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L’intelligence tranquille d’Emmanuel Macron

Ce matin-là (hier 27 aout) ses deux maîtres à penser furent le poète GK Chesterton et Pierre Mendès France : rien, en apparence, que d’inoffensif. Les a-t-il également convoqués à l’Université d’été du Medef où il parlait l’après-midi ? Le buzz médiatique en tout cas n’ a retenu qu’une sournoise attaque contre les 35 heures..

Commençons par Chesterton que personne n’attendait dans cette assemblée très diverse d’amateurs de politique –comme on dit des « amateurs d’art », ce qui suppose le double sens d’aimer et de connaître- réunis par Gilles Savarysur le noble terroir du Pessac-Leognan, près Bordeaux. Ce vieux poète un peu épais dont on vient de publier la biographie avait eu l’heur de louanger Robinson Crusoë comme un « idéaliste-prosaïque ». Idéaliste, on devine un peu pourquoi, mais prosaïque, tout simplement, parce qu’avant d’embarquer son seul écrit avait été la liste de ce qu’il fallait emporter : 3 jambons, 2 fromages… ».

Macron, économiste en CDD au ministère du même nom, s’est placé sous cette bannière, expliquant quelques pans de sa loi et au delà à la lumière de ces deux vertus en apparence peu faites pour mener bon ménage.

Les professions réglementées qu’il a bousculées ? Malthusiennes ! Des règles faites par les « insiders », ceux qui y ont déjà accédé, pour tenir à l’écart ceux qui, malgré diplômes et volonté, ne peuvent y entrer. Libéralisation des transports en autocar ? Mais ceux qui vont pouvoir ainsi voyager à faible coût prenaient-ils auparavant le TGV ? Que nenni ! Le Pr Macron ne roule pas pour le libéralisme, mais pour la liberté de mobilité, d’accéder, de tenter, de rentrer dans un marché du travail de plus en plus discriminant et cadenassé.

Des 35 heures, qui font aujourd’hui le buzz, il n’a parlé que pour dire que l’on ne devait pas y toucher, que la société s’était adaptée, mais qu’il ne fallait pas détourner le regard de l’échec qu’avait été la notion de « partage du travail ». La France, champion du monde de la concentration du travail sur un nombre d’années court et un nombre d’heures court, a-t-elle mieux résisté pour cela au chômage ? A-t-elle permis à plus de jeunes d’accéder à l’emploi ou tout le contraire ? A-t-elle été moins discriminante envers les moins performants ? Réponse, étayée par les démonstrations lumineuses (et pour autant compréhensibles) d’Elie Cohen : NON.

Bref, tranquille dans ses bottes, souriant comme tous les intelligents, n’agressant ni Pierre, ni Paul, sans forfanterie, ni éclats, le Ministre Macron a dit ce qu’il pensait. Le débat était grand ouvert pour que ceux qui doutent que cette pensée soit la vérité, mais personne ne s’est senti le moins du monde violenté, simplement appelé à penser lui  même et à débattre.

Mendès a fermé la matinée par quelques phrases qui ont clos en leur temps ses « causeries au coin du feu ». Ces causeries n’ont pas duré bien longtemps (Mendès aussi était en CDD), mais pas un Français qui n’en conserve le souvenir. Je cite de mémoire : « l’optimisme, c’est de dire la vérité. Optimiste parce que je crois que là est l’attente de mon pays, que la volonté des Français est que ce pays guérisse, et parce que je suis sûr, qu’en lui disant la vérité, il guérira ».

Je dis souvent qu’au sortir d’un discours politique on doit se sentir plus fort et plus instruit. Je le dis hélas plus souvent que ce n’est le cas. Aujourd’hui, j’ajoute que l’on doit aussi sortir plus confiant et que c’est peut être même l’essentiel. Les intelligents sont nombreux, ceux qui expriment  ce qu’ils ont réfléchi et pensé, sans travesti ni recherche d’effet, ne le sont pas. Emmanuel Macron en fait partie.

 

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel