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Je rentre de Paris retournée comme un vieux sac après l’audition d’un opérateur de jeux en ligne. Nous aborderons, sans doute à la rentrée, le texte qui va légaliser le jeu en ligne et déjà, le débat n’est pas « autoriserons-nous ? » mais « comment améliorer encore les marges de bénéfice des opérateurs ? ».

Ce texte est, je le crois profondément, l’absolu contraire d’un texte fondateur. Le bon mot est sans doute « un texte fossoyeur ». Fossoyeur d’une société qui a cru au travail, à la vertu même quand il s’agissait de s’en défier.

Le jeu en lignes, que rien absolument ne peut contrôler, ni réglementer, malgré l’armée de faux-semblants dont le texte est décoré, va marquer le pas de trop vers la décadence. Le jeu, dans la société à laquelle ce gouvernement prête la main, va avoir un rôle d’importance comparable à celui qu’a eu l’usure dans l’histoire.

Les historiens se souviennent du temps où l’usure était interdite, marquée d’opprobre. Et cette opprobre a été dépassée, ouvrant la porte au système bancaire, mais surtout au capitalisme qui en est la forme la plus achevée.

On s’aperçoit aujourd’hui que si elle n’est pas étroitement réglementée, cette usure devenue capitalisme financier, devient mortelle. Il en adviendra de même du jeu. Beaucoup plus vite, car les moyens qui vont lui être donnés grâce à internet vont emballer la machine et nous aurons grand mal à l’arrêter, si d’aventure quelqu’un en a l’idée.

Lors de notre dernière audition de ce soir d’un groupe d’opérateurs en ligne, pour l’instant illégaux, il n’était pas même question de discuter, d’évoquer les risques, le désastre social, l’addiction, la destruction de vies entières précipitées en quelques semaines dans un surendettement tel qu’aucune vie ne pourra l’éponger.

Tout cela, les opérateurs le savent. Le sujet n’est pas là. Ces « 1 à 3% » de la population qui tomberont inéluctablement dans la dépendance (je cite), ils sont « profondément malades » (je cite encore). Il n’y a pas lieu de les protéger, mais de les appâter, à grande échelle, au plus vite, au meilleur bénéfice. Cette dernière phrase n’est pas une citation, mais une conclusion.

Alors pourquoi cette volonté d’autoriser les jeux en ligne, alors que les autres pays européens résistent et que les pays nord américains déploient leurs efforts pour faire marche arrière ?

Quand on s’interroge, c’est que l’on se répond déjà.

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