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Depuis deux jours, j’habite les hauts-de-hurlevent. La mer ne décolère pas, le vent mugit, vombrit, utilise toute la largeur de son registre pour être le plus bruyant des deux, comme les enfants qui s’entrainent l’un l’autre à hurler le plus fort.

Ce sont des circonstances très favorables à un travail paisible : essayer de reconstituer un peu mon fond d’ordinateur, toiletter le blog pour qu’il devienne un petit livre alerte dont on ait envie de tourner les pages comme celles d’un éphéméride.

Je m’émerveille au passage sur la trouvaille qu’a été la traduction de l’expression anglaise « wuthering heights » (littéralement : hauteurs hurlantes) : « les hauts de Hurlevent ». Par ce temps qui isole complètement des maisons alentour et du village à un kilomètre de là, l’impression de sauvagerie et d’éloignement ramène presque de force vers le monde intérieur, la parole, l’écriture et la lecture. Le silence.

Un Islandais sur deux a publié un livre. En Islandais évidement, langue que seuls parlent sur terre les Islandais, ce qui suppose qu’ils en lisent aussi beaucoup. Les journées de hurlevent et de pénombre n’y sont certainement pas pour rien.

Comments 8 commentaires

  1. 20/08/2007 at 19:41 Etienne

    Mais où est donc ton coin de paradis ? En Islande vraiment ?
    La descrpition pourrait correspondre à la Bretagne, mais il n’a pas l’air d’y avoir de coup de vent en mer d’Iroise…

  2. 20/08/2007 at 19:54 michele

    Etienne, ce coin sauvage, qui n’est pas un coin mais un finistère, au sens littéral de "fin de terre", est à 160 km de Bordeaux, et je dois le dire, pour ces vacances de 15 jours, mon "bilan carbone" est excellent : court voyage, et une fois sur place, seuls mes pieds me transportent d’un endroit à un autre, dans une débauche d’oxygène iodé.
    Le patelin d’à côté s’appelle "Capbreton", c’est tout dire.. La tempête a depuis tout à l’heure redoublé. Les vagues sont en furie, moi seule parait les voir, tant il n’y a âme qui veille sur toute la longueur de la grève. Je me souviens de promenades (c’est beaucoup dire, tellement j’étais transie) à la pointe du raz. Mon front d’océan ne rougirait pas aujourd’hui de la comparaison ! Le choix du terme "rougir" est hardi : bien sûr les front rougissent, mais les fronts d’océan ne le font que fugitivement au dernier moment du coucher du soleil.

  3. 20/08/2007 at 19:58 michele encore

    vite, vite, Etienne, envois moi un message à mon adresse mail privée (voir billet précédent) : je suis tellement triste de n’avoir pas toutes ces bonnes adresses dans le gros cerveau de mon nouvel ordi !

  4. 20/08/2007 at 20:52 Etienne

    C’est fait, chère Michèle !
    J’ai aussi essuyé un coup de vent à Groix en début de semaine dernière, vent à 110 km/h, un camping evacué, menace de suspension des liaisons avec le continent… et des vagues gigantesque et magnifiques sur la pointe de Pen Men, le phare éclairant péniblement de sa lueur blafarde dans la nuit…
    Je suis toujours étonné, émerveillé par le caractère des gens de la mer et des iliens, leur courage et leur volonté féroce, que l’on retoruve dans les chants de marins, mêlé d’une grande philosophie et d’un certain fatalisme.
    Les groisillons disent que chaque tempète nous fait grandir un peu plus. On voit les centimètres qui s’ajoutent au fil des vagues et des gouttes sur ton blog, Michèle.

  5. 21/08/2007 at 00:28 douce-mère

    "Le coin de paradis" est à celui qui sait le trouver. Comme Michèle je connais des lieux que notre imagination transfigure. Est-il besoin d’aller très loin pour les découvrir ? Le secret est sans doute dans les mots pour en parler et dans le regard sur le instants dont l’éphémère en fait l’exception.

  6. 21/08/2007 at 02:53 BB

    NICOLAS ET LES CRIMINELS PEDOPHILES
    Je suis désolé d’être grave à l’intérieur de ces propos
    poétiques et complices, mais j’ai vraiment envie de dire ma colère quant à l’attitude de N. Sarkozy (et aussi de R. Dati), vis à vis du problème des criminels pédophiles. Sur la base d’un drame bouleversant, on assiste de nouveau à un discours paillettes et des propositions de mesures régaliennes répressives qui masque l’indigence de la politique actuelle du gouvernement vis-vis à des prisons. Michèle s’est déjà très courageusement et clairement exprimé à ce sujet ces derniers mois y compris à propos de l’insuffisance du suivi psychiatrique en relation avec la prison. Dans ce scandale, ce qui est à dénoncer avant tout, c’est la volonté de nous faire croire que seule une politique répressive est la solution pour protéger notre société de ces criminels; sur cette base pourquoi ne pas rétablir la peine de mort ? De nombreux pays dont le Canada ont montré pour la protection de nos sociétés, l’impérieuse nécéssité d’une politique psychiatrique pénale capable d’associer médécins, policiers, administration pénitentiaire, magistrats, et acteurs sociaux dans un cadre spécifique avec un suivi de longue durée, inexistant dans la plupart des cas en France. Celà implique une volonté politique, une pédagogie envers nos concitoyens (qui sont parfaitement capables de comprendre et d’accepter ce débat) mais aussi des moyens médicaux qu’aucun gouvernement (de gauche comme de droite), n’a proposé de mettre jusqu’à maintenant. Au delà du drame de ces derniers jours, ceci vaut pour de nombreux autres types de délinquances (violences sexuelles de tous ordres, mais aussi toxicomanies graves). Un vrai débat qui vaut mieux que ces sinistres effets de menton auquels nous assistons depuis quelques heures.

  7. 21/08/2007 at 10:47 M.V.

    Je suis en complet accord avec B.B.
    On ne va plus pouvoir échapper à la norme (ce qui ne sera pas durable n’aura qu’à bien se tenir, disait Michèle récemment, idem pour ce qui ne sera pas conforme).
    Mais qui va poser les modèles, et sur quels critères? Et qui, ensuite va contrôler l’adéquation? Et qui contrôlera les contrôleurs?
    La société doit être protégée, il n’y a pas de remise en cause de cette obligation; mais attention à l’idéologie qui se met en place.
    Mettre en avant, comme principes essentiels, la culpabilité et la répression, ce qu’attendent beaucoup par facilité, paresse, illusion d’une liberté individuelle sans limite, constitue une régression et un danger…(pour notre sécurité, entre autre).
    Personne n’est à l’abri d’une perversion; je préfére que l’on soigne plutôt que l’on punisse; je souhaiterais que la proposition de choix ne se transforme pas en obligation systématique d’une solution imposée à l’intéressé, car cela peut mener loin et douloureusement.

  8. 21/08/2007 at 10:49 michèle

    à BB. J’ouvrais mon ordi pour faire un billet sur l'(in)utilité de la prison, malheureusement contenue dans les déclarations de Sarkozy, quand je trouve votre commentaire. Nous sommes en plein accord. Il faut que nous nous manifestions plus visiblement sur le sujet.

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