La télévision rend fou, stupide et aboulique : enfin, on en parle !
Là, d’accord, j’ai fait très fort avec le titre de ce billet, mais je n’ai pas pu résister !
J’aurais dû écrire : l’excès de télévision, ou son usage trop précoce, rend fou, stupide et aboulique, mais avouons que le message se dilue dans le nombre des mots. Ceux qui ont eu le mérite de suivre mes réunions publiques depuis 2004, ont eu les oreilles bassinées par inquiétude : personne ne parle des méfaits définitifs et gravissimes de la télévision, tout spécialement dans le jeune âge. Un biberon de pesticides est moins dangereux que des dizaines d’heures passées devant un écran aux images de plus en plus rapides, qui impactent définitivement le cerveau !
Toutes les études scientifiques concordent : le premier facteur de violence dans l’âge adulte, d’instabilité et de perte de contrôle, de mauvais résultats scolaires et professionnels, est l’abus de télévision dans le jeune âge.
« Le Monde 2 » vient de consacrer 7 pages (dont 4 de photos) au sujet. Dossier incomplet, mais qui contribuera à alarmer parents et, je l’espère, responsables divers, sur la gravité du problème. L’écologie telle que je la conçois doit se préoccuper de l’homme avant même l’ours Balou, réintroduit à grand frais dans les Pyrénées.
Dans quel état rendrons nous la planète, mais surtout : dans quel état rendrons nous l’homme ?
Ci après une question écrite que j’ai adressée à Roselyne Bachelot. L’éxercice impose de ne s’adresse qu’à un ministre, mais tous en réalité sont concernés, et en particulier Xavier Darcos.
Mme Michèle Delaunay attire l’attention de Mme la Ministre de la santé, de la jeunesse et de la vie associative sur l’incidence dramatique de la télévision sur les enfants de 6 mois à 3 ans, et sur leur devenir.
L’impact négatif de la télévision sur la formation du cerveau des bébés est indéniable. Entre 6 mois et 3 ans, s’effectue leur construction neurologique. Comme l’affirment les spécialistes, le développement d’un tout jeune enfant passe par la capacité d’interagir avec des objets extérieurs et des personnes par l’usage des cinq sens et du corps, beaucoup plus que par des concepts et des images d’écran – sans compter l’immobilité des bébés devant les postes. L’installer longtemps devant un écran va réduire son sentiment de pouvoir, agir et risque de l’ancrer dans un statut de spectateur du monde avant même qu’il en devienne un acteur et sans qu’il soit préparé intellectuellement à la confrontation avec la réalité.
En outre, l’impact d’images qui s’enchaînent de plus en plus rapidement entraîne un phénomène de stimulation extrêmement nocif sur le cerveau des jeunes enfants. La stimulation neuronale qui en résulte entre en compte pour une partie dans l’instabilité et la perte de contrôle des enfants. Elle favorise également l’hyperactivité, maladie qui est strictement contemporaine de la télévision.
Des études réalisées sur de larges panels de population, pendant de nombreuses années, montrent que le premier facteur de violence chez les jeunes adultes est l’abus de télévision dans le très jeune âge.
De plus, comme le souligne le philosophe Bernard Stiegler, le marketing des chaînes pour enfants vise à remplacer l’éducation parentale par la télévision et la publicité et invente pour cela des émissions, des jeux, des modes qui rivalisent avec les parents. Il en résulte l’altération du lien parent-enfant et la destruction des relations intergénérationnelles.
La chaîne Babyfirst qui émet aux Etats-Unis depuis 2004, a été lancée sur Canal-Sat en octobre 2007 face à la première chaîne pour bébés, BabyTV. Dès lors, un moratoire interdisant les chaînes pour les enfants de 6 mois à 3 ans a été réclamé par de nombreux psychiatres et pédopsychiatres au nom du principe de précaution. Début mai 2008, la direction générale de la santé (DGS) a apporté une pierre à l’édifice dans un avis rendu au CSA où elle se prononce « contre les chaînes spécifiques pour les enfants de moins de trois ans ». Mais les deux chaînes BabyFirst et BabyTV échappent au contrôle du CSA : diffusées depuis la Grande-Bretagne, elles ont reçu l’aval de l’Ofcom, l’équivalent britannique de l’autorité de régulation.
A l’instar de l’Académie Nord-américaine de pédiatrie qui recommande depuis plus de dix ans de supprimer la télévision dans la chambre des jeunes enfants, Mme Michèle Delaunay demande à Mme la ministre de la santé, de la jeunesse et de la vie associative de lancer une campagne d’information et de prévention de grande ampleur auprès des parents et du monde enseignant concernant les conséquences néfastes de la télévision sur les tout-petits et d’empêcher par un moratoire immédiat le développement en France de chaînes de télévision à destination d’enfants en bas âge.
Répondre