donc ensemble des déplacements nombreux et variés, service civique, grandes firmes d’informatique, lieux culturels ouverts spécialement à des âgés isolés, tout fut l’occasion d’embaucher des acteurs très différents dans cette mobilisation nationale. Les jeunes diraient « que du bonheur » et en effet ce fut le cas.

Je ne raconterai qu’un de ces déplacements, auprès d’âgés (majoritairement des femmes) dont la vie s’était presque exclusivement déroulée en milieu minier. Accompagnés chacune de « leur » jeune du service civique, elles ont témoigné du rôle essentiel qu’ils avaient désormais dans leur vie et, tous ensemble, nous avons visité le musée de Laens, récemment inauguré et dont la ville de s’enorgueillissait avec raison.

Moment exceptionnel que Brigitte transforma en aventure en invitant les participants à déjeuner à l’Hôtel Matignon. Ce qui fut dit fut fait et un petit autobus débarqua quelques semaines plus tard dans ce lieu prestigieux. 

Visite du palais et du jardin, déjeuner détendu sans formalités, ni familiarités excessives, où les langues se délièrent. Je crois me souvenir qu’aucun des convives de n’avait précédemment visité Paris mais tout le monde se sentait à l’aise autour de la « Première Ministre ».

Brigitte évoque ce souvenir et notre émotion commune devant les simples témoignages d’une vie laborieuse mais fière.  j’y ajoute une phrase qu’elle n’a pas entendu. En rejoignant le bus du départ, une des visiteuses se retourna vers la façade de l’admirable hôtel Matignon, puis vers moi avec ces mots

– « On peut pas dire, mais c’est quand même beau Paris ».

Merci, Brigitte, pour ce moment …

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