Et si le changement, c’était déjà un tout petit peu maintenant ?
Retour de terrain. La campagne est en train de changer. Il me semble (je dis bien : il me semble) que l’atmosphère n’est déjà plus tout à fait la même. Que les attentes, les espoirs, ces certitudes intérieures inavouables, presque inconscientes qui font que nous nous répondons avant même d’avoir posé les questions, ont commencé de changer de camp.
Juppé se tait au lieu de donner le coup de collier final dans la campagne de Sarkozy. Les gens recommencent de traverser la rue pour me serrer la main comme après ma victoire de 2007. Ce sont des baromètres incertains, les seconds surtout, mais ils relèvent de cette couche infra-consciente du cerveau qui a, plus qu’à son tour, le dernier mot quand on se retourne sur l’avenir déjà passé.
Dans les boîtes aux lettres, Hollande l’emporte à 10 contre 1 sur Sarkozy. Cela par contre ne veut rien dire du résultat, mais de l’état d’esprit des militants, ou des consignes qu’ils reçoivent. On ne peut qu’être lourdement interrogé qu’une semaine après le battage médiatique accompagnant la parution de LA « lettre aux Français » de Sarkozy, ses 33 pages, son liseré bleu-blanc-rouge, le flon-flon de son appel aux valeurs, personne ne l’ait encore trouvé à Bordeaux, ville du numéro 2 du gouvernement, dans sa boîte ni sur les marchés. Nul Ministre non plus pour en commenter les mérites alors qu’ils se sont tous répandus sur les risques insensés du programme de Hollande. Curieuse conception du soutien à son camp.
Que se passe-t-il ? Début de rétropédalage des soutiens de Sarkozy, qui joueront demain les conseillers que l’on n’a pas écoutés et les rédempteurs de la droite ? Attente d’un événement nouveau, retournant les pendules et les sondages?
Il me semble que c’est bien tard. Les « coups de filet » électoraux n’ont servi à rien. La provocation des boucheries halal, non plus. Une guerre interplanétaire ou un embrasement des banlieues ne me paraissent plus pouvoir creuser l’écart. Restons-en donc au bon sens, à l’examen des programmes, à la réflexion intérieure.
C’est dans les mains de chaque Français qu’est le destin de la France et c’est une bonne nouvelle.