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Homme de haute culture, Nicolas Sarkozy sait qu’il faut « bien penser pour bien faire ».

Cet adage, multiplement traduit, diversement compris, constitue un des premiers slogans politiques en faveur des « Valeurs ». Tout ancien qu’il fût, il n’a pas échappé au petit Nicolas ni à ses équipes.

Nous ne pouvons agir sans avoir quelque raison pour cela, et plus profondément encore, nous ne pouvons agir sans penser que ces raisons sont bonnes et qu’elles peuvent, voire qu’elles doivent, être érigées en principe de toute action.

Kant bien sûr. Ce qu’il n’a pas dit pourtant, mais il aurait dû : tout homme politique pour être compris doit être capable de dire ce qui l’anime et de mettre son action en perspective de ce qu’il énonce.

Travail, responsabilité, autorité, famille, un poil de laïcité, non pas positive mais sélective, voilà donc ce qui fait courir Sarkozy. Des esprits chagrins diront : ce ne sont pas des valeurs, mais des mots clefs. D’autres plus chagrins encore, ajouteront que ces mots sont assez éloignés de notre belle triade républicaine. Seule la laïcité figurerait utilement comme 4ème mousquetaire au fronton de nos bâtiments publics mais il n’est alors pas certain que les propos du Président sortant au cours de son mandat viennent y satisfaire.

Le travail, instrument d’équilibre et d’épanouissement personnel pour la gauche, a été réduit par ce même Président en 2007 à un moyen de « gagner plus ». Il est aujourd’hui, encore plus gravement, réduit à son coût, qu’il s’agit de diminuer et de diminuer encore, ce qui ne parait pas le plus sûr moyen de le valoriser et de le mieux considérer. « Tout ce qui peut alléger le coût du travail, récompenser l’effort, faire la différence avec l’assistanat, doit continuer à être mis en oeuvre systématiquement » : la logique de la phrase échappe complètement. Est-il question des salaires faramineux des managers de grands groupes qui ont radicalement, douloureusement, dévalorisé le travail de tous les salariés? Que peut penser un ouvrier au smic de la valeur de ce qu’il fait quand, au bout de la chaîne son patron gagne 500 fois son salaire ?

De « responsabilité », je n’ai trouvé trace dans l’entretien « accordé » au Figaro magazine et je n’ai guère le coeur à commenter plus avant ce qui n’est qu’une inscription dans les pas du discours lepéniste. Pour autant, le texte mérite d’être lu parce qu’il est au contraire de ce qu’il affiche et qu’il ne dessine aucune vision ni de la République, ni de la place de l’humain dans cette République. C’est une conversation de dîner en ville entre élitocrates de l’argent et du pouvoir.

Et pourtant des « valeurs », des raisons de penser que les décisions prises sont bonnes, qu’elles vont quelque part, que les efforts demandés ont un sens, il nous en faut. Si le discours du Bourget a si fort marqué les esprits, c’est qu’il en a dégagé deux, l’égalité et la justice, qui l’une et l’autre ont totalement fait défaut au cours des années précédentes.

Je crois que François Hollande gagnera parce qu’il sait susciter la confiance et qu’il sait la porter à un niveau suffisant. Et je crois que nous gagnerons, au delà même des élections, si nous rendons visibles, si nous incarnons, les principes de notre action. Le vieux Kant avait raison.

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