m

Disparus ou rappelés, les « morts » ne font pas recette

Toujours curieuse de lire dans les quotidiens les rubriques nécrologiques qui y figurent régulièrement. Non pas tant pour y trouver signe de la disparition de quelque vieux copain ou d’une quelconque célébrité. Mais pour en apprécier la rédaction.

Les quotidiens ont chacun leurs spécialités en la matière. Sans conteste, en dehors des publications a caractère confessionnel,  « Le Figaro » rassemble la majorité des « rappels à Dieu ». Les familles qui en expriment comptent de nombreux Louis, Thibault, Maximilien ou Constance. Les générations y sont multiples et dans chacune d’elle, la colonne de leurs représentants témoigne d’une fécondité rassurante et d’alliances estimables où particules et titres ne déparent pas.

Moins connotés et largement majoritaires « le décès », moins souvent « la disparition ». La « tristesse » ou la « grande tristesse » figurent en tête des sentiments exprimés. L’ « immense tristesse » et surtout l’ « immense douleur » concernent surtout des disparus avant le grand âge, bien souvent du fait d’une « longue maladie » ou d’un brutal événement. La douleur exprimée s’atténue un peu pour toucher au simple regret quand le nombre des décennies rend la mort prévisible et permet de se dire « c’est la vie… ».

La mort est rarement exprimée comme telle. Une occurrence ce matin dans la page « Carnet » du Monde. Le défunt travaillait dans le Monde des Lettres et portait le nom de Toussaint, qui n’est pas comme on le croit trop le jour des Morts. Ceci aurait pu expliquer cela…

Cette timidité devant ce mot brutal et terrible de « mort », nous la retrouvons partout. Pas une occurrence dans la loi sur « la fin de vie ». Cet instant très court, cette « aventure horrible et sâle » mais si brève, nous demeurons très prudents à la nommer, sans doute par crainte de l’appeler..

Les morts ne sont pas des morts mais des « défunts » ou des « disparus ». Ils « nous quittent », ils « s’en vont », jamais n’osons-nous dire qu’ils nous sont arrachés ou qu’ils nous abandonnent. Sans doute est-ce la condition pour que l’on puisse affirmer, ou même seulement penser, qu’ils « reposent en paix » et que le « travail du deuil » nous y fera accoutumer.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel