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Pluie battante sur Bordeaux. J’ai le coeur serré en pensant aux dizaines d’enfants qui couchent dans des abris de carton et de planches désunies dans le squat de la Bastide. Nous nous y sommes rendus (3 élues, 2 représentants de médecins du monde) dans l’espoir de faire progresser le dossier. Il n’y a pas de solution simple mais ce que nous avons vu une fois encore ne peut durer. Ci après, notre communiqué de presse .

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Squat de la Bastide : une favela au cœur de Bordeaux

Michèle Delaunay (députée de la Gironde), Emmanuelle Ajon (conseillère municipale et conseillère régionale) et Martine Diez (conseillère municipale et communautaire), accompagnées du de David Bridier, coordonnateur général de Médecins du Monde et du Dr Laurent Sebban intervenant de MDM sur le squat, ont visité vendredi après midi le squat du Gymnase de l’avenue Thiers à la Bastide.

Cette visite fait suite au constat de dégradation du squat lors de la dernière réunion à la préfecture et à l’interpellation des élues par de nombreuses associations et riverains sur l’urgence d’agir pour que ce site n’évolue pas davantage vers un bidonville en dehors des règles et droits communs de notre société.

Actuellement, près de 500 Rroms sont recensés sur l’ensemble de la Communauté Urbaine de Bordeaux et entre 250 à 300, dont prés d’une cinquantaine d’enfants scolarisés, vivent sur les terrains de l’ancienne caserne Niel de la Bastide alors qu’ils n’étaient qu’une centaine en 2009.

Cet immense terrain est partagé en différents lieux d’implantation en fonction de l’origine des familles et de leur date d’arrivée, les plus anciens se partageant les pièces d’un vaste bâtiment en lisière de l’avenue Thiers, les plus récents, venu après leur expulsion du squat de Villenave d’Ornon campant encore dans des tentes à même le ciment. Cet habitat précaire et insalubre est très en deçà d’un état sanitaire acceptable.

Parallèlement, la cohabitation entre les Roms du squat et les riverains de l’avenue Thiers est de plus en plus tendue. Nuisances sonores, débordements dans la rue, accumulation des déchets : autant d’éléments qui inquiètent les habitants et exacerbent les tensions, y compris au sein du squat.

Les élues et les bénévoles de Médecins du Monde sont bien conscients qu’un problème complexe ne peut se résoudre avec des paroles mais qu’il impose de mettre en priorité des données simples : conditions sanitaires, scolarisation des enfants, respect de l’ordre public, solutions durables pour tous ceux qui peuvent y accéder.

Ils soulignent plusieurs points conditionnels d’une amélioration de la situation :

– la nécessité de franchir la barrière de la langue : la traduction est essentielle pour un bon diagnostic, et seul un très petit nombre de personnes affiliées à des associations (Mana, Interférences) sont aptes à servir de traducteur. Le Conseil de l’Europe a financé la formation de traducteurs dont 26 en France, mais à,Bordeaux aucun budget n’est disponible pour financer et/ou former les traducteurs

– La nécessité d’une évaluation sociale itérative . Des personnes qui n’étaient peut être pas à leur arrivée accessibles à un projet d’intégration le sont aujourd’hui mais elles n’ont pas été évaluées dans le cadre de la MOUS. Il est primordial d’assurer des règles de vie, de sécurité et de salubrité publique qui si elles ne sont pas respectées, doivent être sanctionnées comme tout acte de délinquance.

– Une évacuation brutale et globale du squat serait une mauvaise solution. Elle priverait les familles du peu qu’elles ont pu construire ne ferait que déplacer le problème même si il est évident qu’il ne faut pas laisser s’installer un village de planche et de tôle au cœur de la ville.

– L’accompagnement doit être pluri disciplinaire et réalisé par différents acteurs : social, médical, d’accès à l’emploi, éducatif. Médecins du Monde intervient dans le domaine de la santé, mais il manque d’autres acteurs de terrain pour accompagner les familles vers une sortie du squat et vers l’autonomie. Il est aujourd’hui indispensable de prévoir l’intervention de médiateurs, faisant le lien entre des populations très différentes dans leur possibilité et même dans leur volonté d’accès à l’intégration (migrants durables ou en transit)

– Nécessité de création des « terrains de stabilisation » avec un cadre et des contraintes pour sortir de l’état sanitaire actuel et réduire les débordements que l’on constate aujourd’hui dans certains groupes d’occupants. L’ordre public doit être respecté et les manquements sanctionnés.

– Faciliter l’accès à la formation et à l’emploi car le départ du squat passe par le travail et l’autonomie financière. Le travail doit être un levier. A noter qu’il concerne des métiers (saisonniers agricoles, bâtiment souvent en tension et boudés par les autochtones.

– La création de passerelles pour conduire au droit commun en ne stigmatisant pas les rroms par rapport aux autres populations et en cheminant pour les intégrer au même titre qu’elles.

– Avoir toujours comme priorité l’état sanitaire et l’accès aux soins ; les jeunes enfants sont nombreux ; il faut aussi accompagner les jeunes femmes vers la contraception.

– Enfin, il faut garder à l’esprit que tous les enfants sont intégrables s’ils sont soignés et scolarisés. Cela doit être une obsession quotidienne dans le devoir que nous avons vis à vis de cette population laissée pour compte ou mal traitée dans tant de pays depuis tant d’années.

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