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La pauvreté des enfants est, plus que toute autre encore, inacceptable parce que, plus que toute autre, elle apparait comme subie, hors de toute responsabilité de la personne et que l’on devine qu’elle est lourde de conséquences pour l’avenir de ces enfants.

Le taux de pauvreté relative des enfants, tel qu’il est étudié par l’organisme eurostat dans nos 27 pays, apparait comme un marqueur déterminant de l’éfficience des systèmes de protection. C’est aussi un marqueur transversal, touchant à tous les domaines qui définissent la santé sociale d’un pays. Il est pour toutes ces raisons d’un grand enseignement politique.

La France se classe au 11 ème rang des pays de l’UE, avec un taux de 14%, supérieur d’un point au taux de pauvreté globale et au taux de pauvreté des âgés de plus de 65 ans, plaçant dans les deux cas la France au 7ème rang.

Nous faisons donc plus mal concernant les enfants que pour l’ensemble de la population. Et cela malgré un taux d’effort social de 29,8% (part des dépenses de protection sociale dans le PIB) qui nous situe au premier rang, ex aequo avec la Suède.

La comparaison des chiffres et des classements est éloquente et nous interpelle quant à l’efficience de notre protection sociale.

Les causes, comme les conséquences, de ce taux élevé de pauvreté des enfants sont accablantes.

Les causes sont triples ; les deux premières sont sans relation directe avec notre système de protection et avec les prestations familiales pour lesquelles la France se situe au 4ème rang européen
– proportion d’adultes et d’enfants vivant dans des ménages où aucun adulte ne travaille
– nombre de travailleurs gagnant moins que le seuil de pauvreté
– transferts financiers aux familles dans le cadre des politiques familliales et orientation de ces transferts en fonction du nombre des enfants

Les deux premiers points sont ceux où la France pêche le plus. Ils situent la France dans un groupe médian de pays se caractérisant par un marché du travail bloqué pour ce qui est des adultes ne travaillant pas et vivant dans des ménages avec enfants. La France se singularise par un taux de 11% d’enfants vivant dans des familles où aucun adulte ne travaille.

Les conséquences de cet état de pauvreté sont plus effrayantes encore. Résumons-les ainsi : les enfants pauvres deviennent des adultes pauvres et des parents d’enfants pauvres.

Ce déterminisme est étayé encore par le taux élevé d’échec scolaire qui positionne la France dans un médiocre 11ème rang européen. Nul paramêtre ne mesure le « taux d’échappement » à ce déterminisme accablant qui interpelle le politique comme une gifle.

Que retenir principalement de ces chiffres ?

C’est l’emploi, et encore l’emploi et toujours l’emploi qui plombe l’efficience de notre protection sociale et qui sape notre beau rêve d’égalité des chances. Quand on met en place un « plan social » où que l’on supprime pour cause de rentabilité des emplois peu qualifiés condamnant ceux qui les occupaient au chômage, ce n’est pas eux seulement que l’on condamne mais leurs enfants qui, devenant des enfants pauvres, deviennent des enfants à risque élevé d’échec dans tous les compartiments du jeu : école, profession, santé, insertion sociale…

Quelle leçon ? Non seulement refuser ces suppressions d’emploi, mais exiger qu’au contraire on conserve et amplifie nombre de mêtiers dont l’utilité sociale à tous les sens du terme est plus grande que la rentabilité financière. Caissières remplacées par des appareils informatiques, postes d’ASH supprimés dans les hôpitaux, pompistes évincés dans les stations des milliardaires de Total…

La droite a tout faux dans ce domaine, mais la gauche doit revoir sans tabous sa politique sociale pour qu’elle soit plus créative que palliative, plus incitatrice que compensatrice.

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