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J’ai eu le privilège au cours de ces dernières semaines d’un long entretien avec Jean-Marie Delarue, contrôleur général des lieux de privation de liberté, qui rend public aujourd’hui son rapport d’activité 2013.

Lors de cet entretien comme à l’occasion de la remise de son rapport, cette personnalité éminente et unanimement respectée pour la pertinence de ses recommandations (la dernière à propos de l’état des Baumettes à Marseille) a évoqué avec moi la possibilité d’intervenir dans les EHPAD (Etablissements d’Hébergement des Personnes âgées Dépendantes) dont on sait que certaines, nombreuses, comportent des unités fermées pour les malades d’Alzheimer.

Il conçoit cet éventuel élargissement de son champ d’action dans une perspective de prévention. Des inspections administratives sont possibles en EHPAD (diligentées par les Agences Régionales de Santé (ARS) et/ou les Conseils généraux) mais reconnaissons qu’elles surviennent souvent à la suite d’incidents ou d’accidents et d’événements considérés comme relevant de la maltraitance. La possibilité d’une visite inopinée du contrôleur général constituerait en effet un message de vigilance susceptible de prévenir et d’éviter des comportements non adaptés ou de voir perdurer des locaux inadéquats.

Pourtant, cette proposition qui a d’ores et déjà le mérite de poser des questions essentielles sur la liberté et les droits des résidents, se heurte à la fois à des difficultés concrètes et à des questions que je qualifierais de déontologiques.

Tout d’abord les lieux « privatifs » de liberté constituent par définition des lieux où l’on entre contre sa volonté. Une révision de cette définition imposerait un recours à la loi et il faudrait sans doute compléter par « lieux privatifs » par « lieux privatifs ou limitatifs de liberté ».

Mais une première question est tout de suite posée : le consentement d’entrer des âgés est-il toujours plein et entier ? Les conditions du recueil de ce consentement sont-elles bien celles dans lesquelles on reçoit le « consentement éclairé » des personnes entrant dans des essais de recherche clinique et ce consentement répond-il à sa pleine définition? Ma réponse est : nous pouvons et nous devons améliorer les unes et l’autre. Je compte beaucoup sur notre loi d’adaptation de la société au vieillissement pour avancer dans ce domaine. Les droits des âgés sont les droits de toute personne humaine mais ils doivent être explicités pour toutes les circonstances spécifiques qu’elles sont amenées à connaître. Celle-ci en est une et pas la moindre.

Par ailleurs, et c’est un point majeur au regard de la diversité des EHPAD mais plus encore de la diversité des résidents et de leur état cognitif, est-il plus adéquat d’assimiler ces établissements à des lieux limitatifs de liberté ou seulement considérer  individuellement les droits des personnes, sans considération du lieu ?

Dans l’état de nos règlements et de notre perception du grand âge, ma faveur va à la deuxième proposition. Considérer le lieu en soi comme limitatif de liberté aurait deux conséquences fâcheuses.

Il s’agirait d’un signe peu encourageant pour les âgés eux-mêmes de penser qu’ils sont susceptibles d’entrer dans un tel lieu ainsi défini, eux qui ont vécu jusqu’à un âge avancé avec leur pleine autonomie, dans un domicile qui leur était propre et qui, bien souvent, ont eu à traverser des moments (je pense en particulier aux guerres) où ils ont été amenés à défendre leur liberté.

De plus, comment le vivraient les personnels de ces EHPAD ? Ils ont, à tous les niveaux, un métier difficile, exigeant où le dénominateur commun de leur engagement est de conserver aussi longtemps que possible, voire d’améliorer l’autonomie des résidents ? Ne serait-ce pas là aussi un mauvais signe que d’assimiler le lieu de leur exercice comme un lieu limitatif de liberté et non comme un lieu où tout est tenté pour la préserver ?

Mon échange avec M. Delarue a été parfaitement positif. Il n’a méconnu aucune de ces réserves et n’en a écarté aucune. Nous avons parlé des portes fermées, des unités fermées, des digicodes, de la possibilité de dispositifs de géolocalisation pour retrouver des résidents égarés. Sans tabou. Pour ma part la liberté de chaque résident, à tout instant et quel que soit son degré de perte d’autonomie, doit être l’astre supérieur qui commande chacune des décisions et des pratiques (portes fermées, dispositifs de géolocalisation…) en EHPAD. Comme partout.

 

 

 

 

 

 

 

Comments 24 commentaires

  1. 25/02/2013 at 12:26 brigitte Beulaygue

    Madame
    Vaste sujet que vous évoquez. On ne doit pas seulement regarder la problématique des personnes atteintes d’Alzheimer mais bien s’interesser à l’ensemble des seniors.
    Le hanidcap, la douleur, la vieillesse sont des facteurs qui fragilisent les seniors, la relation à l’autre ( aidant familial ou professionnel) devient une relation de dépendance et peut entrainer parfois une perte de liberté. La semaine dernière, j’ai pu vivre 2 situations qui m’ont profondément affectées. certes les personnes étaient en total sécurité mais à quel prix, on décide pour elles, on les « rangent » le long d’un mur face à une fenêtre ou pire on les met dans une salle pour que les personnes atteintes de troubles cognitifs ( legers) parlent entre elles. En parlant, Madame « C » qui a certes quelques troubles de mémoires, j’ai vu dans ses yeux toute sa tristesse. Son médecin, la responsable ont décidé de la mettre là 1 fois par semaine, madame « C » n’a que la liberté de suivre le mouvement imposé… le résultat est terrible, elle que je connais depuis plus d’un an, s’éteint jour après jour… sa liberté s’envole, sans liberté à quoi bon vivre.
    Oui il faut apporter la sécurité aux plus fragiles mais attention à l’abus de pouvoir sous prétexte de prendre soin d’eux…. Dignité, liberté sont des mots qui vont bien ensemble et je trouve personnellement indispensable que l’on puisse faire des contrôles en tenant compte de la liberté et de la dignité apportées aux seniors.
    il y a vraiment du boulot…. bon travail!
    l’attention que l’on porte à nos anciens doit être le reflet de notre société!

    • 02/03/2013 at 16:33 Catelyne

      Bonjour,
      Pour me situer : j’ai accompagné ma mère qui était atteinte de la maladie d’alzheimer un temps à domicile et un long temps en établissement.
      Personnellement, il me semble que d’une certaine façon, la perte d’autonomie, comme la maladie, à tout âge de la vie, est « restrictive « d’une certaine forme de liberté.
      Pour moi, on ne peut parler de « liberté en Ehpad » sans prendre en compte l’ensemble des problématiques des ehpad et de « la perte d’autonomie » importante des résidants y entrant au jour d’aujourd’hui ( handicaps sévères- plus de 80% ont des troubles cognitifs) .
      Il me semble qu’en fait il y a plusieurs niveaux de liberté intimement liés et qui peuvent poser question:
      1) Le choix de l’entrée en ehpad
      * la personne âgée en perte d’autonomie a t-elle réellement
      le choix de l’entrée en Ehpad.
      * la famille, plus spécifiquement l’aidante familiale qui
      faute de moyens financiers suffisants pour faire davantage
      appel à des professionnels passe de 20 heures par
      semaine,voire beaucoup plus, à l’accompagnement de son
      proche, arrivée à un degré d’épuisement (risque pour sa
      propre santé sans compter le risque de maltraitance) a
      t-elle réellement de ne pas faire entrer son proche en
      ehpad ?
      2) La liberté individuelle de chaque résident qui, à mon sens,
      découle du choix de l’établissement, du contrat de séjour et
      du projet de vie individualisé.
      * Le choix de l’établissement n’est-il pas souvent limité
      par la situation géographique de l’ehpad, les places
      disponibles, les tarifs?
      * Le contrat de séjour est-il vraiment compréhensible par
      tous ?
      * Le projet de vie individualisé du résident la personne du
      fait notamment du manque d’effectifs n’existe t-il bien
      souvent davantage sur le papier que dans les faits ?
      3) la liberté collective qui elle dépend des conventions-
      tripartites, du projet d’établissement, du règlement de
      fonctionnement, du CVS et autres instances de participation.
      * Le projet d’établissement, règlement de fonctionnement,
      livret d’accueil, le CVS y est-il réellement associé ?
      * Le CVS
      – peut-il dans les faits, faire vraiment entendre la voix
      des résidents, de leurs familles ou de leurs
      représentants légaux et jouer son rôle de propositions?
      – est-il toujours, au jour d’aujourd’hui, complètement
      adapté aux résidents qui entrent actuellement en Ehpad ?
      Cela dit, on pourrait se demander de ce qu’il en est de la liberté du domicile, lorsque les personnes malades et leurs familles voient leur domicile transformé en halle de gare avec le chassé croisé des différents intervenants sans compter l’attente.
      Alors, ne pourrait-on pas aborder cette thématique dans le cadre d’un continuum du soin et du prendre soin du domicile à l’établissement, en prenant aussi en compte le besoin des aidants familiaux, sans en faire pour autant une mesure d’ajustement dans l’accompagnement de la perte d’autonomie.

  2. 25/02/2013 at 13:23 Marc

    Toutes les conditions du consentement éclairé tel qu’elles sont définies pour la recherche clinique sont bien difficiles à respecter pour un malade d’Alzheimer, même à un stade précoce, ou encore quand l’entrée se fait dans l’urgence. Comment progresser, car il faut progresser ?

  3. 25/02/2013 at 16:42 Klaus Fuchs

    Une question qui s’ajoute à cet excellent article et concerne un autre dossier dans le cadre des libertés des personnes vivant en EHPAD ou dans d’autres résidences pour personnes âgées.
    Pendant les campagne électorales les militants diffusant des tracts électoraux se sont souvent fait refuser la possibilité de distribuer leur tracts contenant des informations sur les programmes politiques aux résidents sous divers prétextes avancés par les concierge ou même des cadres plus élevés: « nos résidents ne s’y intéressent pas », « ils n’iront pas voter », « on ne veut pas de politique dans cette maison » et d’autres « arguments » de ce genre. A mon avis , cela viole le droit /la liberté de s’informer des résidents (mais aussi le droit des partis ou candidats politiques d’informer les électeurs). En règle générale ils n’ont pas été mis sous tutelle et ils n’ont certainement pas donné plein pouvoir aux concierges ou cadres de la résidence pour s’exprimer de cette façon. Qu’en est-il? Ne conviendrait-il pas de préciser cette question touchant aux droits civiques dans les textes en préparation?

  4. 25/02/2013 at 16:55 Kantin Gilbert

    Franchement je crois que le M. le contrôleur Delarue, personne très respectable, s’égare.
    Considérer un EHPAD comme un lieu de privation de liberté est un biais de raisonnement. Et le cadrage effectué sur quelques établissements indignes ne permet pas de considérer les lieux de même type comme des lieux carcéraux.

    La liberté a pour pendant l’autonomie, l’expression claire de la volonté, la raison. Toutes choses dont sont privées, à des degrés divers, les anciens que nous accompagnons. Les déments sont placés dans des unités restreintes, car pour eux l’environnement extérieur est un danger mortel. Les besoins les plus basiques étant perturbés (se protéger du danger ou maintenir sa température, pour citer des exemples récents), on ne peut laisser ces personnes sans surveillance constante ni pallier leurs besoins perturbés.

    Toutefois je considère que la liberté d’aller et venir doit être garantie à chaque personne hébergée, quel que soit sont état. Et que devrait être défini, pour chacun et de façon précise, le périmètre au delà duquel on ne peut aller sans être accompagné (par soignant, aidant ou proche).

  5. 25/02/2013 at 17:34 Michele

    lire en complément le dossier du Monde d’aujourd’hui sur le sujet
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2013/02/25/debat-sur-les-restrictions-de-liberte-en-maisons-de-retraite_1838392_3224.html
    et l’article en pages 3 du journal la croix « c’est la liberté qui doit primer »

  6. 25/02/2013 at 18:40 malib

    cette question est vaste et complexe. Elle pose la problématique des modalités de prise en charge des personnes âgées. Du respect de leur dignité, de leur…liberté.
    Peut on évoquer ces thèmes lorsque, dès leur admission en ehpad, nos aînés en perte d’autonomie sont systématiquement dotés de couches la nuit ? Peut on parler de liberté, lorsque certains soignants « forcent » certains résidents à participer à des soit disant activités ? Il existe des exemples par centaines, milliers…oui, monsieur Delarue a raison d’évoquer l’éventualité d’un contrôle de ces lieux.

  7. 26/02/2013 at 11:13 Klaus Fuchs

    Les EHPAD sont-ils des endroits « privatifs de liberté »? Deux critères entrent en jeu: y entre-t-on de son propre gré, avec un consentement éclairé et se soumet-on aux réglements internes des établissements qui évidemment imposent aux résidents certains contraintes (horaires des repas, accueil de visiteurs etc etc) ? A ce moment-là on se prive soi-même de certaines libertés. D’autre part, les endroits dans lesquels on est placé contre son gré: prisons, commissariats de police, hôpitaux psychiatriques fermés: dans ce cas, la privation de libertés s’impose sans consentement de la personne. Les privations de libertés existent donc dans les deux cas et se ressemblent beaucoup, mais dans un cas elles sont librement consenties, dans l’autre imposées. Faut-il pour autant étendre les compétences de M. Delarue aussi aux établissements de la première catégorie? Les contrôles existants (par le Agences régionales de Santé et par les Conseils généraux) ne suffisent-ils pas? That is the question!

  8. 26/02/2013 at 11:37 GUERY Marie-Thérèse

    Il était temps de ce pencher sur ce problème. Pour ma part ma mère âgée de 87 ans se trouve en milieu vu son état de santé. Malheureusement aucun dialogue avec le personnel soignant, c’est l’omerta. Depuis une semaine je demande un RDV au médecin ayant trouver plusieurs fois ma mère allongée parterre, à ce jour pas de réponse. Quand j’ai demandé au personnel d’encadrement si c’était normal qu’elle soit à même le sol on m’a répondu « oui elle se cache ».
    Les chambres sont fermées à clef en permanence, les résidents n’ont donc que le choix d’être assis dans la pièce commune, ou dormir sur une chaise. Quand aux animations elles sont quasi inexistante. Où commence la maltraitance ? Pour cette réforme il serait bien aussi que questionner les familles. l’ARS devrait faire des visites inopinées. Les personnes malades d’Alzheimer sont déjà enfermer dans leur monde, alors faites en sorte d’atténuer leurs souffrances

  9. 26/02/2013 at 12:31 Facon Michel

    Le thème est complexe et je pense qu’avant de reconsidérer la privation de liberté il faut connaître les conditions dans lesquelles ces personnes sont admises dans ces unités (demande du médecin ou de la famille ou demande de la personne) et à quel niveau leur avis est pris en compte. Je connais des cas où les personnes bénéficient d’une HAD à l’initiative de la famille mais où le médecin traitant (et lui seul) demande le placement en EHPAD. Il faut dans ce cas voir où se situe l’intérêt de chacun!

  10. 26/02/2013 at 13:51 Thierry LE BRUN

    Médecin coordonnateur dans 3 EHPAD de Gironde, dont l’un comporte deux unités spécifiques Alzheimer de 14 lits chacune, je me sens particulièrement concerné par ce sujet.
    Je m’efforce, c’est une règle personnelle mais également une obligation légale, de recueillir le consentement éclairé des futurs résidents et ce avant leur admission dans mes établissements.
    L’objectif est en premier lieu sanitaire car une entrée sans consentement ou sans adhésion au projet de vie qui va être proposé lors du séjour débouchera à tout coup sur une altération de l’état de santé, voire parfois sur une issue fatale.
    Je ne peux donc que m’associer à cette volonté de recherche du consentement. Mais parler de privation de liberté est péjoratif et risque d’être fort mal compris.
    M. Delarue a une grande expérience et on ne peut qu’applaudir son travail effectué sur les lieux d’incarcération, mais l’amalgame serait néfaste.
    Pourtant, laisser les situations à l’identique en EHPAD n’est pas une voie raisonnable. Commençons par faire un vrai bilan de ce qui se passe, en prenant bien soin de regarder les procédures d’admission et le fonctionnement de tous les EHPAD, privés à but lucratif, publics et associatifs; toujours faire un diagnostic précis avant de proposer un traitement…
    Les ARS pourraient peut-être se charger de cela au lieu d’intervenir a posteriori, quand une famille se plaint à juste titre ou non.
    Enfin, je termine en affirmant que les EHPAD sont des lieux de vie avant tout et qu’il est nécessaire de les ouvrir sur la cité, ce qui n’est pas incompatible avec la « contention » large des unités spécifiques. C’est ce que nous mettons en application, avec nos petits moyens, dans les établissements où j’interviens.

  11. 27/02/2013 at 12:11 Musset Jean Claude

    On croit rêver à écouter ce Mr Delarue, il a dû aller voir les Ehpad avec son mauvais œil, bien sûr que comme partout il y a des abus, des privations effectives de liberté par la grâce de quelque héritier pressé de libérer un logement et se décharger de l’accompagnement de son ancien. Mais il n’y a pas là de quoi jeter l’opprobre sur toute une profession qui se confronte en permanence aux difficultés des soins quotidiens à apporter à des personnes en âge et qu’il faut accompagner de plus en plus pour tous les soins quotidiens, qu’il faut apprendre aussi à ne pas trop laisser l’affectif vous envahir car il ne se passe que très peu de semaines dans l’année où un de ces anciens que l’on a suivi pendant des mois ou des années, ne quitte définitivement par une porte dérobée l’enceinte de cette « prison » comme il semble appeler ces lieux de fin de vie.
    J’ai malheureusement une expérience précise en ce domaine, à l’Ehpad de St Symphorien, j’ai été un « partenaire  » privilégié, ma mère y a terminé sa vie, pendant que ma femme Danièle que tu as connue Michèle y entrait et y réside encore depuis bientôt 3 ans en unité fermée, Alzheimer.
    J’ai eu et j’ai toujours la chance de partager ma peine avec un personnel dévoué et souvent en insuffisance d’effectifs mais à une très large majorité prêt à s’investir tant auprès de Danièle que de m’apporter aussi le réconfort dont j’avais et j’ai toujours besoin.
    Rien n’est parfait et les ARS doivent redoubler de vigilance, mais je tiens à remercier toutes ces femmes qui prennent leur métier si à cœur.

    • 27/02/2013 at 15:16 Kantin Gilbert

      « mais je tiens à remercier toutes ces femmes qui prennent leur métier si à cœur »

      Merci pour les hommes.

      • 28/02/2013 at 11:29 micha63 Michèle HANOUT

        Il y a tant et tant de points soulevés dans ces divers commentaires que je pourrais écrire des pages sur chacun d’eux ! Les EHPAD je crois que je connais assez bien puisque mes deux vieux parents ont dû séjourner dans TROIS de ces établissements.
        Très âgés (98 ans), leur qualité de vie est plus que médiocre et la santé et lâge ne sont pas les seuls reponsables.
        * La liberté : La question de savoir s’ils y sont entrés de leur plein gré ne se pose évidemment plus ; ils ont courageusement attendu d’avoir plus de 94 ans pour renoncer à « se débrouiller » à peu près seuls. Mais de graves problèmes de santé se sont chargés de les contraindre (et nous les enfants) à ces nouveaux types d’hébergement…
        Ceci étant précisé, il n’en reste pas moins que, même à ce grand âge et très dépendants physiquement, leur esprit reste vif et ils tiennent à vivre « éveillés »jusqu’au bout. Leurs souhaits de rencontrer d’autres pensionnaires, d’assister à des réunions ou conférences, de suivre des activités diverses, de sortir dans les jardins etc…ne sont absolument pas réalisés ! Carrément rivés à leurs fauteuil roulant, ils sont DEPENDANTS d’une personne pour venir les chercher et les reconduire…ils faudrait leur parler et leur annoncer les possibilités de la maison et remplacer leurs yeux très défaillants…ils auraient besoin d’une communication systématique, régulière et complète pour choisir eux-même leurs programmes chaque jour, comme tous les autres résidents, ils voudraient rencontrer régulièrement des responsables, la direction, etc. Les soignats peuvent être qualifiés techniquement…mais la communication reste souvent inexistante !
        En bref, le mot LIBERTE pour eux n’a plus aucun sens : « On » décide pour eux de leur sort et le plus souvent cela revient à les laisser cloués des 1/2 journées entières dans leur chambre !
        (Je suis leur fille -73 ans – en mauvaise santé et vivant à 150 km…Imaginez mon chagrin de ne pouvoir être auprès d’eux plus souvent et surtout de leur offrir l’aide et le soutien dont ils ont tellement besoin…).
        Manque de personnel : c’est certain ; formation insuffisante pour un trop grand nombre : c’est évident ; gestion et organisation de l’établissement : médiocre et peu transparente. J’affirme que les EHPAD PUBLICS manquent de moyens et laissent mourir à petit feu les personnes très âgées.

        *SOLIDARITE : Quel beau mot ! Mais que la réalité est décevante. Mes parents, tous deux anciens enseignants ayant prôné toute leur vie, par leurs actes, l’aide, le soutien et le partage, fervents militants socialistes, ne peuvent qu’être très amers…
        Leurs pensions de retraite toute entière ne suffit pas, leurs enfants doivent contribuer chaque mois à la rémunération d’une personne qui leur rend mille services que l’EHPAD ne peut (ou ne veut)assurer et cela parce qu’ils ne peuvent pas le faire eux-mêmes : Que de chagrin, que de cuplabilité, que de colère aussi !

        OUI, Exigeons de notre société toute entière qu’elle pense et surtout qu’elle participe réellement à améliorer le sort de ses aînés.
        Si le PS n’est pas plus volontariste en ce domaine, c’est désespérant…

  12. 28/02/2013 at 12:02 Klaus Fuchs

    @ Michèle Hanout
    Merci, Madame , pour ce témoignage qui illustre parfaitement le drame humain qui est vécu par tant de personnes, et ils seront de plus en plus pour vivre cela.
    Le seul point avec lequel j’ai des problèmes, c’est votre dernière phrase qui laisse supposer que la situation laisse le PS (ou le gouvernement) indifférents. Je pense que là où Sarkozy s’est limité à faire des grandes annonces en abandonnant le dossier en rase campagne, François Hollande et son gouvernement ont la volonté ferme de mettre en place une vraie politique positive pour les personnes âgées et leurs familles. Beaucoup de choses peuvent être faites qui ne coûtent pas des moyens exorbitants, d’autres par contre posent avec cruauté le dilemme: comment faire dans la situation actuelle marquée par des contraintes budgétaires pour résoudre le problème du financement surtout des EHPAD, mais aussi le maintien à domicile des personnes dépendantes et assurer un vrai soutien pour eux et leur environnement. Les réactions à l’annonce d’une petite contribution des retraités (0,30% !) aux coûts me semblent montrer que les Français ne sont pas encore prêts à reconnaitre le problème et à contribuer à y faire face.

  13. 01/03/2013 at 17:39 francis

    « Les réactions à l’annonce d’une petite contribution des retraités (0,30% !) aux coûts »..
    je ne savais pas qu’une « contribution dépendance » avait été votée, j’avais juste entendu parler d’une cotisation supplémentaire sur les retraités pour tenter d’équilibrer la sécu…

    mon opinion reste que les coûts de la fin de vie peuvent être avancés par la puissance publique et largement repris, lorsque le patrimoine le permet, sur la succession.

  14. 02/03/2013 at 13:59 carole

    ce que je lis est un faux débat….. je suis aide médico psychologique, j’ai travaillé 3 ans en EHPAD… j’en suis partie… frustrée et en colère! Nous ne pouvons faire coreectement notre métier! les EHPAD se servent de nous comme des aides soignantes, nous sommes sensés amener soutient psychologique, accompagner les personne dans leurs gestes, leurs envies dans un projet individuel (personnalisé) … du papier que tout cela! car dans les faits, pas assez de personnel pour pouvoir le faire réellement! L’ARS fait des contrôles, souvent en prévenant… et quand bien même ils contrôlent quoi??? le nombre d’employers en fonction des usagers … y incluant dans les employers les secrétaires , les ASH, les cuisiniers et autres qui n’interviennent pas dans l’accompagnement! Ils ne considèrent pas le nombre d’employers présents par tranche horaire… ce qui donne souvent en » heures creuses » 3 pour 60 personnes!!!!!! et en heures de grande activité 5à6 pour 60 résidents… Je pose la question: dans ces conditions comment répondre aux besoins de chacun , comment répondre à l’envie de sortir? comment être auprès d’une personne lorsque l’angoisse est là? Qu’ils embauchent plus d’aide soignants! et plus d’AMP afin que nos ainés soient plus libres de leur choix et plus accompagnés dans leur besoins.
    Et pour finir … sur 60 résidents, très peu ont choisit de vivre en EHPAD… ce sont les familles , les médecins qui le souhaitent, par soucis de santé ou tout simplement pour ne plus avoir la contrainte familiale de s’en occuper eux mêmes. Je suis dure je le sais, mais la société est telle que nous oublions souvent que ces ainés nous ont éduqués, aimé, accompagné et que faisons nous ? nous nous en débarrassons dans ces lieux définitivement car ils n’en sortent que le jour de leur mort. Beaucoup d’entre eux aimeraient être chez eux… A quand des maison individuelles avec max 5 residents et 2 amp en permanence la journée et des as pour la nuit ??? un accompagnement plus proche d’une vie familiale en respectant leur besoins et envies , se lever tard si l’envie par exemple! Je suis révoltée que cela n’est pas été envisagé, ni mit en place! on va mettre des milliards dans la restauration de monuments, dans l’arts et la culture, dans des campagnes politiques … ces maisons couteraient cheres, peut être mais pensez y! et retrouvons les veritables priorité de la Vie… celles d’accompagner nos ainés jusqu’au bout dans la dignité et en respectant leurs valeurs !

  15. 02/03/2013 at 14:27 Kathy D.

    « La liberté de chaque résident…doit être l’astre supérieur etc » Beau principe!
    Dans la réalité, beaucoup de résidents ,même non diagnostiqués Alzheimer, lorsqu’ils entrent en EHPAD, ne sont pas en mesure de donner leur accord en toute connaissance de cause(et ça ,personne ne l’a dit!). La décision est souvent prise en urgence ,à cause de problèmes de santé tels qu’il n’est plus possible que la personne reste chez elle ou même en maison de retraite non médicalisée . La personne donne son consentement sans savoir ce qui l’attend en EHPAD et généralement ses enfants ne le savent pas non plus. Ce fut notre cas il y a deux ans. A part les familles des résidents, qui sait vraiment à quelles contraintes ,certaines humiliantes(port de couches..), à quelle privation d’autonomie, à quelle solitude sont soumis les résidents d’EHPAD? Si c’est en ce sens que M. Delarue parle de privation de liberté ,il a raison! et parler de limitation de liberté serait un minimum, Madame Delaunay!
    Je ne mets pas en cause le dévouement du personnel, dont le travail est difficile et peu gratifiant. Je rends même hommage à des soignants qui ont réussi à rendre un tout petit peu d’autonomie à ma mère de 98 ans(elle remarche un peu , ce qui est presque un miracle). J’approuve les posts de Brigitte Beulaygue, deMalib et de Michèle Hanout. Certaines autres interventions sont « à côté de la plaque ».
    Toutes les belles déclarations d’intention ne seront que bla-bla-bla tant qu’on ne mettra pas les moyens nécessaires pour qu’il y ait SUFFISAMMENT de personnel ,suffisamment formé et payé, dans les EHPAD. C’est le noeud du problème! la liberté même des résidents dépendants est liée au fait qu’il y ait assez d’AS ,AH, pour les aider à ne pas végéter, enfermés dans leur chambre ,sans rien à faire de leurs journées, sans sorties à l’extérieur.

  16. 02/03/2013 at 20:22 eva33110

    BONJOUR,
    A quant les contrôles sur les associations de tutelles ? pour leurs mauvaises gestions , les ventes immobilières sans préavis vis à vis des familles et des personnes sois disant protégées et réinsérés alors que cela est tout le contraire ! nos personnes âgées qui tombent dans les mains de ses asso sont spoliées , privées de tout , libertés , et toutes ses personnes se permettent de critiquer ou de salir les familles qui dénoncent leurs incompétences dans tout les domaines !! c’est un scandale !
    Mr Jean Luc DELARRUE veut faire contrôler les maisons de retraite qui sont de vrais prisons , mais il faut faire suivre aussi ses contrôles dans toutes les associations de tutelles qui réduises nos personnes âgées en bonne santé , en personnes séniles en les infantilisant par leurs méthodes à eux ! et finalement nos personnes âgées ne comprenne même plus ce qui leurs arrivent !!! ma mère me dit souvent qu’est ce que j’ai fait de mal pour être traité de la sorte ! Vous ne trouvez pas cela abérrants et honteux ! même dénoncé sur nos forums que le ministre Mme DELAUNAY doit lire parait’il ? elle ne parle pas du tout des associations de tutelles souvent dénoncées par beaucoup d’ internautes impuissants face à toutes ses personnes qui continuent à travailler sans impunités et surement protégées
    Mme la ministre si vous lisez mon message ? pourriez vous répondre à toutes mes questions ? je vous remercie.

  17. 04/03/2013 at 12:15 Kathy D.

    Merci à Catelyne pour sa très bonne intervention.
    Excellente remarque sur le manque de liberté à domicile AUSSI pour les personnes âgées dépendantes et a fortiori atteintes de troubles cognitifs.La maladie et la vieillesse sont bien évidemment les premières causes d’une perte d’autonomie.
    Mais je ne comprends pas bien votre dernière phrase. Si vous voulez dire que l’Etat devrait prendre des mesures pour ces personnes depuis l’accompagnement efficace au domicile jusqu’à la section « Alzheimer » des EHPAD en passant par les résidents non atteints de troubles séniles, évidemment ce serait l’idéal et ce que tout le monde souhaiterait. Malheureusement c’est la crise, et de toute façon ,malgré leur nombre fortement croissant ,les personnes âgées restent toujours au second plan des préoccupations des Français actifs et donc du gouvernement ,qui se contente toujours de belles paroles.
    Ce que je critique ,c’est l’accent mis sur l’aide à domicile(et d’ailleurs que fait-on réellement d’efficace à ce sujet?) AU DETRIMENT des moyens accordés aux EHPAD!Car il arrive toujours un moment où il devient impossible de laisser à domicile une personne dépendante, pour les raisons que vous expliquez.

  18. 06/03/2013 at 17:48 champagnon

    UNE PRISON ???…………un abattoir,oui!!

    Notre mere n’a rien demandé et nous non plus…jusqu’ici elle vivait a domicile avec son APA plus nous 24/24….comme nous venons tous les jours afin d’eviter la grabatisation et maltraitance par negligence,nous venons d’etre convoqués au poste…(3H) POUR VIOLENCES VOLONTAIRES SUR PERSONNE VULNERABLE!!!……….

    ils ne savent plus quoi inventer pour nous empecher de nous occuper d’elle,alors qu’elle n’a pas de soins,et que son medecin traitant a atteste par ecrit la connaissant,qu’elle ne peut etre mieux qu’a domicile…

    Je vous ai ecris ……18 MOIS que ca dure,allez vous nous repondre???notre dossier est sur votre bureau.

    • 07/03/2013 at 14:37 Catelyne

      Bonjour,
      Merci Katy pour votre message.
      Juste pour compléter un peu mon propos
      Effectivement je pense qu’il serait souhaitable de développer des filières gériatriques complètes (pourquoi pas au sein des hôpitaux) où la personne en perte d’autonomie avec son entourage pourraient être accompagnés tant au niveau des soins que du prendre soin..
      *Cela coûterait sans doute moins cher et serait sûrement plus bénéfique que des hospitalisations à répétition.
      * Cela éviterait aussi que l’on oppose domicile et établissement et favoriserait très sûrement une meilleure compréhension du rôle effectif et complémentaire de chacun des acteurs :
      ( personnes malades/ accompagnants non professionnels/ professionnels) ;
      A domicile bien souvent faute de moyens financiers suffisants, les « aidants »
      accomplissent d’une certaine façon des « tâches de professionnels » et en établissement le résident et sa famille ( dont l’aidant) se voient assez souvent non « consultés » dans le processus d’accompagnement qui le et les concerne.
      * Cela pourrait être également un tremplin pour aborder la question de l’entrée en établissement.
      Si tout un chacun souhaite rester à domicile le plus longtemps possible, reste que à un moment donné pour diverses raisons ( sévérité des maladies et handicaps, épuisement de l’aidant, éclatement géographique et sociologique des familles etc…) l’entrée en établissement devient « un passage obligé » .

  19. 07/03/2013 at 17:13 rafale

    L’EHPAD où mon époux est « stocké » me fait penser au « couloir de la mort ». Il passe son temps allongé à attendre … J’ai dû insister pendant 6 mois pour qu’on lui retire le fauteuil roulant qu’on lui avait donné « par précaution ». Du coup mon époux ne marchait plus, même pour faire 3 pas. Ce sont des établissements où les personnes âgées sont encore plus seules et isolées que chez elles lorsqu’il y a quelqu’un pour s’en occuper. Pour avoir retrouvé mon époux étendu par terre dans les toilettes (depuis combien de temps ?), je pense que le danger est plus grand dans les maisons de retraite qu’à leur domicile.

  20. 09/03/2013 at 20:53 lilia

    J’ai lu les divers commentaires et je vous assure qu’à domicile avec les formations que l’on fait les auxiliaires de vie sociale, le travail individuel que l’on fait est formidable, stimulation, marche, aider à faire et laisser la personne âgée faire tant qu’elle le peut.
    Le problème c’est que nous ne sommes pas encore assez reconnues et valorisées.

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