Dans une interview récente à notre quotidien Sud-Ouest, Roselyne Bachelot en a rajouté dans la malhonneté intellectuelle avec laquelle on essaye de faire passer la franchise médicale
– « Mais qui donc ne pourrait pas payer quatre euros par mois pour manifester sa solidarité avec les malades atteints d’Alzheimer ou de cancer, ou encore avec les malades en fin de vie ? »
Pourquoi ne pas avoir le minimum d’honneteté de dire tout simplement que cette taxe servira à renflouer -un peu- le déficit de 6,5 milliards d’euros de la sécurité sociale ? Utiliser ainsi les maladies ou les situations les plus douloureuses pour essayer d’obtenir l’adhésion est indécent, choquant. On se doute que l’argent de l’assurance sociale ne sert pas à financer les bien portants, et qu’en effet, les cancéreux, les déments, les agonisants mais aussi les dialysés, les paralytiques, les hémiplégiques, les diabétiques…en bénéficient. On pourrait faire une page entière des noms de maladies capables d’appeler la compassion et l’esprit de solidarité. C’est vrai, madame Bachelot, ce sont en priorité les malades qui ont besoin de soins, et bien souvent les malades graves coûtent plus cher que les autres. Notre ministre est formidable, elle n’est en charge de la santé que depuis quelques semaines et elle a déjà compris cela !
Oui, il faut prendre conscience du coût toujours croissant des traitements et des soins; oui, il faut que la solidarité nationale s’éxerce pleinement, d’abord dans les affections les plus graves. Oui aussi, cela ne se fera pas sans mesures difficiles, qu’il faudra faire comprendre et accepter.
Le problème de la franchise, c’est qu’elle ne pénalise que les plus modestes et risque de limiter leur accès aux soins alors qu’ils ce sont eux qui en ont le plus besoin au regard de la fracture sanitaire qui est entrain de s’installer. Le problème c’est que parallèlement on fait une remise impôt aux plus riches d’un montant égal ou supérieur à ce que pourra rapporter la franchise. Est-ce ainsi que l’on peut faire accepter une taxe ? Et c’est pour cela que l’on a recours à ces arguments émotionnels peu nets.