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Moment de lecture dans mon jardin roussi par la proximité du feu et occupé de quelques dizaines de mêtres cubes de bouquins calcinés et de gravats. Décor peu engageant, dont j’essaye de m’abstraire en faveur du doux soleil d’automne.

Une interview de Catherine Camus, fille d’Albert, me tombe sous les lunettes. Catherine et son jumeau, Jean, sont nés en 1945. Elle avait 14 ans quand Camus et Michel Gallimard se tuèrent en Facel Véga sur la route de Lourmarin. Sur la route, à côté de Camus, le manuscrit du « Premier homme » dans une petite serviette de cuir Bordeaux.

En 1979, à la mort de sa mère, Catherine devint « ayant droit », c’est à dire détentrice des droits moraux et patrimoniaux de l’oeuvre de Camus. A propos de cette charge, qui l’occupe désormais toute entière, elle dit seulement
– « On devrait dire « ayant devoir »… »

Dans mon jardin de gravats, le mot sonne tellement juste.

Comments 5 commentaires

  1. 10/09/2007 at 02:07 elsa

    Voici un bien beau mot à méditer pour nous qui sommes les légataires du patrimoine de l’Humanité.
    Merci Michèle.

  2. 10/09/2007 at 08:17 Nelbordeaux

    Oui Michele tu as parfaitement raison, le fait d’être legataire de quelqu’un ou quelque chose nous donne autant de devoir (si ce n’est plus) que de droit. Nous sommes les "ayants devoirs" de ce que nous ont laissés nos ailleux tant sur le patrimoine personnel qu’humanitaire et nous devons penser a ce que nous allons laisser a nos descendants ! Je me permets une allusion que je ne souhaite pas blessante, en écrivant, allons nous laisser a nos enfants une terre brulée ? Merci de nous faire méditer pour ce début de semaine !

  3. 10/09/2007 at 09:10 douce-amère

    Sans minimiser "l’après-incendie"qui doit laisser au coeur de Michèle une tristesse que tous les témoignages d’amitié ou de sympathie n’ont pu qu’atténuer, je pense aux "terres brûlées" des violences guerrières des temps anciens et des temps nouveaux. Je veux croire, sinon comment survivre, que l’héritage de nos parents, ce patrimoine de l’Humanité, comme dit Elsa, nous devons le tenir à bout de bras, préservé hors du feu, de toute l’énergie de nos forces vives. Il y a dans mon passé tant de feu, de cendres… que dire à nos enfants et aux enfants du monde, et que retiendront-ils de notre passé, de nos traces de vie ? Le courage de continuer. A bientot, Michèle

  4. 10/09/2007 at 18:20 Nicolas D.

    Je rejoins douce-amère, qui bien souvent trouve également les mots justes et qui résonnent longuement.
    Je veux croire en ce qu’il y a de meilleur chez l’Homme, et bien heureusement, la balance est encore positive.
    Ce meilleur, chacun de nous le démontre chaque jour, chacun à son niveau et chacun sa contribution. Donner de son temps, soutenir les démunis, dialoguer et échanger avec son voisin, apporter du réconfort, s’ouvrir aux autres, tout cela c’est aussi l’espoir. Qu’importe que cela soit fait de manière collective et médiatique, qu’importe que cela soit fait discrètement, sans tapage, qu’importe enfin que se soit fait à grande ou petite échelle.

    Dans cette quête, il n’y a ni gauche, ni droite, ce sont nos valeurs intrinsèques et celles relevant de toute notre éducation qui s’expriment.
    Chaque geste, chaque sourire aussi modeste soit-il contribue à édifier l’Humanité !

  5. 10/09/2007 at 22:24 Michèle

    une fois encore, douce-amère, quel beau et juste commentaire; un jour, vous avez dit (écrit) que d’une histoire, le plus beau était d’avoir les mots pour l’écrire; vous les avez;;

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