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Après l’association de défense du point virgule, la société des amis de la perluette, j’invite tout un chacun à rejoindre la ligue de défense du tweet.

Ce matin-même, 27 décembre, mon ami de trente ans (davantage..) Jean-Claude Guillebaud, décoche dans Sud Ouest une flèche à cette petite forme littéraire, multi-séculaire en vérité. Pensées, maximes et même proverbes, sont-ils de fait autre chose que des tweets qui ont réussi et traversé l’histoire ? Chamfort, Vauvenargues, Cioran, ont-ils jamais écrit autrement qu’en tweets ? Tweets chics, tweets austères, j’en conviens, nés de la culture latine, langue du tweet s’il en est, à la fois dans sa forme et sa structure. Twittare humanum est, cher Jean-Claude et je sais que fin amateur de l’écrit, vous n’en disconviendrez pas.

Mais mon sujet est tout autre, dicté par votre billet de ce jour dans notre quotidien régional. Non, le tweet n’est pas le vil produit de la dictature de l’instant. Méprisable parce que bref, volatile parce qu’irréfléchi. Un de mes vieux maîtres de médecine, né dans un temps ou le bel usage du français avait encore cours en cette science, concluait ses exposés quand il les jugeait trop prolifiques : « Excusez-moi, mais je n’ai pas eu le temps de faire court ».

Le tweet donc, du moins son bon usage, n’est pas une exclamation immédiate, un petit cri irréfléchi, ou du moins pas que cela. Il peut être une flèche, indiquant un chemin, et les bons tweets sont des panneaux indicateurs qui dirigent soit vers l’ « actu » , soit sur le chemin de la réflexion ; qui conduisent à un lien; qui incitent à lire un texte, un article, qu’on aurait pas eu l’idée d’aller voir ou le temps de découvrir dans la profusion de ce qui est publié.

Combien d’articles m’auraient échappé si je n’avais été abonnée au @gardian , à @limportant_fr , à @lopinion_fr  ou au @huffpost ? Combien de billets de blog (hélàs, de plus en plus rares) auraient manqué à me faire lever l’oreille  si un tweet ne m’avait menée à leurs auteurs ?

Et, bien que ce soit l’exception, combien de liens n’aurais-je pas noués avec de drôles de gens, comme par exemple des journalistes, retweetant un de mes tweets comme on ferait un clin d’oeil et comme je le fais moi-même de leurs tweets quand il me font rire ou m’interpellent.

Donc, cher @jeanbrunsac (car c’est sous ce nom mauriacien que vous vous cachez pour twitter), je vous invite, avec tant d’autres à rejoindre la LDDDT, société sinon savante, pas forcément toujours sachante, mais si agréable dans son goût, à l’instar de Montaigne, de procéder quand il convient « par sauts et gambades », joyeusement, sans s’imposer, juste pour faire signe comme je le fais à l’instant à votre adresse.

Comments 2 commentaires

  1. 28/12/2015 at 12:30 Michèle Delaunay

    Voilà, à l’instant confirmé, tout le bien que j’ai dit du tweet ! Un twitto, @ctrivaille écrit « mais « je n’ai pas eu le temps de faire court » n’est ce pas de Pascal ?
    Cela me semblait en effet possible et je me suis mise à chercher. Mais Christophe Trivaille a trouvé avant moi et publié un lien avec « la République des lettres » où un extrait des « Provinciales » confirme l’origine de la citation de mon vieux maître en médecine.
    Un petit moment de bonheur complice !

  2. 30/12/2015 at 10:06 Michele

    Mieux encore que dans mon commentaire précédent : ce sont deux twittos, Alice et christophe qui ont soulevé la question de la paternité de Pascal sur la citation de mon vieux maître : ils se sont répondus l’un à l’autre en même temps qu’à moi ; et voilà si j’ose dire une paire de nouveaux amis !

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