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Que la carte scolaire (l’affectation des élèves dans les établissements scolaires en fonction de leur lieu de résidence, sans autre distinction) soit un facteur de mixité sociale, pesonne n’en doute. Ou du moins : qu’elle l’ait été. François Dubet, sociologue expert en ce domaine, reconnaissait lui-même que s’il n’avait pas cherché à la contourner pour ses enfants, il comprendrait ceux qui auraient la tentation de le faire aujourd’hui.

Des études, comme celles dont rend compte Eric Maurin dans son petit livre « le ghetto français » montrent qu’elle est aussi un facteur de ghettoisation. Le mot n’est pas plaisant, la chose l’est encore moins. L’enchérissement du foncier dans les quartiers que déssert un collège ou un lycée de renom est un facteur de sélection sociale : le prix des loyers en écarte toujours davantage les enfants de modestes milieux.

Je veux seulement verser au dossier un exemple bordelais ahurissant. Le quartier des Aubiers, en majorité habité par des familles issues de l’immigration (et le plus souvent en plein dedans !), d’ethnies d’ailleurs très variées n’a pas, au sens territorial , de collège. Quatre autobus partent chaque matin des Aubiers pour emmener les élèves. Toute personne sensée aurait l’idée d’envoyer chacun des quatre autobus en direction d’un collège différent pour favoriser le mélange des enfants des Aubiers à tous les autres enfants bordelais.

« Elémentaire, mon cher Watson ! » Mais « élémentaire » n’est pas « scolaire » : les quatre autobus se rendent au collège Edouard Vaillant, qui concentre chaque année davantage les enfants immigrés et où les familles du quartier refusent, chaque année davantage, d’envoyer leurs enfants. Ils contournent la carte scolaire du mieux qu’ils peuvent en les destinant à l’étude du russe, du chinois de pékin ou du javanais… Le chien se mord la queue, le processus s’entretient, la ghettoisation scolaire s’aggrave.

Même chose dans nos quartiers : on ne met à Bordeaux de logement social que là où il y en a déjà. Leur taux selon les quartiers s’échelonne de O%(Saint Genès) à 80 (Grand Parc) ou même 100% (Aubiers). Ecoles, lycées et collèges selon le saint principe de la carte scolaire se remplissent en conséquence. Le processus s’aggrave et s’entretient sans fin.

Je ne sais qui disait « fini le temps des mesurettes ». Ou bien nous allons éffectivement à l’explosion. Qui aura la force de faire comprendre aux Français que personne ne se sauvera seul et que nous sommes liés par un destin commun ?

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