m

L’été va sans dire

Un tout p’tit, tout p’tit, billet pour dire qu’il fait doux, que la journée a été pleine de bonnes choses qui fatiguent et qui vident la tête. L’été décroît déjà , et je ne l’aime pas trop pour cela : à peine il commence qu’il parle de finir, qu’il en donne signe à qui sait lire même le meilleur.

Le meilleur ce soir : l’odeur sirupeuse des fleurs de tilleuls tombées au sol et rassemblées en des gros tas odorants, d’une odeur fine et sucrée, qui va bien avec la fin du jour.

L’été va sans dire, juste en le sentant.

Last exit to decline

Je rentre de Paris retournée comme un vieux sac après l’audition d’un opérateur de jeux en ligne. Nous aborderons, sans doute à la rentrée, le texte qui va légaliser le jeu en ligne et déjà, le débat n’est pas « autoriserons-nous ? » mais « comment améliorer encore les marges de bénéfice des opérateurs ? ».

Ce texte est, je le crois profondément, l’absolu contraire d’un texte fondateur. Le bon mot est sans doute « un texte fossoyeur ». Fossoyeur d’une société qui a cru au travail, à la vertu même quand il s’agissait de s’en défier.

Le jeu en lignes, que rien absolument ne peut contrôler, ni réglementer, malgré l’armée de faux-semblants dont le texte est décoré, va marquer le pas de trop vers la décadence. Le jeu, dans la société à laquelle ce gouvernement prête la main, va avoir un rôle d’importance comparable à celui qu’a eu l’usure dans l’histoire.

Les historiens se souviennent du temps où l’usure était interdite, marquée d’opprobre. Et cette opprobre a été dépassée, ouvrant la porte au système bancaire, mais surtout au capitalisme qui en est la forme la plus achevée.

On s’aperçoit aujourd’hui que si elle n’est pas étroitement réglementée, cette usure devenue capitalisme financier, devient mortelle. Il en adviendra de même du jeu. Beaucoup plus vite, car les moyens qui vont lui être donnés grâce à internet vont emballer la machine et nous aurons grand mal à l’arrêter, si d’aventure quelqu’un en a l’idée.

Lors de notre dernière audition de ce soir d’un groupe d’opérateurs en ligne, pour l’instant illégaux, il n’était pas même question de discuter, d’évoquer les risques, le désastre social, l’addiction, la destruction de vies entières précipitées en quelques semaines dans un surendettement tel qu’aucune vie ne pourra l’éponger.

Tout cela, les opérateurs le savent. Le sujet n’est pas là. Ces « 1 à 3% » de la population qui tomberont inéluctablement dans la dépendance (je cite), ils sont « profondément malades » (je cite encore). Il n’y a pas lieu de les protéger, mais de les appâter, à grande échelle, au plus vite, au meilleur bénéfice. Cette dernière phrase n’est pas une citation, mais une conclusion.

Alors pourquoi cette volonté d’autoriser les jeux en ligne, alors que les autres pays européens résistent et que les pays nord américains déploient leurs efforts pour faire marche arrière ?

Quand on s’interroge, c’est que l’on se répond déjà.

Du commerce du dimanche et de l’apôtre Luc

C’est devant deux parlementaires ump que nous menons ce matin bataille contre le travail du dimanche. Ils n’étaient guère plus nombreux hier lors de la séance de nuit qui s’est terminée à une heure du matin.

Le sérieux des débats n’en est pas moins grand, de notre part au moins. Jean-François Copée a réclamé hier « un vrai débat » lors d’une courte intervention pour s’éclipser peu après et ne plus revenir. Même chose pour Xavier Bertrand qui nous a exhorté à un « débat serein » –ce qu’il était- mais malheureusement, juste arrivé et aussitôt parti, il n’a pu il venait d’arriver et il est reparti aussitôt.

Pourquoi cette désertion ? Une partie de la droite est incontestablement très mal à l’aise ; et tout particulièrement les 56 qui, en décembre, avaient signé dans la presse une tribune pour exposer leur refus du texte. Ils ont été rappelé à l’ordre (une seule tête au dessus de dos courbés), mais se rendent bien compte que la nouvelle version n’est en rien plus bénigne.

Un des deux vaillants présents (le député Jacques Rémiller) est entrain de s’exprimer, je devrais dire de se contorsionner, pour expliquer que le principe du repos dominical persiste et que c’est seulement la pratique que la loi altère !…

Voilà qui fait une belle jambe, si j’ose m’exprimer ainsi, à toutes les femmes qui vont travailler sans en avoir le choix pour vendre des crèmes solaires, des calicots médiocres, des jouets fabriqués en Chine et des vélos au Vietnam, pendant que leurs enfants regarderont la télé dans un appartement trop exigu.

Car ce sont très majoritairement des femmes qui vont travailler le dimanche. Des femmes à salaire médiocre, souvent à temps partiel, qui n’auront d’autres choix que de vendre, ou de tenter de le faire, des produits toujours plus médiocres.

Car, il est probable que la consommation augmente un peu, mais sa qualité fléchira encore car le pouvoir d’achat, lui, n’augmentera pas d’un centime d’euro.

Nous allons, chaque jour un peu plus, au contraire du nouveau modèle de société dont tout le monde comprend la nécessité, ne serait-ce qu’en traversant les rayons de chiffons, objets médiocres, destinés à un usage d’un jour, fabriqués à vil prix, transportés sur de longue distance, que l’on solde et que l’on jette pour les remplacer par d’autres et recommencer, nourrir sans fin cette machine avillissante.

Le deuxième vaillant orateur, l’honorable député Jean Bardet, qui est à l’UMP ce que le nez de Cyrano est à celui de Cléopatre, s’exprime maintenant. A défaut d’argument, il cite l’évangile de Luc « si ton fils ou ton bœuf tombe dans un puits le jour de shabbath, sort le du puits malgré le shabbath ».

Irréfutable !

La seule légère difficulté, c’est qu’aujourd’hui, c’est la société toute entière que le puits engouffre, et il n’y aura bientôt plus grand monde sur la margelle pour l’en sortir.

Travail du dimanche : rebelotte, en pire

Obstination et déloyauté au menu des jours à venir à l’Assemblée. Début, ce matin même.

Le travail du dimanche (en réalité, le commerce du dimanche) est de retour. Là aussi, les intérêts financiers évoqués dans le billet précédent, sont pressants. Pas ceux des Français, ceux-ci ne gagneront pas un centime d’euro dans l’affaire, mais ceux des grandes enseignes qui depuis des mois ouvrent leurs magasins à l’encontre de la loi. Il est de ce point de vue éloquent que l’obstiné rapporteur du texte, Richard Maillé, soit le député du territoire de Plan de Campagne. Richard Maillé, et avec lui l’UMP, est pressé de légaliser l’illégalité.

Déloyauté parce que le texte que l’on nous présente aujourd’hui comme « technique », « a minima », sans péril ni gravité, est en réalité plus lourd de danger potentiels que les trois versions qui l’ont précédé, dont la dernière, piteusement retirée en décembre dernier.

Premier de ces dangers, le périmètre d’applicationde l’extension d’autorisation d’ouverture des commerces aux « zones et communes touristiques » sans autre forme de définition. Mauvaise chance, en commission, notre groupe a essayé d’en savoir plus. S’agissait-il des « communes touristiques » au sens du code du travail (500 communes) ou au sens du code du tourisme (3500 communes et potentiellement, 6000 qui satisfont aux critères) ?

Au passage, ces 6000 communes, correspondent à la moitié de la population de la France, car les plus grosses –dont Paris- y sont incluses.

Deuxième danger, à la fois lié au précédent et plus grave encore. Dans ces zones touristiques, l’ouverture du dimanche est de droit. Ce qui signifie en clair : sans aucune contrepartie pour les salariés (repos compensateur, doublement des salaires) et sans l’obligation du volontariat.

Ainsi, si ce texte est voté, dans toutes les communes touristiques, tous les commerces pourront ouvrir tous les dimanches sans aucun bénéfice pour leurs salariés et sans qu’ils aient besoin d’être volontaires.

Voilà pourquoi, nous avons demandé le temps global maximum de débat, correspondant à des textes d’intérêt exceptionnel, et nous sommes en nombre décidés à une résistance maximale en face d’une droite à la fois divisée mais sévèrement tenue par le Président de la République (qui a convoqué « ses députés » aujourd’hui même à 13 h pour un dernier resserement de boulons).

Derrière l’erreur…

Ce n’est pas tant l’erreur qu’il faut chercher, que le chèque qui est derrière … Je me suis hérissée de fureur, il y a une ou deux semaines en lisant la prescription aux cancéreux faite par David Servan-Schreiber de ne pas boire d’eau du robinet. C’est une imposture scientifique et plus grave encore, une imposture morale.

Un malade atteint d’un cancer est légitimement enclin à suivre les conseils qui lui sont donnés pour l’emporter sur la maladie. C’est une raison de plus de ne pas lui gâcher la vie avec des prescriptions qui ne servent à rien. Il a souvent très largement assez des traitements pour cela. Pas davantage, il ne faut lui faire croire que des traitements supposés, souvent très coûteux, augmenteront ses chances de guérison. Cela s’appelle de la charlatanerie.

Une double imposture scientifique ; d’abord parce qu’un cancer déclaré se moque des pesticides. On peut l’en priver, comme l’en nourrir, sans qu’il progresse ni ne régressse. Ensuite parce que les eaux dans nos contrées n’en sont pas encombrées et son souvent plus saines que l’eau ayant séjourné dans des bouteilles plastiques.

Médecins et scientifiques sont unanimes sur tous ces points.

Alors pourquoi cette prescription de docteur Magibus, alors que David Servan-Schreiber est bien médecin ? Les erreurs de cet ordre sont rarement innocentes et l’amical soutien des vendeurs d’eau en bouteille, dont les ventes diminuent, n’est pas tout à fait à exclure.

Le précédent ouvrage de DSS, prônait la consommation matin, midi et soir, et si possible en se relevant la nuit, d’omega 3. Un mien ami m’a dit (sans autre certitude de ma part) que les droits d’importation des dits produits n’étaient pas tout à fait étranger aux proclamations de leurs vertus bénéfiques.

Les intérêts financiers sont en effet souvent l’alpha et l’omega de bien des attitudes aberrantes, politiques y comprises. Pourquoi fait-on  régulièrement des saisies de drogues mais n’avons-nous jamais connaissance de l’identification d’une filière et de la condamnation de ses chefs ? Pourquoi les villes n’ont-elles de cesse d’augmenter leurs parcs de machines à sous et de rapprocher les casinos des quartiers populaires ?  Pourquoi n’avons-nous pas légiféré contre la publicité des produits gras et sucrés qui fabriquent des petits obèses comme si on les clônait ?

J’ai comme une idée que je vais élargir le parc de ceux qui me trouvent décidément bien méchante.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel