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Je râle un tantinet de lire dans le Monde en date du 19-20 octobre un article sur un sujet souvent évoqué dans ce blog : la dévitalisation du discours politique.Si tous se rallient aujourd’hui à ce constat, c’est que cette réalité est devenue  criante (si l’on peut dire) et qu’elle participe du désintérêt du public, quand ce n’est pas davantage, sur tout ce que peuvent dire les politiciens TTC (TTC = Toutes Tendances Confondues).

Mots creux, soit trop jargonnants, soit vidés de leur sens par trop d’usage, expressions usées jusqu’à la corde, les interviews se succèdent, 80% d’entre eux ne laissent aucun souvenir, ne dégagent aucune idée-force et moins encore de raisonnement intelligible. Faites le test : après avoir fermé le poste, essayez de retrouver les propos décisifs, les phrases qui vous ont marqué, ce que vous avez envie de conserver pour nourrir votre pensée : le butin est généralement maigre.

On est pour cela d’autant plus surpris quand une phrase, une expression, soit par sa rudesse, soit par sa nouveauté, soit même par le ton sur lequel elle est prononcée fait lever les oreilles. Ségolène Royal, lors de la campagne de 2007 avait réussi ce rajeunissement de l’expression politique. Elle fut la première à parler des « petites retraites » et ces deux mots, si communs, si souvent employés par ceux qui les touchent, montraient qu’elle savait ce que percevoir très peu, à l’issue d’une vie de travail, signifiait de privation et même d’humiliation.

Dans cette tentative et cette ambition de faire de nouveau aimer la politique, il y a aussi cela : parler de manière à être entendue pour pouvoir être écouté, compris, approuvé, suivi.

L’affaire est toujours loin du sac..

Comments 8 commentaires

  1. 19/10/2014 at 17:18 Michèle Delaunay

    Avouons aussi que les mots de la presse ont aussi leurs tics, leurs poncifs qui en dissolvent l’intérêt et la durabilité https://www.michele-delaunay.net/delaunay/blog/10495

    Peut-être pas étonnant.. Presse et politique vivent les uns des autres, commensaux et quelquefois parasites.

  2. 20/10/2014 at 10:29 Klaus Fuchs

    Prenons l’actualité: Macron parle un langage pas encore tout à fait formaté. Sinon il aurait parlé de la » mise à disposition de dispositifs de mobilité facilitant les déplacements de personnes à faible revenu », ou des « plus démunis » ou des personnes « défavorisées ». D’ailleurs, les réactions stupides au mot « pauvre » me rappellent une période de ma vie professionnelle où les gouvernements européens s’opposaient à des actions europénnes en faveur des « pauvres » car cela aurait signifié qu’ils reconnaissent leur existence et cela évidemment était mauvais pour leur image. Même le rapport du Père Wresinski sur la grande pauvreté de 1987 pour le Comité économique et social posait problème parce qu’il mettait le doigt sur une réalité peu avouable.

  3. 20/10/2014 at 12:05 francis

    Parler des « pauvres », comme quelques semaines avant, des « illettrées »,
    c’est catégoriser les gens, et souvent, d’une certaine façon, les humilier,
    les stigmatiser pour reprendre l’expression à la mode.

    Sur mon blog,

    sur le fond du projet « Bus » :
    https://bifaceb.unblog.fr/2014/10/17/des-bus-par-milliers/

    Sur la journée « illettrées » :
    https://bifaceb.unblog.fr/2014/09/30/illetrees-et-lettre/

    Un pauvre est un pauvre.
    Une personne démunie est une personne qui a de faibles moyens financiers
    et peut progresser.

  4. 20/10/2014 at 14:19 Nicolas

    A mon humble avis cela vient du fait que nous sommes entrés dans une société de « communication ».

    Communication destinée à tous nous endormir, faute d’avoir une politique visionnaire qui fixe un objectif lointain mais enthousiasmant.

    Ainsi, on ne dit pas « austérité » mais « rigueur », « pauvreté » mais « précarité » etc.

    Bienvenue dans un monde dominé par la Finance, les Banquiers et où les agences de communication briefent les Politiques avant chaque intervention, sur les « éléments de langage » de la Novlangue à dire ou ne pas dire.

    Cette absence de perspectives encourageantes pour 95% de la population installe durablement la peur du « déclassement ».
    Si tout va bien pour moi, je conserve mon emploi !! Quelle joie !
    Les projets personnels ? Quels projets quand on voit le chômage monter en flèche. Je serai le prochain.

    Le cynisme et le dégoût des hommes politiques ne cesse de croître chez nous, simples citoyens.

    Alors faute d’une classe politique capable de taper un grand coup sur la table pour dire « ce sont les Peuples qui fixent les règles, pas quelques financiers », le FN grignote les esprits et gagne des parts de marché (puisque nos vies sont réduites à des indicateurs financiers)

    • 21/10/2014 at 15:04 fan club

      Certes la communication s’est substituée à l’information.

      Mais concernant le FN peut être serait il intéressant de se pencher sur leur gestion locale ( municipalités FN ) pour avoir une véritable idée de leurs capacités.

  5. 20/10/2014 at 22:24 Alain

    @ Nicolas

    Ainsi ne dit-on plus « alcoolique » mais « personne à sobriété réduite »…

  6. 22/10/2014 at 11:45 francis

    en réponse à Klaus Fuchs.
    Vous l’avez noté, je ne me suis pas attaqué à E. Macron en tant que banquier, c’est un autre débat, sur lequel je résumerai ma pensée en disant que c’est bien qu’il y ait un ex-banquier au gouvernement, que ce serait encore mieux qu’il y ait aussi un ex plombier, fermier, postier, infirmier, …, et moins d’apparatchiks, d’avocats, …
    Je pense que Me Delaunay s’est exprimée clairement récemment sur ce point.
    Sur les termes employés, je maintiens que c’est différent de parler de pauvres, et de seuil de pauvreté, et il ne me semble pas que l’abbé Pierre ou le père Wresinski parlaient beaucoup de pauvres, même si la lutte contre la misère, et la pauvreté étaient leur combat.
    Je veux bien que « pauvre » et « illettré » ( ou handicapé) ne soient pas humiliants dans votre bouche, le point important est comment ils sont reçus, vécus. Iriez vous dire à quelqu’un en face qu’il est pauvre, illettré ? Ne se sentirait il pas catégorisé, et humilié ?
    Parlez en autour de vous….

  7. 26/10/2014 at 11:43 Fournier

    Les chiffres parlent d’eux même, a chaque élection moins de votant …a qui la faute :A une politique menée depuis 40 ans ou les promesses ont fleuris les discours de chaque candidat sans parler des vrais problèmes du Pays , de trouver des solutions ou, fautes de bonheur chaque Français puissent trouver sa place dans la société.

    Quand a l espace des personnes âgées dépendantes ..ils devient le miroir des alouettes d’une politique sans politique!!!!

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