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Sud Ouest, le 20 mars 2008

MUNICIPALES. Touchée par le cumul des mandats, Michèle Delaunay démissionne de l’opposition municipale pour rester conseillère générale de Bordeaux 2.

Elle a choisi. Michèle Delaunay a finalement quitté le Conseil municipal pour sauver son mandat de conseillère générale du canton de Bordeaux 2. « C’est d’abord une raison politique. Car c’est un canton chèrement conquis à la droite, en 2004 », précise-t-elle. Ce bastion chabaniste, longtemps tenu par Simone Noaille, n’avait en effet pas basculé à gauche depuis plus de 60 ans. « Ce fut une victoire monitrice de la suivante, aux législatives, sur la 2ème circonscription, estime la députée Michèle Delaunay. Nous aurions donc aimé faire le grand Chelem en remportant aussi la mairie. C’est raté. »

Lors des dernières municipales, les électeurs de Bordeaux 2 ont fortement voté pour Alain Juppé (59%), un score qui a peut-être influencé sa décision. « Ma responsabilité, ayant été élue de manière serrée en 2004, était de ne pas faire prendre le risque à la gauche sur ce canton en provoquant des élections anticipées ».
« Cependant, les dernières élections ne préjugent pas du résultat des prochaines cantonales. Pour les municipales, Alain Juppé a réussi à faire croire qu’il n’était pas si UMP que cela. Au contraire, sur les cantons qui étaient renouvelables, on a observé une politisation plus grande du scrutin, juge-t-elle. De ce point de vue, la gauche a remporté à chaque élection un canton de plus. En 2004, ce fut le 2ème canton, aujourd’hui c’est la victoire de Matthieu Rouveyre sur le 5ème canton. Et je pense que le prochain à basculer sera Bordeaux 4 ».

L’intérêt du groupe

Un temps indécise quant à l’abandon de son mandat municipal, Michèle Delaunay assure avoir arrêté son choix, à la suite d’une « décision collective ». « Je n’ai pas eu dans cette histoire de stratégie personnelle. Face à la victoire d’Alain Juppé, nous devons solidariser la gauche à bordeaux. Si je quittais le canton, il y avait un risque. A l’inverse, en partant de l’opposition municipale, je permet la remontée d’un élu vert, ne fragilisant pas ainsi l’opposition ».
Le retour de Patrick Papadato (Verts) a d’ailleurs généré l’accalmie après un début de tempête. Les Verts avaient prévenu : le maintien de Michèle Delaunay au Conseil municipal serait vécu comme un « casus belli ».
« Je n’ai pas du tout apprécié cette menace, répond-elle. Nos accords ne portaient que sur deux postes à la CUB pour les Verts, et sur la démission d’Alain Rousset et des quatre membres de la société civile. J’aurais donc préféré qu’ils aient une réaction de dialogue ».
Une mise en garde qui a laissé plané le soupçon d’un vote en faveur d’Alain Juppé à la CUB. « Je crois que Pierre Hurmic est trop responsable pour faire courir un tel risque à la gauche », espère-t-elle.

Quitter le navire

Si elle abandonne les bancs du Palais Rohan, Michèle Delaunay n’entend pas baisser pour autant les armes face à Alain Juppé. « Le fait d’avoir une conseillère générale de gauche sur le canton de Bordeaux 2 est un véritable aiguillon pour la municipalité. Je ne quitte donc pas le navire », assure-t-elle.
« En accord avec Jacques Respaud, je vais d’ailleurs rester très impliquée dans ma collaboration avec les groupes de l’opposition municipale. Ne serait-ce que parce qu’en additionnant mon canton et ma circonscription, mon territoire recouvre les deux tiers de Bordeaux ».
« Il me reste à prendre le dernier tiers de Bordeaux, dans six ans », sourit-elle. En effet, ne manque à son tableau de chasse que le siège d’Alain Juppé au Palais Rohan.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel