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Cet après-midi, se tenait le Conseil d’administration du CHU. Le contexte le rendait particulièrement intéressant : les médecins y seraient-ils présents ? La position de la CME à l’égard de la loi serait-elle évoquée par son Président ? Et le Président du Conseil d’administration exprimerait-il de quelque façon son inquiétude pour le service public hospitalier, si cette inquiétude existe ?

Mais tout d’abord quelques mots sur mon CHU. Quarante-cinq ans de vie commune justifient ce pronom très possessif de part et d’autre. Le Centre Hospitalier de Bordeaux est à la fois Régional (CHR) et Universitaire (CHU), mais il est aussi l’hôpital de la ville, et à ce titre se doit de jouer son rôle de permanence d’accueil pour tout public, tous les jours et à tout heure. Il est, et ce n’est pas rien, le premier employeur de la région avec 13 292 personnes rémunérées chaque mois, dont 1897 médecins et 8121 soignants. Au passage signalons que dans toutes les catégories, les femmes l’emportent de beaucoup.

Il est fort de 3107 lits, distribués en trois pôles : Pellegrin (1421 lits), Groupe Sud (1262 lits) et Saint André, l’hôpital historique situé en centre ville (424 lits).

Quelles réponse aux trois questions que je posais en début de ce billet ?

Oui, les médecins étaient présents et cela constitue une singularité. Quelques jours plus tôt, ils s’étaient abstenus de participer au CA de Charles Perrens, comme à peu près partout en France, pour manifester leur rejet de la loi Bachelot. J’ai interrogé sur ce point le Président de la CME qui m’a dit que la communauté médicale ne participait pas aux commissions mais avait décidé d’être présente au CA. Je ne partage pas totalement cette logique.

Le Pr Dallay n’a pas fait état de la position de la CME, qui s’est exprimée contre la loi. Il me semble que cela aurait du faire partie des informations importantes données aux administrateurs.

Le Président Alain Juppé, qui cherche à marquer « sa » différence dans les médias avec le Président de la République n’a à aucun moment marqué son inquiétude pour ce que la loi fait peser d’incertitudes financières et malheureusement d’assurances en terme de maintien du service public. Il en aurait eu, à plusieurs reprises, l’occasion.

Pour ma part, j’ai voté, avec l’ensemble des syndicats contre le budget (compte financier 2008). Pour la première fois, il fait état d’un déficit de 2,2 millions d’euros. Déficit que l’on peut considérer comme faible (il représente une journée de fonctionnement de l’ensemble de l’établissement) au regard de ceux que l’on enregistre dans de nombreux hôpitaux, mais il marque les premiers signes ce que la loi va imposer.

D’abord parce que ce déficit est lié à une mauvaise évaluation de la T2A (tarification à l’activité). De nombreuses pathologies, comme par exemple les leucémies aigues, sont sous évaluées : plus on en soigne, plus on creuse le déficit. La généralisation de la T2A va mathématiquement aggraver la situation.

Ensuite parce que ce déficit est contenu grâce à un effort toujours plus grand demandé au personnel. J’ai pris l’exemple dans mon intervention des urgences de gynécologie obstétrique qui ont été ouvertes sans les moyens nécessaires. Demain, des services entiers risquent de ne plus pouvoir assumer leurs missions faute de moyens.

Les réprésentants syndicaux se sont exprimés dans le même sens, avec pondération et responsabilité. Nous aurions aimé voir les autres administrateurs, et en premier lieu le Président et les médecins, répondre à leur inquiétude.

Je donne les faits bruts, dans leur exactitude et sans les commenter. En est-il besoin ?

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