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Jurer, mais un peu tard

Le sondage publié par @sudouest sur les intentions de vote aux prochaines municipales suscite bien des interrogations sur sa fiabilité (son commanditaire est le groupe de soutien à Alain Juppé et les options proposées n’en sont pas innocentes), mais a aussi suscité en raison du  faible score individuel des candidats de gauche (9 à 11%) , des intérêts jusqu’alors inexprimés.

On découvre par exemple un vibrant appel à l’Unité. Vibrant mais en retard de plus d’une année. Que ne s’est-il manifesté vis à vis des candidats socialistes qui se sont alors présentés aux élections législatives sous leur étiquette -ce qui demandait un certain courage- et avaient loyalement soutenu la candidature pourtant désespérée du candidat de ce Parti à la Présidentielle ?

La Gironde, qui comptait 10 députés socialistes et 11 de gauche, constitue en la matière un véritable cas d’école. Ce département a dû affronter l’entente déjà manifeste de la République en marche avec le Maire de Bordeaux afin qu’un candidat LREM soit présent dans chacune des 12 circonscriptions. Calcul qui ne fut qu’à moitié couronné de succès pour le Maire, puisque ses propres candidats en firent les frais tout autant que les socialistes.

Connaissant cette difficulté majeure, un appel à l’Union, une participation active de tous -pour le moins de tous les socialistes- eût sauvé plusieurs sièges et, dans les circonscriptions les plus difficiles, ravies à la droite de haute lutte après des décennies d’échec, permis une présence au deuxième tour dont le verdict est toujours aléatoire mais jamais perdu d’avance.

Que nenni, nul soutien massif, voire même un soutien à l’un ou l’autre candidat concurrent, en Gironde comme dans nombre de territoires. Le résultat national ne s’est pas fait attendre : le groupe socialiste de l’Assemblée nationale est aujourd’hui réduit à 30 députés au lieu de 280 précédemment. Ce groupe est sans véritable poids face  aux 312 députés LREM auxquels tant d’ unionistes d’aujourd’hui ont en fin de compte prêté la main.

N’est-il pas un peu tard pour jurer qu’on ne les y reprendra plus, tel le corbeau de la fable ?L’Unité, la loyauté, la capacité à fédérer, ne se découpent pas, tel un fromage, selon l’intérêt du moment, non plus que celui de l’un ou de l’autre.

Je pensais ne jamais en parler et, tout au contraire, j’oeuvre au quotidien pour que le groupe socialiste municipal conserve une identité. Les blessures les plus profondes de tant de députés recalés n’ont pas été d’être battus, mais de l’avoir été sans avoir pu compter sur l’appui de l’ensemble de leur équipe.

La politique, finalement, est moins noble que le rugby. Mais pour le rugby, je crains qu’il ne soit un peu tard.

 

 

 

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel