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Retour de réunion de campagne. Un petit groupe divers et passionné, capable de se disputer sur la hauteur d’une lettre dans un bandeau électoral ou la présence d’un point dans un texte. En un mot : des militants.

Je ne le cache pas, c’était avant 2001, moment de mon entrée dans la vie publique, un terme dont je ne connaissais pas bien le sens. Il me paraissait un peu ancien, comme celui de « camarade » que nous utilisons occasionnellement (dans certains discours ou dans des courriers) au parti socialiste. Comme aussi celui de « section », qui à vrai dire ne me parait toujours pas bien correspondre ni à ce que nous faisons, ni au monde contemporain. Mais ce n’est pas très grave.

Le mot de militant, lui, a un sens profond. Je le mesure à de multiples occasions : un soir de réunion autour des lois de bioéthique, un matin de week-end pascal aux Capucins, dans le courant d’air glacé du Grand Parc au milieu de l’hiver… Là nous sommes entre militants, généralement heureux d’être ensemble et d’avoir à faire quelque chose en quoi nous croyons.

J’en parlais samedi dernier au marché des Capucins à la journaliste Isabelle Castéra qui en a rendu compte dans un papier de Sud-Ouest paru lundi* : tant qu’il y aura des hommes et des femmes pour passer leurs soirées à discuter de sujets souvent ardus ou austères (la mondialisation, les politiques de santé, le traité constitutionnel européen…) plutôt qu’à regarder la bouche ouverte la télévision au chaud dans leur canapés, tant qu’il y en aura pour affronter la pluie et le froid les dimanches matins au Colbert, le monde ne sera jamais tout à fait mauvais, ni désespéré. Je me suis permise ce terme, clairement biblique « ils sont le sel de la terre ». De la terre, peut-être est-ce un peu voir grand, de notre société matérialiste en tout cas certainement.

C’est une très grande responsabilité des hommes politiques de tous bords de porter les espoirs, le travail quotidien, l’engagement des militants. Il y a des réunions où je me casse les pieds, nombre de militants aussi, mais il y a des moments de grâce où la joie profonde du « faire ensemble » l’emporte et de loin sur toutes les nuances de courant, les petites insatisfactions de la pratique politique, voir même sur une inquiétude plus grande « où va ce que nous faisons ? ».

C’était le cas ce soir. Nous nous sommes un peu disputés, mais nous savons pourquoi : pour faire un petit pas dans une direction qui ne soit pas la pire.

  • « le marché aux tracts », SO, 9 avril.

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