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A ce prix, à ce prix seulement, elle sera partagée. Elle n’a été, lors de la célébration du 10 mai (la mémoire de la traite des noirs), ni l’une, ni l’autre ; j’y reviens, je prolonge le billet précédent, car rien de ce qui s’est passé n’est anodin.

Michaëlle Jean, lors de la cérémonie officielle, s’est exprimée de très belle manière, a la fois simple et solide : « Soyez vigilants, attentifs, au premier signe de ce qui peut marquer la distance, l’exclusion, la séparation ».

Je n’ai pas le texte devant les yeux, mais je garantis le parfait respect du sens de sa mise en garde.

Bon conscients, mais non pas bien conscients (la différence est de taille : la bonne conscience n’a rien à voir avec la conscience du bien et du vrai), tout le monde opinait autour d’elle. Ma collègue députée Chantal Bourragué répétait « Quelle belle rencontre ! Quelle belle rencontre ! ».

C’était vrai, sauf que la rencontre n’avait pas eu lieu pour tout le monde. Quelques instants après l’avertissement de Michaëlle Jean, le petit groupe de Diversités était interdit d’entrée dans la manifestation officielle. Oui, à mon sens, Karfa Diallo aurait dû rejoindre d’emblée cette manifestationà la condition d’y avoir la place que son engagement de longue date méritait. Probablement, cela n’eût pas été le cas, comme ne fût pas le cas pour les élus de gauche, mais enfin, il rejoignait la cérémonie, et je suis sûre que tous eussent été parfaitement respectueux de la personne de Michaëlle Jean et de ce qu’elle représentait.

J’ai essayé d’intercéder (et je le dis ici pour expliquer la suite), le petit groupe de diverCités a été repoussé. L’avertissement de la Gouverneure n’avait servi de rien. Il n’avait pas été entendu, il n’avait pas été compris et beaucoup avaient cru qu’ils s’adressaient aux autres, pas à eux.

Fin de la cérémonie. Michaëlle Jean rejoint sa voiture. N’ayant pas eu, en raison du cérémonial très sélectif de la manifestation, l’occasion de lui manifester la reconnaissance de tous les Bordelais pour sa présence et ses paroles, j’essaye de l’approcher. Le service d’ordre m’en empêche. J’exprime que je suis députée, on continue de me barrer le chemin. J’exprime encore que Chantal Bourragué est aux côtés de la Gouverneure, rien ne change.

L’ordre républicain veut qu’un député ne puisse être ni « pris de corps » , ni « empêché » sur quelque lieu public que ce soit. Non en raison de ses mérites, mais parce qu’il représente les Français, et pour chacun un nombre non négligeable de citoyens. Je fais signe au Préfet Francis Idrac, pour qu’il fasse respecter ce principe qu’il connait bien évidemment ; il ne le fait pas immédiatement, et me dit « vous allez lui parler de Karfa Diallo ? ».

Non, je n’allais pas lui parler de Karfa Diallo. Je connais assez bien les usages de la République, une personnalité étrangère n’a pas à être importunée de ce qui relève de nos événements intérieurs. J’allais lui exprimer mon plaisir et ma reconnaissance de sa venue, c’est à dire celle des Bordelais.

« Soyez vigilants à tout ce qui provoque le sentiment d’exlusion, la séparation, à tout ce qui est générateur de blessure », et un jour peut-être de violence, de haine.

Soyez vigilants. Vigilants à la blessure de ceux que l’on a repoussé à la porte de la manifestation, vigilants à considérer tous les Bordelais avec la même confiance et le même respect. Vigilants à observer avec rigueur les principes de la République.

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