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La maltraitance des âgés est multiforme ; mais, comme la République, elle est une, indivisible et indiscutable. Elle se résume bien souvent au non respect des droits fondamentaux.

Droit à la vie privée, droit d’aller et venir librement, droit à la propriété… Consultez la liste, c’est dans tous les cas une utile révision. J’y ajoute les droits des malades qui devraient faire partie de ces droits fondamentaux.

Les évidences méritent d’être répétées : les âgés sont des adultes comme les autres. Renouant avec la tradition et le respect dû aux anciens on peut même dire qu’ils sont des adultes plus que les autres et quand ils n’ont plus la force de faire respecter leurs droits, c’est à nous de le faire pour eux.

Un des droits les plus en danger est celui de la liberté d’aller et venir. Dans combien de maisons de retraite et d’EHPAD cette liberté est contrainte, le plus souvent d’ailleurs pour d’excellentes raisons mais qui toutes ont leurs limites.

La raison la plus souvent évoquée est la sécurité : un âgé troublé, oublieux, peut se perdre. Un âgé fragile, maladroit dans sa marche, voyant ou entendant mal, peut tomber, avoir un accident. Tout cela est vrai. Mais, pour cela, est-il dans tous les cas légitime de l’empêcher de sortir pour retrouver ses amis au bistrot ou tout simplement pour prendre l’air et retrouver les bruits et les odeurs de la ville ?

Lui seul peut en décider. Ou, si nécessité médicale, son médecin. Et encore dans ce cas peut-il outrepasser son avis en déchargeant la responsabilité de celui-ci, comme peut le faire un hospitalisé qui demande une autorisation de sortie et se la voit refuser.

Oui, je sais, il y a des cas où le libre arbitre est compromis : cela relève alors de dispositions légales d’un autre ordre.

Je sais aussi : je pose les principes et ceci n’exclut pas que l’on puisse conseiller à l’âgé de ne pas sortir, lui proposer de l’accompagner ou de remettre son déplacement à un moment où les conditions extérieures de temps ou de luminosité seront meilleures. Mais, en fin de compte, la décision lui revient. Il est libre.

Le maître-mot est lâché. La « maltraitance » prend bien d’autres formes. Celle-ci en est comme une épure. C’est vraiment l’affaire de chacun de considérer chaque « grand âgé » d’abord comme un grand adulte, majeur et vacciné. Et en premier lieu, l’affaire du législateur.

J’y travaille.

 

 

 

Comments 12 commentaires

  1. 13/07/2012 at 10:11 jps

    oui , bien sur, ceci est constat auquel on adhère mais quelles mesures concrètes proposées vous ?
    Par ailleurs le gouvernement envisage une hausse de la CSG est tous s’accorde à dire, à l’instar de Delevoye (président du conseil économique sociale et environnementale) sur LCP que ce seront les retraités qui seront les plus touchés car ils ne bénéficieront pas mesures compensatoires, notamment prévues pour certains actifs.

    Pourquoi ne pas rendre la CSG progressive suivant les revenus ?

    Par ailleurs la cours de compte préconise de taxer les livret A qui sont principalement tenus par des personnes agées

    j’ai voté socialiste mais si ces dispositions sont appliquées , je m’en souviendrai dès les prochaines élection. Ne nous décevez pas.

    A vous lire (et sans langue de bois) , cordialement

    • 24/07/2012 at 18:25 Puma

      Madame,
      Tous ces droits dont vous parlez ne peuvent s’exprimer que si le premier des droits de l’Homme est respectée: le droit à la vie. Hélas ce n’est plus le cas aujourd’hui avec la loi sur l’avortement. Il devient dérisoire de vouloir défendre des droits quand le premier d’entre eux est ainsi bafoué. Et oui, les enfants dans le sein maternel ont eux aussi besoin de nous car pour eux également on peut écrire : « quand ils n’ont plus la force de faire respecter leurs droits, c’est à nous de le faire pour eux »

  2. 13/07/2012 at 15:29 jps

    le gouvernement envisage une hausse de la CSG et tous s’accordent à dire, à l’instar de Delevoye (président du conseil économique sociale et environnementale) sur LCP que ce seront les retraités qui seront les plus touchés car ils ne bénéficieront pas mesures compensatoires, notamment prévues pour certains actifs.

    Pourquoi ne pas rendre la CSG progressive suivant les revenus ?

    Par ailleurs la cours de compte préconise de taxer les livret A qui sont principalement tenus par des personnes agées

    j’ai voté socialiste mais si ces dispositions sont appliquées , je m’en souviendrai dès les prochaines élection. Ne nous décevez pas.

    A vous lire (et sans langue de bois) , cordialement

  3. 13/07/2012 at 18:55 critique critique

    Merci madame pour votre écoute constante.

    Je vais être un peu à côté de votre propos mais il me semble que la question fondamentale que vous posez reste malheureusement bien théorique .
    Je serai plus triviale.
    Si l’on se promène dans les couloirs des EHPAD on peut constater que la grande majorité des personnes sont sur des fauteuils roulants , dans un état souvent épouvantable,
    dans l’impossibilité de mouvoir leur fauteuil et totalement dépendantes et ce au sens premier du terme, de la disponibilité du personnel pour pouvoir regagner un lieu ( si tant est qu’elles aient la possibilité de manifester où elles souhaitent aller, ce qui est quand même parfois le cas).
    Je sais bien que tout n’est pas une question de moyens mais dans ce cas il y a causalité entre moyens en personnel et choix du lieu où veut se rendre la personne résidente (pousser un fauteuil prend du temps)
    Je me permettrai d’ajouter , toujours sur cette question des moyens , que le premier poste budgétaire sur lequel rognent les établissements ce sont les activités d’animation, des activités susceptibles de permettre aux personnes âgées de cultiver leur autonomie intellectuelle. Si j’ai bien compris les »normes » budgétaires encouragent cela.

    • 14/07/2012 at 21:53 Colette

      Maman, qui était devenue physiquement assez dépendante sur le plan de la motricité mais ne perdait aucunement la tête me prit un jour à témoin de ce qu’elle venait de subir dans la maison de retraite où elle était. Elle m’exprimait l’injustice, l’infantilisation, l’humiliation reçue aussi. Je la savais pas toujours facile à vivre, mais là je lui donnais pleinement raison dans ses récriminations envers le personnel et le lui dit au téléphone.
      Le matin même, la personne qui devait passer pour faire sa toilette puis l’aider à s’habiller n’était pas passée à l’heure. Une demi-heure, puis une heure passant, peut-être plus, je ne m’en souviens plus, maman décida de procéder par elle-même. Bon an mal an elle se fit une toilette de chat dans le lavabo, puis s’habilla. Elle pouvait y arriver en prenant du temps, or du temps elle en avait. Plus tard est passée l’employée qui ne voulut rien savoir, ne tint aucun compte de ses remarques et refus. Elle la contraignit à une nouvelle toilette. Même si maman n’était pas propre comme un sou neuf, sa dignité n’exigeait-elle pas qu’on attende le lendemain pour procéder à une vraie toilette ? Maman n’avait pas de problème de peau particulier ou autre exigeant des soins plus stricts. J’entends encore sa voix me racontant cet épisode, qui fut à mes yeux une maltraitance, un manque de respect flagrant.

  4. 15/07/2012 at 18:00 ubu

    Il faut quand même raison garder !
    Le législateur et le politique ne peut pas tout. Il appartient à chacun d’entre nous de ne pas se décharger de ses responsabilités à l’égard de ses aïeux. L’État, c’est nous tous.

    @ Colette,
    Allez porter votre ressentiment et celui de votre maman auprès de la personne que vous incriminez.
    @ Michèle,
    La Loi existante est applicable  » erga omnes « . Nul besoin de texte supplétif, juste une circulaire de son rappel à l’attention des dirigeants d’EHPAD suffira sous le bienveillant contrôle des DRASS et des Conseils Généraux.
    Pour le reste, un dispositif complet sur l’autonomie ( Prévention, suivi des risques liés à l’avancée en âge ; à la condition de vie, tout simplement) sont attendus.

    Bon courage !

  5. 15/07/2012 at 18:49 moulinier

    ubu, comme d’hab, sait tout et est plus intelligent que le reste de l’humanité, surtout que les responsables politiques qui probablement pour lui sont nés bêtes et n’ont rien appris depuis. Surtout quand ils sont de gauche et n’ont pas la science infuse comme ses copains ump.
    Merci, ubu, merci!

  6. 15/07/2012 at 19:06 Klaus Fuchs

    Ce billet met l’accent sur un sujet brûlant malheureusement sacrifié par tous les gouvernements successifs depuis des décennies. Je me permets de signaler à la nouvelle ministre un document établi à la demande du Comité directeur des Droits de l’homme du Conseil de l’Europe à Strasbourg et qui contient un trésor d’informations sur la situation des droits des personnes âgées:

    https://www.coe.int/t/dghl/standardsetting/hrpolicy/other_committees/cddh-age/Document_CDDH_AGE/CDDH_

    On y voit surtout qu’un regard au-delà des frontières de l’hexagone peut être très enrichissant. Beaucoup de chemins mènent à Rome!

  7. 15/07/2012 at 19:13 Klaus Fuchs

    Et j’ajoute un (r)appel du Commissaire des Droits de l’homme auprès du même Conseil de l’Europe qui s’érige contre la discrimination des personnes âgées:

    https://commissioner.cws.coe.int/tiki-view_blog_post.php?postId=202&blogId=2

  8. 15/07/2012 at 19:30 PdeT

    en voyant votre post sur le sujet du suicide (facebook), je me suis dit que j’avais peut-être un témoignage à vous apporter. 

    J’ai en effet fait mon service civil en Belgique en tant qu’objecteur de conscience (j’ai la double nationalité et à l’époque les français mettaient encore les objecteurs en prison) pendant 2 ans dans une maison de retraite pour très agés (moyenne d’âge 85 ans, une centaine de lits) ; la plupart étaient valides et lorqu’ils ne l’étaient plus, un autre bâtiment médicalisé les recevaient, accolé au premier et directement relié par un couloir au 1er étage (que les pensionnaires surnommaient entre eux ‘le couloir de la mort’…).
    Bien qu’il ne s’agissait pas d’un établissement privé mais public, les conditions de vie et l’encadrement étaient irréprochables.   Les pensionnaires avaient la faculté de personnaliser leur chambre avec du petit mobilier amené de chez eux, des activités et des sorties étaient organisées régulièrement.
    Pourtant il ne se passait pas une semaine sans que nous ayons un décès, et ces décès n’étaient très généralement pas du à une pathologie existante qui aurait empiré. 
    Elles étaient plutôt le fait d’un collapsus généralisé des fonctions vitales, d’une anémie qui les mettaient à la merci de la moindre grippe, bronchite ou autres infections.
    Au bout de quelques mois, j’ai fini par remarquer que c’étaient surtout les nouveaux arrivants qui étaient touchés et j’en étais venu à me dire que s’ils tenaient 2 ou 3 mois, c’était gagné.  Effectivement nous comptions de nombreux pensionnaires qui étaient dans l’institution depuis plusieurs années et ce n’est pas dans leurs rangs que se manifestait la plus forte mortalité, loin s’en faut.

    Pour reboucler sur votre question, nous n’avons jamais eu de suicides à proprement parler, sinon passifs (refus de s’alimenter, de se lever).  Non, tout simplement ces gens se laissaient mourir de désespoir et de solitude suite à un changement trop brutal de leur conditions de vie et de leurs habitudes, incapables de les surmonter.

    Alors que faire ?

    – sensibiliser fortement les familles et le personnel à cette phase d’adaptation cruciale ;

    – renforcer les activités qui permettent à la fois de s’évader en pensée et de tisser des liens avec les autres pensionnaires ;

    – nouer des partenariats avec les écoles pour imaginer des activités, des sorties conjointes : je n’ai jamais vu mes pensionnaires plus heureux que lorsqu’il y avait des enfants autour d’eux, peu importe qu’il s’agisse de leurs petits-enfants ou pas.  Car les jeunes enfants ont, mais ce n’est pas le seul intérêt de leur présence, un autre regard sur les âgés : ils ne les regardent pas comme les adultes, qui même à leur corps défendant, les regardent comme ‘hors du jeu’, ‘en fin de course’, ‘inutiles’, non, les enfants les regardent comme des aînés qui possèdent l’expérience de la vie, la mémoire du passé, choses assez mystérieuses et intrigantes quand on a 8 ans.  Ce prestige, cette reconnaissance qu’on leur refuse ailleurs leur est précieuse si pas vitale.  Cela sans oublier que les enfants savent que les âgés sont plus disponibles, plus à l’écoute que leurs parents, accaparés par les soucis de la vie quotidienne : ils font des meilleurs confidents et des meilleurs partenaires de jeu.

  9. 16/07/2012 at 15:17 ubu

    Merci à Klauss Fuchs de rendre public les documents de travail qu’il communique à son épouse.

    @ Moulinier, Ubu t’en prie.

  10. 16/07/2012 at 15:33 Klaus Fuchs

    Ces documents du Conseil de l’Europe sont tous accessibles ci-dessus. Pourquoi alors cette question d’Oubou?

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