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Le vent de l’histoire n’a pas soufflé aujourd’hui entre les rangs de l’Assemblée. J’en suis plutôt triste car comme une bonne nouvelle petite députée, j’aurais aimé que dans cet hémicycle chargé d’histoire, on sente un élan, un engagement, une vision pour la République. J’aurais aimé pouvoir dire de François Fillon : sa vision n’est pas la mienne, mais au moins en a-t-il une, et elle a marqué cette journée.

Rien de cela. Le discours de politique générale du Premier Ministre, exercice important dans le fonctionnement de nos institutions, a été convenu, lu bien souvent comme s’il s’agissait du discours d’un autre. Son contenu a été sans surprises : le programme de Nicolas Sarkozy sans fioritures, ni agréments. On attendait la marque personnelle de Fillon. Ce discours était présenté comme sa chance d’exister relativement à « l’omni-Président ». On espérait un espace d’individualité, où un Fillon réputé plus social que Sarkozy, aurait mis l’emphase sur ses choix, sa patte dans le pot commun.

Après avoir lu la veille au soir « le Monde », annonçant que Fillon s’était absenté trois jours pour préparer son texte et s’en pénétrer, on pouvait légitimement penser qu’il allait donner le plus profond de lui-même et qu’un souffle parcourerait les bancs. Je me souviens d’avoir entendu Fabius dans la même circonstance. J’étais dans ma voiture entre deux hôpitaux. Je me suis arrêtée pour ne rien perdre de ce qu’il disait : il était limpide, inspiré, précis. J’étais restée saisie de la qualité de l’exposé et de la nouveauté du discours. Tout à l’heure en le saluant, j’ai hésité à lui faire part de ce souvenir et je regrette de ne pas l’avoir fait. Timidité ou réserve, comme trop souvent.

A l’opposé, François Hollande a parlé avec beaucoup de force. Non, je ne suis pas partisane et je crois que l’avis à été général. Je n’aurais pour ma part pas demandé mieux que de trouver Fillon bon, convaincant et surtout convaincu. N’est-ce pas le moins qu’on puisse attendre d’un premier Ministre ? Mais non, ce grand oral a été sans souffle, sans portée, sans Histoire.

Comments 4 commentaires

  1. 04/07/2007 at 07:44 christian

    Michèle Delaunay ne va pas devier de la ligne du PS: il vaut mieux critiquer le parti et les hommes au pouvoir que de se remettre en cause.
    La politique a pris un virage, les pilotes du PS gardent leur trajectoire et vont prendre le mur!

  2. 04/07/2007 at 09:13 nelbordeaux

    Si ce remettre en cause c’est accepter la casse de notre sécurité sociale, du droit du travail, de diminuer les prélèvements obligatoires des plus riches pour augmenter ceux des plus pauvres, alors oui Michèle a raison de ne pas devier.
    Un gouvernement qui pronne une TVA "Sociale", la franchise médicale, le contrat de travail unique doit être combatu en effet. Mais effectivement nous ne devons pas faire de l’opposition systématique non plus et je crois que François Hollande l’a trés bien dit hier à l’assemblée nationale.

  3. 04/07/2007 at 13:18 Jean-François

    Où ce fameux changement dont nous bascine l’UMP ? En quoi l’intervention de Fillon diffère de celles de d’habitudes ? Je crains que les lendemains soient très durs pour tous ses électeurs.

  4. 05/07/2007 at 10:05 M.V.

    Il a été dit au lendemain des élections présidentielles, que la France était tombée sous hypnose. Dans une atmosphère ouatée (tampon de chloroforme), devant les mesures annoncées qui vont grignoter et anéantir tout ce que nous avons construit de liberté, de solidarité, d’humanité…, une attitude consiste à dire, pour les plus avertis: "la proposition du gouvernement est floue, mais il consulte, il faut voir, il faut attendre…"; en effet, on ne peut faire de procès d’intention si l’on est un tant soit peu honnête. On est dans l’expectative.
    En même temps, le travail sur l’opinion publique ne faillit pas. Les soutiens du Président de la République n’arrêtent pas de marteler que les Français, selon des pourcentages énormes, dans tous les sondages gages de la démocratie (écoutez Jacques Marseille et Pascal Périneau), veulent, par exemple le service minimum, entrent dans une culture nouvelle du compromis, souhaitent toutes ces réformes promises pour une France plus "moderne"…et des Français plus défavorisés! Il parait même que le Président va organiser un grand concert rock (les jeux du cirque?)
    Ce "Président attrape-tout"(selon Olivier Duhamel) absorbe tous les opposants. L’ouverture brouille les repères, la vision, et a pour but de pfagocyter l’opposition. F.Hollande peut toujours s’indigner à la tribune de l’assemblée Nationale, il n’y a plus personne pour l’entendre. Cela est sans importance, Michèle, que le discours du 1er ministre ait manqué de souffle. C’est le fond qui compte, et les Français l’apprécient.
    Une machine implacable est en marche qui va se nourrir de l’opinion béate.
    N’oublions pas, en principe, c’est l’éducation qui réveille!

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