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La première pierre de la refondation

La refondation, ça commence ce soir et je suis en route pour notre Conseil national de crise.

Lieu incontestablement emblématique d’un socialisme voulant refonder ses valeurs : l’hôtel Marriot’s de la rue Saint Jacques à Paris.

Pour le même exercice, les Verts étaient à la Bellevilloise.

Tout est affaire de signe.

Ah, que nous savons bien dire que nous sommes mauvais !

Je sors de la réunion du groupe socialiste à l’Assemblée. Quel talent, quels talents, pour dire bien, très bien, que nous ne sommes pas bons. Si bien, qu’alors que je voulais y aller de mon petit couplet, je me suis tue. Ce que j’ai entendu, je l’ai entendu, toute nouvelle militante, en 2002.

Le (léger) problème est que ces talentueux orateurs sont pour beaucoup des dirigeants de longue date du Parti Socialiste. Les petits nouveaux d’une manière quasi générale se sont tus, à l’exception de notre ami Philippe Plisson qui a ouvert le bal et d’ailleurs été tout à fait excellent.

En un mot, les socialistes sont comme les vieux cliniciens d’autrefois : plus forts dans le diagnostic que dans la thérapeutique.

Aladin et les 40 voleurs du Parti Socialiste

Journée très longue après journée dure. Je rentre à peine du Conseil fédéral ; mangé une ration de survie et je m’accorde un instant avant d’apprêter mes dossiers pour le départ « demain dès l’aube » à Paris.

« Pendant les travaux, la vente continue », et cette journée en effet a été pleine sans discontinuer d’obligations de députée, certaines très importantes comme la visite de Fadela Amara à la Benauge. Je parlerai de tout cela ultérieurement.

Mais notre score d’hier ? Mais notre inquiétude, multipliée par ce que je lis sur mon écran des réactions de nos trentas, quadras, quinquas ? Mais l’analyse posée des chiffres ? Mais l’émotion reçue sur le terrain de ceux qui m’ont dit que « le Parti Socialiste n’avait plus de sens »?

Je ne suis pas depuis très longtemps au Parti Socialiste. Sept ans exactement. Mais avant même d’en faire partie, j’avais la connaissance de ce qu’il représente d’effort, de travail, de sens de la vie, de sacrifices, de joies, d’histoire, d’attentes, de luttes, de camaraderie, d’être ensemble, de faire ensemble, de croire, de vivre encore, d’exister…

Je pourrais en faire plein de lignes et je n’épuiserais pas la force intrinsèque, l’exigence d’exemplarité du Parti Socialiste ; l’obligation où nous sommes de le laisser comme un viatique à ceux qui sont nés avec comme seul capital EUX MÊMES, qu’on leur laisse quelquefois (souvent) gaspiller parce qu’il est plus facile de les divertir que de les instruire, de les plumer que de les porter.

Je n’ai ni la haine, ni la rage, mais une espèce de force interne qui est comme un moteur de chaudière branché sur je ne sais quelle énergie renouvelable : nous avons des valeurs et elles sont saines. Nous devons les porter devant le siècle en ayant pleinement conscience que tout à changé, le langage, la manière de ce que nous appelons « militer » et qu’il faut les ranger en ordre simple, les rendre lisibles à tous pour que tous puissent les enrichir de ce qu’ils ont vécu, nous ranger derrière elles, les incarner en même temps que nous effacer devant elles.

Ce soir, avant d’aller très prosaîquement préparer mon paquetage pour un départ très tôt demain, j’ai soulevé un instant le couvercle de la marmite pour laisser sortir, comme la fumée d’Aladin, ce que j’avais sur le coeur.

Souffrance et révolte

Souffrance et révolte en écoutant les « sondages sortis des urnes », nationaux, Ile de France, Sud Est..

Souffrance de notre incapacité à porter des idées fortes, des grands projets, de les mettre en ligne, comme des petits soldats, de les formuler de manière simple et compréhensible, de manière à ce que , sur les marchés, chacun sache les enrichir de sa propre expérience, selon ce qu’il sait et qu’il connait. Révolte que nous sachions si mal (que nous ne sachions plus) nous ranger nous-mêmes derrière ces petits soldats, nous effacer devant les idées, pour les porter avec nos personnalités, nos talents, notre chaleur, nos compétences, mais en serviteurs de ces idées.

Oui, j’ai entendu de nos responsables dire qu’ils ne bougeraient pas le petit doigt pour ces élections, oui j’ai souffert de disposer de si peu de matériel électoral (tracts, présence de nos candidats..), oui j’ai souffert de voir Jacques Delors se ranger à la tête du comité de soutien de Vincent Peillon au lieu d’agir de tout son poids sur le plan national ; et pire encore de le voir « penser à Juppé » pour remplacer Barroso.

Mon habitude n’est pas de tirer contre mon camp. Ce blog ne porte je crois aucune trace de ces balles-là. Plus que beaucoup, j’ai souffert de la composition de nos listes, de l’éviction de Gilles Savary, je l’ai exprimé clairement, avec autant de force que me donne mon mandat de député. Mais à aucun moment, je n’ai fait de ce scrutin, une arme à usage interne.

A Reims, qui était mon premier congrès, j’ai dit que c’était aussi le dernier. Le dernier sous cette forme, où nous retournons les armes contre nous pour la supposée gloire de l’un ou de l’autre, quand nous nous sabordons collectivement.

J’ai tracté sur mon canton les 800 (huit-cent!) tracts dont je disposais pour 23 000 habitants, avec deux de mes très proches.

Souffrance et révolte. L’une est bien souvent mère de l’autre. Nous ne pouvons pas continuer ainsi.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel