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« Se battre ou se parler »

Rarement, les médias, quelle qu’en soit la nature, nous ont donné mieux qu’hier la démonstration que  l’on pouvait s’adresser à une large audience et pour autant penser avec hauteur et en avance sur le temps.

Il s’agit du couple d’émissions d’Arte sur « les chrétiens d’Orient » et « la Diplomatie du Vatican ». Ces deux émissions se complétaient, car l’histoire de l’Orient chrétien ne peut laisser sans prise de conscience et interrogations, mais en très peu de mots et de phrases prononcés par le Pape comme par ses diplomates, c’est la seconde qui a renversé spectaculairement les quilles.

Le sujet est religieux mais il n’est ni un sujet de foi, ni un sujet de dogme. Pour ma modeste part, je considère les religions –toutes- avec le plus grand respect car je pense qu’elles sont l’émanation du sacré consubstantiel de la nature humaine, ce sacré qui imprègne aussi bien les murs d’un hôpital, que ceux d’un cloître ou d’une cellule de prison. Qu’on pense ces religions révélées,  ne gène en rien cette idée car c’est bien à l’Homme que toutes les formes de cette révélation furent faites. « Les religions sont le propre de l’Homme »,  que celui-ci soit agnostique, athée, fidèle, saint ou martyr. Mon respect s’arrête cependant net quand quelque religion que ce soit, hier comme aujourd’hui, fomente la haine, pratique le crime, ou enseigne quelque supériorité que ce soit d’un humain sur un autre.

Certaines religions me sont un plus connues, voire plus familières que d’autres. Je connais de grands noms qui les illustrent, des épisodes de leur histoire mais, fondamentalement, je les ressens  comme des langues différentes d’une même expression. La nature des hommes est variée comme l’est leur histoire, un Italien ne parle pas comme un Chinois mais tous je pense ont expérimenté leur part de sacré et l’ont porté à différentes hauteurs.

Je m’exprime un peu abruptement. Grâce au ciel, c’est le cas de le dire,  je ne suis ni Pape, ni grand(e), ni petit(e) mufti(e)* et c’est ce fait de n’être rien qui me permet de tenter d’exprimer ce que je crois entendre. Le Pape François quand il appelle les Chrétiens à ouvrir partout leur porte aux réfugiés n’est pas toujours bien compris, y compris parmi les siens, et un soupçon va vers lui d’accepter que l’Eglise qu’il a mission de conduire puisse perdre de son rôle, de son audience, et, pour certains, de sa puissance. Voir pourtant embarquer, comme Arte nous l’a montré, dans l’avion papal un groupe pressé de réfugiés de tous âges afin d’être accueillis au Vatican m’a paru un message d’une force indépassable.

Le message est double : ouvrez votre cœur et votre porte à ceux qui souffrent  ET au monde qui vient. Le monde qui est (aujourd’hui et plus encore demain) pour partie « sécularisé », pour partie en train de se battre, de s’exclure, de se chasser d’ici ou de là, quand ce n’est pas de s’exterminer. Il est chaque jour composé d’humains plus nombreux, aux conditions de vie plus difficiles, quand elles ne sont pas misérables et surtout tellement injustes.

Ce Pape infiniment concentré dans son expression n’a dit sur le sujet qu’un mot : «Ou on se combat, ou on se parle ». C’est une règle de peu de mots dont chacun a pu faire l’expérience au propre ou au figuré, mais elle vaut plus que jamais pour les religions.  La question dominante n’est plus des différences de dogme, d’interprétation de mots ou de textes ; la Question est bien  « nous combattre ou nous parler » quand il s’agit de la responsabilité de porter, de représenter aux yeux de tant et tant « la part de sacré qui est en l’Homme ».

 

*Concession à l’écriture inclusive en forme de clin d’œil souriant pour rappeler que si les femmes sont juste un peu moins égales dans presque toutes les religions, ce n’est pas ici mon sujet,

NB Ces 2 émissions peuvent être revues pendant toute la semaine. Elles le méritent

 

De la dignité et du respect de la règle

Deux principes s’opposent vis à vis de la Grèce : la dignité et le respect de la règle. Du moins pour ceux qui voient pour ce pays autre chose que des chiffres et s’empressent de vouloir organiser sa sortie de l’Europe.

Ces principes ont d’autres noms : solidarité et responsabilité, droits de l’homme et Droit tout court, en l’occurrence droit européen. J’ai choisi le mot de « dignité » utilisé par le pape François devant le parlement européen pour donner à l’Europe sa valeur cardinale (on ne peut mieux dire..)

C’est donc la dignité qui doit d’abord servir de principe à notre attitude. Elle a ici un double sens : respecter la fierté de ce peuple et de ses dirigeants, la protéger contre un état d’indigence qui ne permettrait plus ni des soins, ni un niveau de vie décent.

Le second principe est le respect de la règle. La Grèce appartient à une communauté (on voudrait pouvoir dire une famille) mais elle ne peut de sa seule décision, même fondée sur une consultation démocratique, s’en exonérer.

La dignité ne devrait pas avoir à s’opposer à l’observation de la règle et cela impose, de part et d’autre, de trouver un accord. Echelonnement du remboursement, réformes durables, redistribution des budgets (quid de l’énorme budget de la Défense ? Quid de l’investissement social de l’Eglise ?..).

Jean-Marc Ayrault disait hier : « il faut trouver un accord à tout prix ». Pas à tout prix sans doute , mais à celui de la dignité des deux parties et de l’adaptation des règles de telle manière qu’elles puissent être respectées.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel