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Je vais entrer tout à l’heure en séance de nuit pour le texte « droits et devoirs des demandeurs d’emplois » (voir billet précédent). Les droits, pratiquement, se résument à une phrase « le service public de l’emploi s’engage à mettre en oeuvre toutes les actions jugées nécessaires pour faciliter le retour à l’emploi ».

Voilà un énoncé qui ne peut que combler d’aise celui qui se trouve brutalement privé de son travail, de son revenu, de sa raison sociale . Où sont ici les actions que l’on peut considérer comme des « droits » ? Où sont les aides à la mobilité ? Où est le renforcement du service public de la petite enfance pour faciliter le travail des femmes ? Où sont les mesures incitatrices à l’emploi des plus de 55 ans ? Où est le développement de l’accompagnement et de l’accès à la formation ? Où est la moindre mesure qui pourrait servir à quelque chose ?

Dans le temps précis où nous débattons de ce projet de loi, 141 postes viennent d’être supprimés à l’ANPE en Ile de France. L’Unedic, dans le même temps, avoue n’avoir consommé que la moitié du budget dont elle dispose pour la formation et seulement 5% des demandeurs d’emploi ont bénéficié, de sa part, d’un programme de formation.

Le plus grave pourtant est que ce texte de loi est impuissant : il ne créera pas un seul emploi. Le demandeur d’emploi est contraint sous peine de suppression de ses allocations d’accepter dans l’année la deuxième « offre raisonnable d’emploi » qui lui est faite.

Imagine-t-on qu’alors qu’il vient de perdre un emploi pour lequel il est qualifié, deux vont se présenter en quelques mois dans la même qualification ?

Résultat, il sera contraint d’accepter une offre « non raisonnable » (au passage, depuis quand la « raison » fait partie du vocabulaire du droit ?), pour un salaire « au moins à la hauteur du revenu de remplacement ». C’est à dire qu’il doit accepter n’importe quel travail pour ne pas gagner plus que son indemnité de base.

Ce texte va mathématiquement précipiter nombre de demandeurs d’emploi vers l’emploi précaire et le temps partiel. Et au passage fournir une main d’oeuvre bon marché aux secteurs d’activité en tension, secteurs où la politique sociale est déjà la plus faible.

C’est le contraire des principes du Grenelle de l’Insertion, c’est le contraire de la défense du pouvoir d’achat des Français. C’est la machine à fabriquer des travailleurs pauvres.

Je crois que l’on ne mesure pas la gravité des politiques menées aujourd’hui. Le catastrophisme n’est pas mon fort mais on ne peut pas manquer d’ être frappé par l’inefficacité, autre que médiatique, de la gesticulation législative qui nous est imposée.

Nous allons entrer en séance défendre une quarantaine d’amendements mais nous savons que tout est fait (mot d’ordre dans les rangs UMP d’assurer une majorité dans l’hémicycle) pour que rien de significatif ne puisse être obtenu.

Disons-le tout carrément, ce soir j’ai le blues du député d’opposition, plus utile qu’un député de la majorité qui ne sert qu’à avaliser les textes qui arrivent devant ses lunettes, mais ne disposant pas d’outils suffisants pour parer à l’urgence de la situation.

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