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Question écrite déposée le 27 avril 2009

Mme Michèle Delaunay attire l’attention de Mme la Garde des Sceaux, Ministre de la justice, sur le fait qu’une personne détenue ait été récemment empêchée d’assister aux obsèques de son père, faute d’escorte au Centre de détention de Bapaume (Pas-de-Calais).

Bien qu’ayant obtenu du Juge de l’application des peines (JAP) une autorisation de sortie sous escorte pour se rendre aux obsèques de son père, un condamné du centre de détention de Bapaume a été empêché d’y assister, la gendarmerie ayant estimé ne pas pouvoir assurer sa garde lors des funérailles. L’intéressé a découvert l’annulation de la mesure moins d’une heure avant la cérémonie.

Le détenu, qui avait obtenu le 27 mars 2009 du JAP du TGI d’Arras une autorisation de sortie sous escorte, n’a finalement pas pu assister aux obsèques de son père, le 31 mars 2009. Le matin du 31 mars, il a été réveillé à 7h30 pour être placé dans une cellule d’attente, où il a patienté plus d’une heure, avant de se voir annoncer que son extraction était annulée. Il a donc été informé environ quarante minutes avant le début de la cérémonie de cette annulation.

Pourtant, le JAP avait, dans son ordonnance du 27 mars, requis le groupement de gendarmerie du Pas-de-Calais afin de prendre en charge la conduite et la garde du détenu concerné. La mesure avait recueilli l’avis favorable de la direction du centre de détention de Bapaume et du service d’insertion et de probation (SPIP), comme du Procureur de la République d’Arras.

Rappelons en effet que :

L’article 723-6 du Code de procédure pénal prévoit que « Tout condamné peut, (…) obtenir à titre exceptionnel, une autorisation de sortie sous escorte » ;

La Cour européenne des droits de l’homme considère, s’agissant des personnes détenues, que « le refus de la permission d’assister aux funérailles d’un parent ne peut être justifié que si des raisons majeures, impérieuses s’y opposent» (arrêt Ploski c/Pologne, 12 novembre 2002) ;

L’escorte prévue pour accompagner un détenu auquel a été accordé une autorisation de sortie sous escorte peut être assurée par un membre du personnel éducatif de l’administration pénitentiaire (arrêt de la Chambre criminelle de la Cour de cassation, 24 octobre 1989).

Le détenu concerné a été légitimement très affecté par l’impossibilité de se rendre aux obsèques de son père et a observé une grève de la faim. L’Observatoire International des Prisons a, à juste titre, dénoncé le manquement aux droits de l’homme et au Code de procédure pénal que ce cas représente.

Mme Michèle Delaunay demande à Mme la Garde des Sceaux, Ministre de la justice, d’initier le dédommagement moral du détenu et de sa famille et, de manière générale, de prendre les mesures nécessaires pour empêcher qu’une telle atteinte aux droits des détenus ne se reproduise.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel