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Je vous ai déjà parlé de ma grand-mère. Femme d’avant-garde, elle était écologiste bien avant qu’Alain Juppé ne soit l’ébauche d’une promesse pour la France.

J’en ai une fois encore la confirmation ce soir: adepte du télé-travail, elle avait tout compris de ses bienfaits, longtemps avant le député Poisson, et jusqu’à l’éminent Frédéric Lefèvre, pourtant progressiste entre les progressistes en ce qui concerne les avancées sociales.

Télé-travail, ma grand-mère ? Et que bien sûr ! Travail à distance de toute entreprise pouvant l’informer, la protéger, la relier au monde, sans heures comptées, pour un chiche salaire, ma grand-mère faisait des broderies pour les jupons des bourgeoises du chef-lieu.

D’accord, ce n’était pas devant un écran mais une sorte de rond de jonc qui permettait de tenir « l’ouvrage » tendu. Parce qu’à l’époque, c’est ainsi qu’on disait « avoir un ouvrage dans les mains », et dès qu’on en avait fini de tous les autres travaux, on le prenait, on s’affairait pour quelques sous de plus. Travailler plus pour gagner un peu moins. Quand je vous disais que ma grand-mère avait déjà tout compris.

Pas tout pourtant : les congés payés, les congés de maternité, les congés pour accidents du travail, n’existaient pas, elle ne pouvait pas même deviner le surcroît de créativité que le grand Fréderic Lefèvre, voix de l’ump, a apporté hier au projet de loi Poisson que nous débattons à l’Assemblée.

« Cheveux longs, idées courtes », l’appelions-nous jusqu’alors. Quelle erreur ! Frédéric Lefèvre voit loin, mais malheureusement en arrière. Il a inventé hier le congé au travail. Oui, les salariés pourront désormais librement, gaiement, c’est-à-dire sur la base d’un joyeux et dynamique volontariat passer leurs congés devant leur ordi, à faire du travail à la tâche. Surcroît de factures qu’ils n’ont pu écluser jusque-là, fichiers clients et pourquoi pas centre d’appel entre deux pauses d’allaitement, ces salariés heureux pourront continuer à alimenter les actionnaires et à creuser le différentiel entre leur salaire et celui de leur patron.

Tout ça, ma grand-mère le connaissait, ordinateur en moins, mais elle ne pensait pas qu’après un siècle de luttes sociales, les députés ump en reviendraient à ces bonnes vieilles pratiques qui ont fait leur preuve une vingtaine de siècles durant.

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