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Au pays des vents et des marées

Mon « spot de vacances » (comme on dit dans le nouveau gascon des plages), c’est ce pays des vents et des marées, le pays de l’incessant dialogue entre l’air et l’eau, le pays de l’éternel fugitif. En quelques secondes, une vague de 3 mètres s’effondre dans un brouhaha de catastrophe, en une heure, l’été prend les couleurs de l’automne, ou inversement, en 12 la plage se couvre de mousse et d’eau vibrionnante,  en 12 autres, elle s’élargit, l’eau recule de vague en vague, comme effrayée d’apercevoir quelque animal capable de la boire d’un trait ; en un instant encore, quand on croyait l’horizon à tout jamais bouché, apparait un petit bateau frêle, joyeux et qui parait n’avoir peur de rien, ou au contraire disparait vers on ne sait quel port, un long pétrolier qui paraissait jusque là non pas longer mais lentement tracer la ligne d’horizon.

Tout est fragile, tout est durable. A quelques détails près, Montaigne dans ses voyages à cheval écoutait ce même incessant dialogue et, comme moi, tentait de s’en remplir et quelquefois d’y répondre. C’est aujourd’hui un roulement profond, une houle à longue portée qui ne se brise qu’à quelques mètres du rivage, auxquels se superposent des bruits de volets ou de toiles qui frappent les murs. Les humains ne paraissent jamais que des éléments extérieurs  : quelques éclats de voix, le coup de sifflet d’un maître nageur, les petits qui cris d’un enfant en entrant dans l’eau. Dans cent ans, dans mille ans peut-être, vents et marées poursuivront leur dialogue que j’aurai depuis longtemps disparu dans les sables mouvants qui nous ensevelissent dans l’inexistence, dans un monde où il n’y a plus ni bruits, ni paroles.

Chaque année, ce retour est à la fois signe de vie et compte la durée de ce qui fut comme de ce qui reste. L’horizon, tant l’ont dit, n’est pas une ligne, mais une suite continue de points d’interrogations sans réponses. La seule, qui n’en est pas une, le Pape François l’a exprimée à sa manière aux jeunes de Cracovie « Nous ne sommes pas au monde pour végéter, mais pour y laisser une trace ».

 

 

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