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Commençons par une petite histoire : ma Maman, qui était inspectrice générale de l’éducation pour les maternelles, aimait inspecter les écoles, examiner les bâtiments et voir s’ils étaient en adéquation avec les ambitions de l’école publique. Quand elle entrait dans une classe qui était tristounette, dont la peinture était écaillée ou sâle, elle disait à la directrice: « chère Madame, on ne peut pas enseigner convenablement dans cette classe. Il faut honorer l’étude, donner aux enfants le goût d’apprendre. Cela ne se peut pas dans un local sâle ou médiocre. Demandez les crédits pour repeindre cette classe, et si nous ne les avons pas, prenez avec votre institutrice un rouleau et de la peinture blanche, et repeignez-la ; et ne manquez pas d’expliquer pourquoi aux enfants. Je reviendrai dans trois mois… »

Au bout de trois mois, la classe était toujours fraichement repeinte et pimpante. Bien souvent parce qu’on s’était agité, ma mère comprise, pour trouver les crédits nécessaires, mais quelquefois par les enseignants eux-mêmes, qui partageaient l’ambition d’ « honorer l’étude ».

L’expression, un peu ancienne, n’est pas insignifiante. Nous en avons eu la double illustration ce matin en inaugurant les locaux du lycée Gustave Eiffel. Cet établissement prestigieux honore désormais doublement l’étude par la qualité de l’enseignement et des résultats obtenus, mais aussi par des locaux qui donnent envie d’apprendre et de réussir.

Autour d’Alain Rousset, nous étions tous très fiers de ce qui vient d’être réalisé : une magnifique alliance entre la modernité, le design épuré et transparent, et la partie ancienne du lycée, dont tout le monde connait la belle façade cours de la Marne. Allez-voir la façade contemporaine de la rue où s’ouvre désormais aussi le lycée, vous serez vous aussi réjouï. Le Conseil Régional construit pour Bordeaux, et avec le Conseil Général, ces deux institutions changent le visage de notre ville.

A l’intérieur, des couloirs sobres, lumineux, ou des pans de couleur animent la minéralité du béton. Des labos qui laissent loin derrière ceux, déjà anciens, de l’Université. Des salles techniques équipées d’un matériel pédagogique exceptionnel dont Alain Rousset voudrait qu’il soit également ouvert aux concepteurs des petites PME. Au total, 32 millions de travaux magnifiquement conçus, magnifiquement réalisés (Alain Triaud, Gilles Fortabat). Oui, l’argent public peut être bien dépensé.

Gustave Eiffel aura pourtant du mal à dépasser ses résultats : 96 % de réussite au bac (100% dans trois sections !), 92% au BTS ; 4000 élèves de toutes origines sociales, dont plus de 1000 en classes préparatoires. Pour ces mille-là, reconnaissons-le, les milieux favorisés sont très majoritairement représentés, montrant la panne générale de notre ascenseur social.

Le proviseur, M Bihel, a défini Gustave Eiffel comme un établissement « accueillant à tous, solide, puissant et chaleureux ». Cela se voit.

C’est agréable, dans ces temps difficiles, non seulement de parler des trains qui arrivent à l’heure, mais de ceux qui devancent leur temps.

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